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Stormy Daniels // Source : Capture d'écran Youtube
Société

« Je sais que je n’ai pas dit non, mais je sais aussi que je n’ai pas dit oui » : Stormy Daniels se livre dans Vogue US

Alors que Donald Trump a comparu, mardi 4 avril, devant le Tribunal de New York, qui a retenu 34 chefs d’accusation à son encontre, Stormy Daniels, avec laquelle il aurait eu une liaison avant d’acheter son silence, a raconté sa version des faits dans un long entretien pour Vogue US. Un témoignage mêlant pouvoir et pression, qui interroge sur les frontières du consentement.

Une première. Mardi 4 avril, l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, a été inculpé par le Tribunal de New York pour trois affaires de paiements illicites, effectués pendant la campagne présidentielle de 2016. Il est accusé d’avoir acheté le silence de son ancien portier, qui affirmait avoir des informations sur un enfant caché, d’une ex-maîtresse et de Stormy Daniels, actrice pornographique avec qui il a eu une liaison en 2006. Cette dernière s’est livrée dans un grand entretien pour Vogue US, paru le même jour que la comparution new-yorkaise.

Si faire signer des clauses de confidentialité n’est pas illégal, Donald Trump a renseigné ces trois dépenses en tant que « frais juridiques » dans les comptes de son entreprise, la Trump Tower. « Or, elles pourraient correspondre à des dépenses de campagne. Il fait donc face à 34 chefs d’inculpation pour « falsifications de documents comptables » » expliquent nos collègues de BFMTV.

En effet, dès lors que ces paiements ont eu lieu en pleine campagne présidentielle, et dans le but de lisser l’image du candidat, la justice peut juger qu’ils ont influencé le vote. Puisque Donald Trump a plaidé non-coupable, un procès doit s’ouvrir dans les mois à venir.

Vogue US donne la parole à Stormy Daniels

Tandis que tous les micros étaient tendus vers l’ancien président à la sortie de sa comparution, le magazine Vogue US a publié un long entretien avec Stormy Daniels. Celle dont le témoignage a longtemps été ignoré ou discrédité, revient sur ce chèque reçu de Donald Trump, dans un contexte qui lui est aussi flou que pour le reste de l’opinion publique. Prendre la parole est pour elle aussi une manière de lutter contre l’image stéréotypée de « star du porno en recherche d’attention médiatique, de croqueuse de diamant prête à tout pour faire tomber un des hommes les plus puissants du monde », cliché qu’on lui colle bien souvent à la peau. Elle en paie aujourd’hui toujours les frais et continue de recevoir de multiples menaces de mort des soutiens de l’ancien président.

Mais au-delà de cette affaire de don dissimulé se trouve surtout le récit d’une nuit, et d’une minute d’absence. Si elle refusait jusqu’alors d’être catégorisée comme « un autre cas d’étude #MeToo », ne se considérant pas « victime », l’actrice a raconté dans Vogue US ce court moment de vide, ce trou de mémoire qui n’a duré que 90 secondes. Assez pour semer le doute dans son esprit, quant à la teneur réelle de cette soirée.

« Je sais que je n’ai pas dit non, mais je sais aussi que je n’ai pas dit oui »

Nous sommes en 2006, lorsque le chemin de Stormy Daniels croise celui de l’homme d’affaires lors d’un tournoi de Golf. Ce dernier l’invite à diner, elle le rejoint, pensant qu’ils mangeraient dans l’un des restaurants du complexe hôtelier où Donald Trump loge. Mais, le futur président a d’autres plans en tête.

Il l’accueille en pyjama, dans sa chambre. Rien de foncièrement alarmant, rapporte-t-elle. Cette suite a plutôt des allures de grand appartement, avec une salle à manger luxueuse, il ne serait pas incongru de commander un room service et de profiter des prestations du lieu. Elle lui demande de se vêtir (sur le ton de l’humour), il obtempère. Le dîner se déroule sans esclandres. Donald Trump lui pose des questions sur son métier, lui fait miroiter la possibilité de faire une apparition dans son émission de téléréalité The Apprentice

Jusqu’à ce point de bascule, qui laisse place à la sidération :

« À un moment donné, après avoir discuté pendant quelques heures, je me suis levée pour aller aux toilettes, se souvient-elle. Puis, je ressors, et c’est comme s’il y avait 90 secondes qui n’existaient plus. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je me tiens là, dans l’ouverture de la porte, et tout à coup, il est en sous-vêtements, faisant la pire imitation de Burt Reynolds au monde, et – c’est ce que je n’arrive pas à comprendre – je ne sais pas comment j’ai quitté l’embrasure de la porte et me suis retrouvée sous lui dans le lit. » Elle s’arrête, fait le point. « Je me souviens d’avoir pensé : son garde du corps est juste devant cette porte ; que se passe-t-il si je le frappe ? Est-ce que ce garde du corps va rentrer et me faire du mal ? Je me rappelle qu’il m’a dit : « Vous avez envie de retourner dans votre parc à roulottes ? » « Elle s’arrête à nouveau. « Je n’ai jamais dit que je vivais dans un parc à roulottes… J’ai juste dit que nous étions pauvres. […]

Je ne me souviens pas d’avoir enlevé mes chaussures, poursuit-elle. Et c’est ce qui me dérange. Parce qu’il s’agissait de chaussures dorées, avec des boucles – un peu pénibles à enfiler et à enlever, vous voyez ? Je sais que je les ai enlevés puisque j’ai dû les remettre. Je me rappelle précisément les avoir remises car je voulais partir.

Je sais que je n’ai pas dit non, ajoute-t-elle. « Mais je sais aussi que je n’ai pas dit oui. Je n’ai pas été menacée… Je ne sais pas. Je ne sais tout simplement pas. »

Vogue US « Stormy Daniels on the Trump Indictment and What Really Happened in That Nevada Hotel Room », 4 avril 2023

À lire aussi : Survivante de violences sexuelles, j’utilise mes souffrances pour cheminer vers la résilience

Comme Vogue le relate très bien, le témoignage de Stormy Daniels est la démonstration même de la manière dont pouvoir et consentement peuvent s’imbriquer, jusqu’à flouter, même pour la victime, ce qui relève ou non de l’abus et de l’agression sexuelle. Le mouvement MeToo, dans son incarnation première post-Weinstein l’a bien montré.

Pour autant, Stormy Daniels n’a pas été appelée à témoigner par le tribunal de Manhattan, et sa parole reste, aujourd’hui, largement ignorée. Et elle n’est pas la première à élever la voix pour dénoncer les agissements de l’ancien président.

Mais, impunité oblige, le procès intenté à son encontre ne portera pas sur ces accusations de violences sexuelles.


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