« Une photographie des LGBTIphobies subies en France ». C’est en ces termes que SOS homophobie présente chaque année son rapport, lors de la Journée internationale contre l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie.
À partir des 1515 témoignages recueillis au cours de l’année 2021 (notamment grâce à une plateforme d’aide en ligne), l’association parvient à dresser plusieurs constats sur les manifestations de LGBTIphobies dans la société française et sur leur évolution.
Si la baisse observée en 2020 se poursuit, SOS homophobie l’analyse comme une conséquence de la situation sanitaire. Les confinements et épisodes de couvre-feux ont provoqué un déplacement des situations de discriminations, notamment dans la famille et l’entourage proche.
Les contextes d’agressions, d’insultes et de rejet qui arrivent en tête sont les LGBTIphobies en ligne, suivies par la famille.
« Si le nombre de cas les illustrant s’avère moins important que celui des années précédentes, leur nature ne suggère en rien une diminution des violences. Bien au contraire. Les agressions se font plus violentes, plus récurrentes, laissant les victimes profondément bouleversées dans leur relations à l’autre et à elles-mêmes. »
Des jeunes LGBTI particulièrement vulnérables
L’année 2021 est marquée par plusieurs phénomènes, notamment la prégnance des LGBTIphobies auprès des jeunes. C’est notamment chez les jeunes bisexuels que cela est observé :
« C’est le constat alarmant de l’année 2021 : la proportion de victimes mineures de biphobie atteint presque 30 % des cas, alors qu’elle s’élève à 10 % sur l’ensemble des LGBTIphobies recensées. Des ados expriment notamment leurs angoisses vis-à-vis du coming out. Iels craignent d’être incompris·es voire frappé·es et jeté·es à la rue par leurs parents. »
Autre enjeu à souligner, les témoignages d’hostilité et de rejet à l’égard des personnes trans sont en hausse :
« Les faits de transphobie sont plus nombreux que les années précédentes et sont ainsi le deuxième type de LGBTIphobie relevé par nos pôles d’écoute. 179 cas spécifiquement transphobes sont à dénoter, avec une représentation toujours importante des mineur‧es. »
Le rapport rappelle en outre que les jeunes trans sont aussi particulièrement vulnérables, notamment en milieu scolaire :
« À l’école, les élèves sont à la merci de la bonne volonté des professeur‧es et de leur direction. Selon son établissement, un‧e élève transgenre pourra être plus ou moins respecté.e. »
SOS homophobie note que si une circulaire a bien été mise en place par l’Éducation nationale en octobre 2021, cette dernière reste insuffisante face à la vulnérabilité de ce public.
La haine en ligne constitue 20% des témoignages reçus :
« Les plateformes comme Twitter, Facebook et TikTok rassemblent à elles seules 45 % des cas de haine en ligne en 2021. ».
Et elle est bien loin d’être limitée aux réseaux sociaux, souligne SOS homophobie :
« Au fond, entre la haine “en vrai” et la haine en ligne, il s’agit souvent d’un continuum de souffrance dont la forme change, mais dont le fond et les bourreaux restent les mêmes. »
Le tabou des violences conjugales
SOS homophobie consacre aussi une partie de son rapport au phénomène des violences conjugales qui s’exercent au sein des couples de même sexe. L’association a recensé « 17 situations de violences sexuelles, physiques ou morales subies par des personnes LGBTI au sein de leur couple ». Un tabou persistant, peu pris en charge ni par les associations d’aide aux victimes de violences conjugales, ni par les structures militantes LGBT+.
Un tabou aussi pour les victimes elles-mêmes qui ne parviennent peut-être pas forcément à considérer ce qu’elles subissent comme des violences conjugales.
« Les violences de couple peuvent se développer quand deux caractéristiques sont réunies : le secret et la honte, des caractéristiques faisant partie intégrante des parcours de nombreuses personnes LGBTI », analyse Louise Delavier, responsable des programmes et de la communication pour l’association En avant toute(s) « Ne pas être out, c’est par exemple un facteur de vulnérabilité supplémentaire. »
Les LGBTIphobies, des discriminations encore trop peu recensées
Alors que 3 790 atteintes commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ont été recensés par la police en 2021 – un nombre en augmentation –, SOS homophobie observe aussi des « refus de plaintes » et des « minorations » d’actes LGBTIphobes émanant de la police elle-même. « Les sollicitations de l’association pour des problèmes de ce type avec les forces de l’ordre continuent d’affluer d’année en année auprès de nos dispositifs d’écoute et de soutien juridique. »
Questions déplacées, conseils inadaptés, culpabilisation, négation ou remise en question du caractère homophobe, les exemples montrent que comme pour l’accueil des victimes de violences conjugales, l’accueil des victimes de LGBTIphobies laisse à désirer :
« S’attendant à être écoutées, comprises et accompagnées, elles peuvent se retrouver face à un mur sourd, incrédule et méprisant. »
Dans d’autres cas, ce sont des insultes proférées par les policiers eux-mêmes qui montrent la prégnance de l’homophobie dans l’institution.
Les personnes LGBTI+ sont-elles plus promptes aujourd’hui à ne pas se laisser faire face aux LGBTIphobies, à les dénoncer, à demander justice ? C’est ce que semble penser Sophie Elizéon, actuelle déléguée interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (Dilcrah).
« Comme le montrent les enquêtes d’opinion, certes on est dans une meilleure acceptation par la société, mais parallèlement les personnes LGBTphobes deviennent de plus en plus virulentes, vindicatives. Elles passent à l’acte » affirme-t-elle auprès du Monde.
La Commission nationale consultative des droits de l’homme a réagi ce jour pour alerter sur le manque de documentation sur les LGBTIphobies.
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Crédit photo : Betzy Arosemena via Unsplash
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Les Commentaires
Tu vas me répondre, ben en France c'est pas une conviction c'est illégal s'il veut pas d'emmerdes il plie et il ferme sa gueule. Ben le gars va garder son libre arbitre quand même mais ouais, on est bien d'accord les convictions religieuses s'arrêtent là où la la loi commence. Mais c'est sûrement pas cet épisode qui va le faire bouger d'un iota.