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IVG : un an après l’abrogation de Roe vs. Wade, l’heure est au bilan

Le 24 juin 2022, les juges de la Cour suprême états-unienne, révoquaient l’arrêt Roe vs.Wade, qui garantissait jusque-là le droit à l’IVG sur le sol américain. Un an plus tard, où en sommes-nous ? Bilan.

C’était il y a tout juste un an. La Cour suprême des États-Unis révoquait l’arrêt Roe vs. Wade garantissant constitutionnellement le droit à l’IVG. Cette décision, tristement historique, annonçait alors un retour en arrière monumental pour le pays, et octroyait à chaque État la possibilité d’abroger ce droit fondamental sur son sol. Une vingtaine d’États conservateurs sautaient alors sur l’occasion pour interdire dans la foulée l’IVG. Et la dégringolade était loin de s’arrêter là.

Cliniques fermées, santé des patientes en péril, guerre idéologique et médicale : chaque jour, des récits émaillant l’actualité illustrent un peu plus la fragilité de ce droit fondamental aux États-Unis… et ailleurs.

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Des interdictions en cascade

Le 24 juin, la Cour Suprême passe donc à l’acte. Cela fait des mois que le doute plane, que l’idéologie conservatrice gagne du terrain à mesure que les droits des femmes en perdent. Dans la foulée de cette décision, une dizaine d’états soudainement investis du droit à disposer du corps de leurs habitantes, choisissent de leur interdire tout bonnement l’accès à l’IVG.

À J+1, la liste est déjà bien trop longue : l’Alabama, l’Arkansas, l’Idaho, le Kentucky, la Louisiane, le Mississipi, le Missouri, l’Oklahoma, le Dakota du Sud, le Tennessee, le Texas, la Virginie-Occidentale et le Wisconsin ne reconnaissent même plus l’exception pour viol et inceste, comme le rapporte le New York Times.

D’autres états, comme la Géorgie ou l’Arizona, leur emboîtent le pas, en abaissant le délai pour recourir à l’avortement, parfois jusqu’à 6 semaines (alors que certaines personnes ne savent même pas encore qu’elles sont enceintes à ce moment-là !).

Dans l’Indiana, le Wyoming, l’Ohio et le Montana, l’incertitude prévaut à ce jour, alors que des lois visant à restreindre l’accès à l’IVG sont pour l’instant bloquées au tribunal.

Aujourd’hui, l’avortement ne reste légal que dans 27 états : l’Alaska, le Kansas, le Nebraska, le New Hampshire, la Caroline du Sud, la Virginie, Washington D.C, la Californie, le Colorado, le Connecticut, le Delaware, Hawaï, l’Illinois, le Maine, Maryland, le Massachusetts, le Michigan, le Minnesota, le Nevada, le New Jersey, le Nouveau-Mexique, New York, l’Oregon, la Pennsylvanie, le Rhode Island, le Vermont et l’Etat de Washington.

Certains d’entre eux, fort heureusement, ont même renforcé leur arsenal juridique pour protéger ce droit sur leur territoire. C’est le cas par exemple, du Colorado, qui l’a inscrit dans sa constitution.

Les avortements légaux en chute libre

Mais rien n’y fait. Le 28 octobre 2022, l’organisation américaine Society of Family Planning publie son rapport « We Count », et révèle le déclin drastique du nombre d’avortements légaux aux États-Unis depuis l’abrogation de Roe v. Wade. La baisse se chiffre alors à 10 670 sur l’ensemble du pays, soit une diminution d’environ 6% entre avril et août 2022. À l’époque, sur les 13 États ayant alors sévèrement restreint ou interdit l’IVG, 22 530 avortements de moins ont été pratiqués en l’espace de seulement deux mois.

Mi-juin 2023, de nouveaux chiffres dévoilés par l’organisation, viennent confirmer la baisse : le nombre moyen d’avortements dans tout le pays entre juillet 2022 et mars 2023 est de 79 031, soit 3,3 % de moins qu’en avril et mai 2022, période où l’on comptait 81 730 avortements par mois. Il faut dire que 42 établissements pratiquant l’IVG ont mis la clé sous la porte en 2022, contre 20 en 2021, comme le rappelle un rapport publié par Abortion Care Network (ACN) en décembre. Ces établissements pratiquent 55% des avortements aux US.

De nombreuses états-uniennes sont donc contraintes de voyager loin pour avorter en toute sécurité, quand elles en ont les moyens financiers. D’autres, risquent leur vie et se voient trop souvent privées de leur droit alors même que leur grossesse constitue un risque certain pour leur santé.

La pilule abortive, au cœur de la bataille autour de l’avortement

La bataille juridique gagne aussi le champ pharmaceutique. Début avril, un juge conservateur texan tente de suspendre la mise sur le marché de la mifépristone, la pilule abortive permettant aujourd’hui 54% des avortements aux États-Unis. La raison ? Contre tout consensus médical, ce dernier juge qu’elle présenterait un danger potentiel pour la santé des patientes et que son processus d’approbation aurait été bâclé à des fins politiques lors de sa mise sur le marché dans les années 2000.

Saisie, une cour d’appel à la Nouvelle-Orléans choisit, par la suite, de maintenir le médicament, mais d’en réduire très fortement l’accès, en soumettant son obtention à une consultation médicale préalable et obligatoire, et en réduisant le délai d’accès légal à 7 semaines contre 10 auparavant. Le gouvernement de Biden fait appel, et la Cour Suprême décide finalement de lui accorder un sursis.

Ce verdict offre alors une respiration bienvenue dans le combat pour l’accès à l’avortement. Mais il ne peut constituer une victoire, comme le rappelle le Planning Familial pour qui cette « bonne nouvelle » ne doit pas faire perdre de vue le fait que « l’accès à la mifépristone n’aurait jamais dû être menacé en premier lieu ».

Le combat se poursuit d’ailleurs sans relâche. La preuve samedi 24 juin 2023 : pour la date anniversaire, des milliers d’États-uniennes sont descendues dans les rues du pays défendre leurs droits et réaffirmer puissamment leur refus face à ces lois injustes.

Un an plus tard, les droits des États-uniennes sont donc toujours autant menacés. Une situation qui devrait nous inciter à redoubler de vigilance outre-atlantique.


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