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Ils remplacent, certes, les sacs en plastique, mais les tote bags posent d’autres soucis écologiques

Nécessitant une consommation intensive d’eau, de pesticides, parfois du travail forcé, le tote bag peine également à être recyclé. La promesse écolo fait long feu.

On ne compte plus les tote bags qui s’accumulent dans nos placards, offerts à tout va au moindre achat. D’un point de vue marketing, c’est une arme de promotion redoutable puisque ce petit sac en toile de coton permet à la fois à une marque de donner l’impression qu’elle se soucie de la planète, et de faire sa publicité sur le dos (ou plutôt l’épaule) de ses clients qui le porteront publiquement.

Dans la solitude des champs de (tote bags en) coton

Sauf que l’utilisation de ces cabas en coton ressemble un peu trop à celle des sacs en plastique à usage unique qu’ils étaient pourtant censés remplacer… On en reçoit et cumule tellement qu’on peine à les réutiliser, et qu’on n’aurait pas trop d’une seule vie pour rentabiliser leur impact environnemental.

C’est ce que souligne un article du New York Times daté du 24 août 2021, qui titre carrément sur une crise du tote bag. Il cite notamment une étude de 2018 du ministère de l’Environnement et de l’alimentation du Danemark qui a mesuré qu’il faudrait qu’un fourre-tout en coton bio soit réutilisé au moins 20.000 fois pour compenser son impact global de production. Soit une utilisation quotidienne pendant 54 ans ! Alors je vous laisse faire le calcul insoluble si vous détenez plusieurs tote bags.

On l’oublie parfois mais le coton représente une matière première particulièrement gourmande en pesticides, et nécessite énormément d’eau même en agriculture biologique. En plus, sa culture s’avère souvent liée à du travail forcé — de l’esclavage sous la colonisation aux Ouïghours du Xinjiang en Chine qui produisent 20% du coton mondial aujourd’hui, un continuum de violence entoure cette matière si utilisée dans la mode en général et pour les tote bags en particulier.

Même leur fin de vie pose plusieurs problèmes puisque seulement 15% des 30 millions de tonnes de coton produites chaque année finissent dans les dépôts textiles. Sauf que les recycler n’est pas chose aisée : les impressions faites sur les cabas en toile de coton procèdent souvent de sérigraphie en PVC non-biodégradables et difficilement recyclables… Sans compter que le processus même de recyclage s’avère énergivore, évidemment, donc l’incinération apparaît vite comme l’option du moindre mal.

Il n’y a pas de matières miracles, alors réfléchissons à nos usages

De Charybde en Scylla, faut-il en revenir pour autant aux sachets plastiques ? C’est évidemment plus compliqué que ça : en plus de nos affaires, ces deux options savent aussi transporter leurs lots de problèmes.

Là où le coton consomme trop d’eau et provient parfois de travail forcé, les plastiques sont issus de combustibles fossiles, émetteurs de gaz à effet de serre, et polluent les océans faute de pouvoir s’y biodégrader. Tenter la comparaison revient donc à conclure qu’il n’y pas de matière première miracle.

Même pas le bio, puisque, comme nous l’expliquait l’experte Nathalie Lebas-Vautier dans le podcast mode Matières Premières, il y a beaucoup plus de marques qui déclarent utiliser du coton bio que de production réelle — signe qu’il y a anguille sous roche, ou plutôt pesticide sous fleur. D’autant que cette production s’avère trop faible pour répondre à la demande mondiale, et qu’il vaudrait peut-être mieux se servir du coton bio pour créer des sous-vêtements portés à même la peau plutôt que des tote bags qui ont si vite fait de dormir dans nos fonds de placards.

Outre la possibilité d’alternatives de tote bags en chanvre ou en lin, cultures moins consommatrices en eau, en pesticides, et plus locales depuis la France, les pistes de solutions pour limiter au mieux la casse se trouvent finalement du côté de nos habitudes et usages.

Aux marques d’arrêter d’en offrir à tout va pour le moindre achat, d’une part, mais aussi à nous de les refuser parce qu’on en aura ramené un à nous qu’on pourrait tout aussi bien utiliser ! Et pourquoi pas les réutiliser afin de créer d’autres objets comme des tawashi (une brosse à récurer pour le nettoyage humide telle une éponge, populaire au Japon, facile à faire en DIY à partir de chutes de tissu) ?

En fin de compte, on en revient toujours aux mêmes préceptes pour mieux respecter la planète : réduire, réparer, réutiliser, recycler, et réinventer. 

À lire aussi : Le reboot de « Gossip Girl » en dit long sur la mode : fini la course aux it-bags, vive la seconde main


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

10
Avatar de Margay
26 août 2021 à 18h08
Margay
@AprilMayJune je suis d'accord avec toi sur le fait que l'action ne doit pas être individuelle mais systémique. Mais, pour te citer : "créer et d'encourager des systèmes économiques différents" qui va faire ça et comment ?? ça démarre où la construction d'un autre système économique ?

Question vote, il y a des listes citoyennes qui se pose cette question (Nantes en commun à Nantes, mais il y en a dans d'autre ville, et pas forcément des grosses villes. Ca peut même être plus facile dans des petites communes).
Sinon, il y a des assos/groupes qui tentent des choses. Le low-tech lab par exemple, ou Alternatiba, les Amis de la Terre, Attack. Les suivre sur les RS permet d'être au courant d'évènements qui permettent de rencontrer du monde ou d'autres assos plus locales (souvent en lien avec l'alimentation par exemple, avec des assos qui vont avoir des terres et faire des appels ou des évènements autour de la production alimentaire), de voir des conférences ou participer à des ateliers. Il y a des groupes militants aussi, ANV COP21, Extinction Rebellion, Greenpeace. Globalement, il suffit de mettre le pied dedans pour rencontrer du monde, être au courant d'évènement et voir ce qui se fait dans sa ville, puis trouver ce qui nous plait le plus
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