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Règlement de comptes

Fiona, 2 100 € par mois en micro-entreprise : « Mon objectif n’est pas de me tuer au travail »

Quel rôle joue la qualité de vie dans l’appréciation de son salaire ? Peut-on partager absolument toutes les dépenses dans son couple ? Voici quelques questions auxquelles des personnes en tout genre répondent dans Règlement de comptes !

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans Règlement de comptes, des personnes viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou en solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Fiona qui a accepté de répondre à nos questions.

  • Prénom : Fiona.
  • Âge : 27 ans.
  • Métier : illustratrice en freelance.
  • Salaire mensuel : 2 100 € par mois après cotisations à l’URSSAF et impôts sur le revenu, lissés à l’année pour prendre en compte les variations.
  • Vit avec : son conjoint et leurs 3 chats.
  • Lieu de vie : un appartement dont ils sont locataires, qu’ils quitteront bientôt pour s’installer dans la maison qu’ils ont achetée et qu’ils rénovent.

Les revenus de Fiona

Depuis deux ans, Fiona est illustratrice en freelance, et son activité est déclarée en micro-entreprise.

« Je travaille pour des clients un peu partout dans le monde, via internet. Ma clientèle se compose principalement de streamers qui exercent sur Twitch, qu’ils soient particuliers ou professionnels du streaming. Je réalise pour eux des éléments visuels permettant d’enrichir leur contenu et de fidéliser leurs viewers. Je travaille parfois avec une agence qui fournit le même type de prestations à ses clients, mais qui fait appel à moi comme « sous-traitante », toujours en freelance. »

RDC_Fiona_Salaire

D’un mois sur l’autre, ses revenus varient beaucoup, mais elle estime son salaire moyen à 2 100 € par mois.

« Quand mon salaire est inférieur à ce seuil, ce qui a dû arriver trois fois cette année, je touche une allocation chômage qui vient s’ajouter à mes revenus.

Je m’estime très bien payée. Même si le montant de mon salaire n’est pas énorme, ma profession m’offre un confort et une liberté de vie qui sont absolument inégalables : je raisonne plutôt au regard du rapport entre mon salaire et mon confort de vie. »

En effet, pour Fiona, la possibilité d’adapter ses journées de travail à ses envies et ses projets est un avantage formidable :

« Mon conjoint est en freelance aussi, et on a tous les deux la même vision des choses : on aime nos métiers et nos projets, mais on aime aussi l’avantage du freelancing qui permet de décider de nos plannings et de se libérer énormément de temps pour nos loisirs.

Personnellement, je travaille pour gagner uniquement ce qui m’est nécessaire pour être heureuse. Mon objectif n’est pas de me tuer au travail.

Je fais tout pour optimiser mon temps de travail. Je ne fais pas de journées très longues : je dirais que chaque jour, je fais quatre heures de production et une heure d’administratif, soit cinq heures. Par contre, c’est du sept jours sur sept ! »

Elle vit avec son conjoint, lui aussi en freelance et dont les revenus moyens s’élèvent à 2 500 € par mois.

« Nous faisons tout ensemble, et partageons toutes les dépenses à deux »

Pour gérer leur budget de 4 600 € mensuels à deux, Fiona et son compagnon ont adopté un système « parfaitement transparent » :

« J’ai un rapport très décomplexé à l’argent. Je ne suis pas matérialiste, mais je n’ai aucun problème à évoquer combien je gagne, et j’ai du mal à comprendre les gens qui considèrent l’argent comme un tabou.

Mon copain et moi faisons absolument tout ensemble et partageons tout. Du coup, nous partageons quasiment 100 % de nos dépenses à deux (y compris mes dépenses personnelles de santé, qui sont prises en charge à moitié par lui et vice-versa, par exemple).

C’est avant tout notre relation « saine » (selon moi) à l’argent qui nous permet de bien gérer nos finances. Mon copain a créé un outil de comptabilité (il est développeur informatique) sur lequel il calcule toutes nos dépenses mensuelles. Nous ajustons ensuite notre budget en fonction de cela. »

Concrètement, le couple met chaque mois la même somme sur un compte commun, qui suffit à assurer la plupart de leurs dépenses :

« En début de mois, on met chacun 900 ou 1 000 € sur ce compte et normalement, cela nous permet de tenir jusqu’au mois suivant, loyer compris. Si je veux m’acheter une teinture pour les cheveux, je vais l’acheter avec le compte commun par exemple.

En général, on s’adapte selon l’utilité de la dépense. Si mon copain veut s’acheter un écran dernier cri à 500 €, il va plutôt le faire avec son compte perso, mais c’est rare ! On a peu de dépenses loisir, donc on peut largement couvrir ce dont on a besoin avec ce compte. »

Ils gardent le reste pour leurs économies, réparties entre leurs comptes courants et leurs livrets d’épargne personnels.

Le coût des logements de Fiona et de son compagnon

Le poste de dépenses principal du couple est le logement. En effet, ils habitent actuellement dans un appartement dans un T2 de 50 m² en location dans une grande ville des Bouches-du-Rhône, qui leur coûte 770 € à deux, soit 385 € mensuels pour Fiona.

À cela s’ajoutent des charges et des factures de gaz et d’électricité qui coûtent 109,5 € à la jeune femme, la moitié d’un total de 219 € par mois.

Sa part dans leurs abonnements pour avoir accès à internet, ainsi qu’à des services de streaming musical et vidéo s’élève à 25 €.

Mais un projet d’importance occupe par ailleurs le quotidien de Fiona et de son compagnon : ils ont acheté une maison, dans laquelle ils devraient emménager bientôt :

« Nous venons d‘acheter une maison de 90 m² à la campagne, dans les Alpes-de-Haute-Provence, dotée d’un grand terrain de 3 500 m². Comme nous travaillons tous les deux à 100 % depuis notre domicile, nous souhaitons vivre à la campagne.

La maison nous a couté 275 000 € que nous rembourserons sur 25 ans, auxquels il faut ajouter 30 à 40 000 € de travaux que nous faisons nous-même pour la plupart. Bientôt, nous pourrons quitter notre appartement pour aller nous y installer ! »

Pour pouvoir accéder à la propriété, Fiona explique que le couple s’est serré la ceinture pendant deux ans, et que cela leur a permis d’économiser 40 000 € durant cette période. Cette somme leur a servi d’apport. Par ailleurs, pour les aider à effectuer les travaux dans la maison, la famille de son compagnon leur a fait don de 20 000 €.

À l’heure actuelle, en plus du loyer de leur appartement, ils remboursent donc 1 123 € de crédit mensuel à deux (en faisant moitié-moitié, et non au pro-rata de leurs revenus) pour l’achat de leur maison, ce qui représente 559 € par mois dans le budget de Fiona.

En plus du coût financier de la maison et du matériel de rénovation, ce projet a aussi un coût professionnel pour l’illustratrice et son conjoint :

« En ce moment, la rénovation de la maison a un double impact sur nos finances. D’une part, il y a l’investissement financier que cela représente, et d’autre part, comme nous rénovons presque tout nous-mêmes, il y a la perte que cela représente en termes de salaire, parce qu’on bosse moins !

Afin de pouvoir nous concentrer sur les travaux, nous avons pratiquement divisé notre temps de travail, et donc nos revenus par deux. Nous savons cependant que progressivement, nous allons pouvoir reprendre notre rythme habituel : d’ici à la fin de l’année, nous devrions avoir fait le plus gros ! »

RDC_Fiona_Depenses

Les dépenses communes du couple

Pour se nourrir et autres dépenses liées à la maison, le couple consomme environ 347 € chaque mois (173 € pour le budget de Fiona). Une somme qu’ils espèrent faire évoluer bientôt :

« Pour le moment, nous faisons nos courses dans un supermarché Géant Casino. Nous sommes toujours à l’affût des réductions, et cette enseigne en propose souvent. Nous n’hésitons pas à ajuster notre planning de course à la temporalité des bons de réductions, par exemple.

Notre objectif, une fois que nous nous serons installés à la campagne et que les gros frais liés aux travaux seront à peu près passés, est de consommer le plus local possible, en privilégiant les circuits courts et les ventes directes (boucher, maraîcher, etc.). »

Leurs courses mensuelles comprennent aussi les dépenses dites « féminines » de Fiona — des dépenses liées aux attentes patriarcales qui pèsent sur les femmes, et que l’on ne retrouverait pas ou peu dans un budget masculin : maquillage, frais d’épilation ou de rasage, protections menstruelles, charge contraceptive… — qui représentent une part très négligeable de leur budget :

« Concernant mon hygiène en général, je m’attache depuis quelques années à respecter une règle : un maximum de sobriété et surtout une connaissance parfaite des produits que j’utilise sur moi. C’est également une démarche écologique.

J’ai banni les protections jetables pour des culottes menstruelles (celles-ci coûtent en moyenne 25 € et j’en ai 5 ou 6 que j’utilise chaque mois et qui me suffisent. Je porte un stérilet en cuivre et je n’ai donc pas de dépense régulière de contraception.

Concernant les produits d’hygiène, j’ai arrêté l’après-shampooing. Ainsi, aujourd’hui, je n’utilise qu’un savon (savon d’Alep, environ 6 € qui me tient facilement 2 mois), et un shampooing bio de supermarché (c’est le mieux que je puisse faire pour l’instant).

Je tente de plus en plus de fabriquer mes cosmétiques moi-même, avant tout par volonté de protéger ma santé, mais il est vrai que c’est aussi un gain financier. Pareil pour les produits ménagers. Je me teins également les cheveux avec une teinture au henné que je cherche la plus naturelle possible, qui rentre dans le budget courses. Je ne me maquille quasiment pas, à part un peu de mascara pour les occasions spéciales, donc le prix est négligeable. »

Ils comptent aussi 60 € par mois entre l’alimentation, les produits de soin et les jouets pour leurs trois chats.

Leurs frais fixes mensuels comprennent aussi 13,50 € de frais bancaires, calculés pour tous leurs comptes (personnels et professionnels), soit 6,75 € dans le budget de Fiona, 30 € chacun pour leurs assurances habitation et automobile, 80 € de frais chacun lissés à l’année pour se déplacer (essence, frais de réparation de leur voiture, contrôle technique…).

Le couple partage aussi tous ses frais de santé (dentiste, gynécologue ou rendez-vous ponctuel chez le médecin), pour lesquels ils investissent chacun en moyenne 18 € par mois. Ils dépensent aussi 46 €, soit 23 € chacun, en cadeaux divers pour leurs amis ou leurs familles.

Les loisirs de Fiona et son conjoint

Chaque mois, le couple d’indépendants dépense 217 € pour ses loisirs.

« Notre poste de budget loisir principal est certainement le cinéma : nous payons un cinépass illimité à 34 € par mois pour deux. Nous avons également un abonnement Disney+. Voilà les loisirs sur lequels nous ne ferions pas l’impasse. 

Nous sommes relativement peu dépensiers. Étant introvertis, nous sortons peu et privilégions d’autres loisirs un peu moins chers : gaming, streaming, jardinage…

Nous craquons parfois sur d’autres choses que nous aimerions réduire : un repas en livraison de temps en temps (deux ou trois fois par mois), des abonnements de jeu vidéo, qui varient selon les périodes, des ustensiles de jardinage pour moi, et parfois des accessoires « non vitaux » pour nos chats.

Nous allons peu au restaurant, une fois tous les deux ou trois mois donc ce n’est pas spécialement pertinent de l’évoquer.

Les dépenses de Fiona

Puisque la plupart de ses dépenses sont prises en compte dans leur budget commun, les dépenses purement personnelles de Fiona sont peu nombreuses.

On y compte 126 € par mois d’impôts sur le revenu (déjà déduits du calcul de son salaire mensuel net, en cohérence avec les revenus salariés après prélèvement à la source de cette rubrique), et 10 € mensuels lissés à l’année de dépenses pour se vêtir, un budget qu’elle estime quasiment négligeable.

Les économies de Fiona

Si jusqu’ici, Fiona économisait presque la moitié de ses revenus, depuis l’achat de la maison, l’heure est plutôt à la dépense de l’argent mis de côté jusqu’ici :

« Mes économies sont très variables chaque mois du fait de la variabilité de mes revenus. De manière générale, je réussissais à mettre facilement entre 800 et 1 000 € de côté chaque mois avant l’achat de la maison.

Aujourd’hui, c’est plus complexe, car nous cumulons le loyer de l’appartement et les mensualités de notre prêt, tout en ayant réduit notre activité professionnelle pour nous consacrer aux travaux. Pour autant, nous ne sommes pas en difficulté financière, parce que nous avions prévu suffisamment d’économies.

Une période qui correspond aux envies de Fiona et de son compagnon, qui rêvaient depuis quelque temps déjà de ce changement de mode de vie :

Mes projets sont pour l’instant relativement court-terme : finir les travaux de notre maison, nous installer et vivre la vie à la campagne dont nous rêvions.

Nous souhaitons changer radicalement notre façon de consommer également (et c’est un sacré projet en soi), en consommant local et en produisant une partie de nos légumes nous-mêmes. Enfin, j’ai envie de prendre le temps de développer mon activité professionnelle et de profiter un maximum de ce rythme de vie déconnecté des horaires et des contraintes !

Merci à Fiona d’avoir répondu à nos questions !

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Crédit photo : Roselyn Tirado / Unsplash

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Les Commentaires

15
Avatar de Kaktus
30 septembre 2022 à 13h09
Kaktus
@Gringo
Ça ne dépend pas des bénéfices mais de l'assiette cotisée. C'est-à-dire de la somme sur laquelle ont été calculées les cotisations sociales à verser à l'URSSAF. Ce qui est logique vu que ce sont des revenus de substitution. Donc le montant versé de la prestation sociale (payée grâce aux cotisations sociales de tout le monde) pour se substituer à la perte de revenus est dépendant du montant ayant servi de base au calcul desdites cotisations sociales.
Et il y a effectivement un plafond. Ou plutôt des plafonds car ça dépend de la nature d'activité (professions libérales réglementées ; ou bien professions libérales non réglementées et artisans-commerçants) et de la nature du risque (maladie ou maternité/paternité).
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