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Source : Anne-Florence Salvetti-Lionne
Daronne

Faut-il introduire les sciences auprès des tout-petits ?

Certains parents, ayant une appétence particulière pour les sciences, ressentent l’envie de partager leur passion avec leurs enfants, aussi jeunes soient-ils. Mais comment introduire les sciences auprès des tout-petits ? Cela leur est-il bénéfique ?

La physique quantique ou la relativité générale sont des concepts scientifiques que l’on pense bien éloignés des préoccupations des enfants. Et pourtant, l’introduction des sciences auprès des tout-petits peut arriver plus tôt qu’on ne le pense, par exemple via le biais de livres expliquant ces concepts.

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« Chez nous, les maths, c’est un sujet de conversation banal »

Laetitia est professeure de mathématiques dans un lycée, mais également mère de bientôt trois enfants. Des enfants qui baignent dans un univers riche en maths depuis tout petits, puisque leur père est également professeur de mathématiques.

« Chez nous, les maths, c’est un sujet de conversation aussi banal que l’actualité ou que ce qu’on mange le soir. On parle de maths quand on se raconte nos journées, on fait des maths quand on bosse à la maison, on fait des blagues de matheux, et on utilise régulièrement des termes mathématiques parce que pour nous, c’est du vocabulaire quotidien. Il y a donc forcément des maths injectées dans leur quotidien un peu partout, et des questions comme « maman, c’est quoi une racine carrée ? » ou « papa, c’est quoi un nombre complexe ? ». C’est quelque chose que l’on partage, ils aiment les maths et ont un bon niveau pour leur âge. Mais vu qu’ils risquent d’en avoir à faire pour quelques années à l’école, autant qu’ils aiment ça ! »

Pour répondre aux questions que ses enfants de 4 et 6 ans lui posent, Laetitia présente des versions vulgarisées des concepts abordés. « On se base en premier lieu sur du concret, parce que pour des enfants, c’est ce qui va être le plus simple à appréhender. L’abstraction n’est pas un gros mot, mais elle vient dans un second temps. »

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Comme dans toutes les familles, les situations de la vie quotidienne servent également de base pour introduire ou illustrer des concepts mathématiques. « En cuisinant, on lit les nombres sur la balance, on fait des fractions en lisant l’heure ou en coupant un gâteau. » Mais faut-il attendre un certain âge pour les familiariser aux mathématiques, à la physique, à la chimie ou à la biologie ? « À partir du moment où il y a une curiosité de leur part et où ça les intéresse, c’est le bon moment pour en parler » conseille Laetitia.

« Il n’y a pas de raison de moins partager les sciences aux enfants que la musique ou le sport ! »

Pour Aude Caussarieu, titulaire d’un doctorat de physique et didacticienne des sciences, il ne faut pas seulement se demander comment introduire les sciences aux enfants, mais pourquoi ? « Est-ce que c’est pour qu’iels aient plus de facilités en sciences à l’école, pour choisir des carrières en sciences, pour avoir une bonne image des sciences, développer un esprit critique, les faire rêver d’espaces ? »

Selon elle, l’un des enjeux principaux dans le fait de familiariser les enfants aux sciences, est de favoriser l’accès des filles, des minorités, et des personnes de catégories socioprofessionnelles défavorisées aux études scientifiques. On peut leur montrer que les sciences font partie de leur univers, que cela leur est accessible. « Il est important d’avoir « de la science » à la maison et pas uniquement à l’école. Des livres pour enfants sur le sujet, comme les albums Baby Sciences, peuvent participer au projet. »

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Ces albums écrits par Chris Ferrie, un physicien et mathématicien canadien, rencontrent un grand succès dans le monde anglophone depuis plusieurs années. S’adressant aux bébés, dès le plus jeune âge, ces livres vulgarisent très simplement des concepts scientifiques complexes tels que la chimie organique ou la science des fusées. Ils ont récemment été traduits en français et publiés en France par les éditions Place des Victoires.

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Crédit photo : Anne-Florence Salvetti-Lionne – Photo du livre « La physique quantique pour les bébés » de Chris Ferrie

« J’adore le détournement fait par l’auteur » raconte Aude Caussarieu, « je les offre en cadeau de naissance à des enfants de parents scientifiques. J’aime aussi les bodies à message comme « Forget princess, I want to be an astrophysicist » (Oubliez les princesses, je veux être astrophysicienne), qui montrent que les sciences sont accessibles aux filles, même si en pratique ce n’est pas si facile ».

En injectant des sciences à la maison dès l’enfance, cette accessibilité pourrait justement être simplifiée. « Pour les enfants un peu plus grands, je chercherais des livres avec des personnages qui font des sciences, si possible des femmes et des personnes racisées. J’emmènerais aussi les enfants à la fête de la science et dans des musées scientifiques » conseille la didacticienne.

Elle voit également dans les sciences un moyen de développer son esprit critique. « On peut avoir une approche scientifique du monde dès tout petit, par exemple en ne personnifiant pas les objets, et en acceptant de ne pas savoir et de ne pas être expert en tout. » Et dernier enjeu non négligeable pour Aude Caussarieu, « le monde est une source d’émerveillement et de surprise, et il n’y a pas de raison de moins partager les sciences aux enfants que la musique ou le sport ! »

Que cela soit par le biais de livres sur le sujet, de conversations, de visites culturelles ou de situations banales de la vie courante, l’introduction des sciences est donc possible et souhaitable dès le plus jeune âge. Pourquoi s’en priver ?


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