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Pilule abortive : face aux menaces de suspension, Biden tient la barre

Le 10 avril, l’administration Biden a fait appel suite à la décision d’un juge texan de suspendre la mifépristone, l’un des deux médicaments utilisés dans les IVG médicamenteuses aux États-Unis. Saisie, la cour de la Nouvelle-Orléans a, à son tour, tranché : elle compte durcir les conditions d’accès à la pilule abortive. Mais les démocrates n’ont pas dit leur dernier mot.

Le 7 avril, les États-Unis basculaient dans une bataille juridique et idéologique autour de l’accès à la mifépristone, un stéroïde synthétique fréquemment utilisée comme abortif en début de grossesse, suite à la décision d’un juge fédéral conservateur visant à suspendre sa distribution sur l’ensemble du territoire. Quelques jours plus tard, le gouvernement de Biden déposait un recours auprès de la Cour fédérale d’appel de la Nouvelle-Orléans, l’enjoignant de garantir l’accès à ce médicament crucial dans un climat de backlash intense.

La mifépristone restera accessible, mais sous conditions

Jeudi 13 avril, la cour néo-orléanaise, majoritairement conservatrice, a donc rendu son verdict. Contrairement à la décision du juge texan, la mise sur le marché de la pilule resterait autorisée, mais le chemin pour s’en procurer deviendrait extrêmement ardu.

En effet, la cour a énoncé plusieurs conditions contraignantes, qui constitueraient des freins majeurs à l’accès au médicament : l’obtention de la mifépristone sera soumise à une visite préalable dans un cabinet médical pour se voir remettre une ordonnance (alors qu’il est possible actuellement de recevoir le médicament par la poste), et sera limitée aux sept premières semaines de grossesse (contre dix actuellement). La décision, qui doit entrer en vigueur dès ce vendredi, marquerait un véritable retour en arrière.

Joe Biden saisit la cour suprême

Le soir même, le gouvernement de Joe Biden a annoncé saisir la Cour suprême américaine, afin de contester les nouvelles restrictions imposées par les législateurs de la Nouvelle-Orléans. Le gouvernement s’est dit prêt à « défendre le jugement scientifique » de l’Agence américaine des médicaments (FDA), qui a autorisé la mise sur le marché de la mifépristone, voilà plus de 20 ans.

En effet, l’argumentaire du juge texan à l’origine de ce désastre s’appuie sur l’idée que la mifépristone présenterait un risque pour la santé, et que le processus ayant mené à son approbation en 2000 aurait été bâclé pour servir des intérêts politiques pro-IVG. Ironie absolue, quand on voit aujourd’hui l’instrumentalisation de ce médicament dont la suspension servirait les objectifs politiques et idéologiques des conservateurs.

La saisine de la cour suprême est un pari risqué : six des neuf juges qui y siègent ont été nommés par des présidents républicains. C’est d’ailleurs cette même institution qui a annulé en juin dernier l’arrêt Roe v. Wade, qui garantissait jusqu’alors constitutionnellement l’accès à l’avortement, ouvrant la voie à une vague de restrictions appliquées localement à travers le pays. L’avenir de la mifépristone est donc plus que jamais incertain.


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