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L’exposition Jean-Paul Gaultier au Grand Palais, une merveille à ne pas rater

Le créateur Jean-Paul Gaultier est à l’honneur dans une exposition au Grand Palais à Paris. Léa l’a visitée, et elle te la recommande de tout son coeur.

– Initialement publié le 16 juin 2015

Jean-Paul Gaultier : le nom de cet immense créateur de mode te dit probablement quelque chose, même si tu l’as jamais vu que sur des bouteilles de parfums ou de Coca-Cola. Jean-Paul Gaultier est un couturier et créateur français, surnommé « l’Enfant terrible de la mode », qui a commencé à percer dans les années 1970. Sa mode est audacieuse, avant-gardiste, et actuellement présentée au Grand Palais, dans le cadre d’une exposition tout simplement intitulée Jean-Paul Gaultier.

À lire aussi : Jean-Paul Gaultier bientôt à l’honneur au Grand Palais

C’est à Paris, donc pas simple pour tout le monde. Mais si tu as l’occasion de te rendre à la capitale pour en respirer l’air pollué en plein été, et que tu t’intéresses un peu à la mode sans être William Carminola non plus, je te conseille très fort de te rendre à l’exposition, et voici pourquoi.

Parce que la rétro est pile poil comme il faut

Construit pour l’exposition universelle de 1900, le Grand Palais n’est pas forcément un lieu qui a l’habitude d’accueillir des créateurs de mode. D’habitude, on y trouve plutôt des sculptures qui ont l’air d’avoir pris des hormones, installées sous la verrière à l’occasion de l’événement annuel Monumenta, ou des rétrospectives sur l’oeuvre de tel ou tel peintre célèbre.

Ces dernières années, les expositions consacrées à un créateur particulier ont souvent eu lieu au Musée des Arts décoratifs à côté du Louvre. Elles étaient généralement passionnantes (du moins à mes yeux) mais aussi très… très longues. Au point qu’arrivé•e à la dernière salle, tes yeux avaient du mal à digérer l’orgie de tissu, de formes et de mannequins sans tête qu’ils venaient d’avaler pendant deux heures !

Jean-Paul Gaultier au Grand Palais n’a pas ce défaut : la visite se fait en une heure et demie maximum (en prenant son temps). Et surtout, comme le couturier lui-même s’est impliqué dans la conception, on échappe à la rétrospective chronologique qui pourrait être ennuyeuse. Tout est organisé par thème : les marins et les sirènes, le punk revisité et la Parisienne décomplexée de la Belle Époque, le corset et la sensualité du corps, le sado-masochisme, l’exotisme et les inspirations de cultures étrangères…

En sortant de là, tu as l’impression d’avoir révisé ton bac Jean-Paul Gaultier avec mention : tu peux citer au moins une pièce iconique et une personnalité célèbre qui a porté ses fringues, le tout sans avoir suivi un cours rébarbatif. Bref, tu as le minimum de culture G pour peser dans une discussion mode.

À lire aussi : Un créateur en 5 minutes : Jean-Paul Gaultier

Il y a d’ailleurs un truc dingue avec Jean-Paul Gaultier : il n’est jamais ringard. Il y a forcément une des silhouettes exposées qui va faire écho à quelque chose que tu connais, que ce soit dans la pop culture, dans la musique, dans l’imaginaire populaire ou même chez H&M. La mode Gaultier, même si elle est Haute Couture, n’est pas snob, elle parle à tout le monde.

Un peu comme Jean-Paul lui-même…

Parce que la croisière Jean-Paul Gaultier s’amuse

Autre point fort agréable si tu n’es pas trop branché•e musée poussiéreux et vieilles dentelles de grand-mère : il ne s’agit pas d’une visite contemplative dans laquelle tu es censé•e soupirer en silence devant les oeuvres. Chaque aspect de l’expo a clairement été conçu avec beaucoup d’attention pour contenter un public… tout aussi attentif — ouais, c’est de toi que je cause.

Les concepteurs ont notamment réfléchi à l’aspect interactif de la chose, et au moyen de donner de la vie à l’exposition et à des mannequins d’étalage. Ils ont finalement choisi de les animer, mais pas à la façon d’un spectacle de marionnettes. Sans vouloir trop en dévoiler, je dirais simplement que c’est probablement la première et peut-être dernière fois que tu auras l’occasion d’entendre le créateur s’adresser à toi en personne !

Tu peux aussi assister à un défilé commenté comme à l’époque, et vivre en live l’expérience de la Croisette de Cannes le temps de quelques marches. Et si tu regardes attentivement, tu pourrais bien voir un des cartels, ces étiquettes qui détaillent la composition de chaque tenue et les matières utilisées, avec des annotations signées de la main de Jean-Paul Gaultier lui-même.

La scénographie, c’est-à-dire la façon dont sont aménagées les différentes salles et dont sont installées les différentes tenues, fait entièrement partie de l’exposition. Dans l’une des premières pièces, par exemple, les meubles du designer néerlandais Jurgen Bey, enfermés dans une paroi de tissu blanc, ressemblent à une oeuvre d’art contemporain. Dans une autre, tu peux observer les tenues de l’autre côté, à travers une lorgnette, comme si tu étais l’un des individus voyeurs d’un club SM. Tous ces clins d’oeil sont à la fois subtils et brillants. Vous avez dit « un peu comme Jean-Paul » ?

À lire aussi : Cannes 2012 Jour 3 – Maxime tente de plaire à Jean-Paul Gaultier

Pour toucher du doigt (ou presque) le détail

L’exposition présente aussi une particularité à la fois dangereuse (pour les créations) et pas commune : une grande partie des tenues sont présentées sans vitrine ni filet de sécurité. Finie la Joconde et sa couche de verre tellement épais que tu as l’impression de contempler un prototype de bac à glace !

Dans l’exposition Jean-Paul Gaultier, tu peux voir de très près les vêtements, les caresser des yeux, prendre des photos (pas trop quand même). Tu pourrais presque les toucher du doigt, mais comme tu es poli•e et distingué•e, je sais que tu vas t’abstenir. En revanche, c’est une très bonne occasion d’admirer les détails incroyables de la mode Gaultier que tu ne pourras jamais comprendre aussi bien sur ton écran de télé ou sur papier glacé.

Certains créateurs accordent plus d’attention à la silhouette globale du vêtement, à sa construction. Chez d’autres, c’est la matière qui va être privilégiée : son toucher, sa couleur, ses motifs, sa brillance, sa matière… Jean-Paul Gaultier, qui décidément tue le game à chaque fois, a la rare qualité de marier les deux.

À lire aussi : « Jean-Paul Gaultier travaille », un documentaire sur le créateur à revoir sur Arte !

Donc non seulement ses mannequins sont impressionnants vus de loin, mais en plus, tes pupilles vont briller devant les broderies incroyablement fines, le crocodile crocheté qui tient comme par magie, les cristaux Swarowski minuscules, les tatouages presque invisibles sur les collants, et j’en passe. Pour moi qui ressemble à Bob l’Éponge avec une enclume quand j’essaye de manier des aiguilles à tricoter, la patience et la précision avec laquelle ont été réalisées toutes les tenues sont hyper impressionnantes. Comme Jean-P… Okay, je crois que c’est clair.

Parce que Jean-Paul Gaultier est cool, tout simplement

Jean-Paul Gaultier fait partie de ces couturiers qui ne se contentent pas de faire du beau ou de l’impressionnant. Il est aussi très ouvert d’esprit, et son travail contribue à faire bouger les fesses mentalités. Notamment parce qu’il a su dégoter ou s’intéresser à des personnalités « hors du commun », qui sont devenus les étendards de ses créations, voire des muses.

La mode de Jean-Paul Gaultier, ce n’est pas que des vêtements, c’est aussi une vision de la société où tu peux être gros•se, maigre, petit•e, trans*, homo, hétéro, peu importe : l’essentiel, c’est que tu t’éclates avec tes fringues et que tu sois bien dans ta peau, avec ou sans poils dessus. Il a fait défiler Beth Ditto, la chanteuse de The Gossip, Andreja Pejic, Conchita Wurst… bref, des gens que d’autres créateurs ne seraient jamais allés chercher, et qu’il a mis en valeur comme tous ses mannequins.

Et finalement, quel meilleur moyen de rendre la diversité « banale » aux yeux de tous que de la médiatiser via la mode ? Voir des mannequins exposés avec des corps un peu plus proches de la moyenne, ça fait plaisir. J’ai l’impression que l’expo me crie : Deal with it, le monde est comme ça, dans tout ce qu’il a de plus fou et de moins commun, et c’est très bien !

Jean-Paul Gaultier, merci d’être vous.

Quelques astuces à retenir :

  • Pour échapper à la foule et avoir la place de tourner autour des silhouettes, n’hésite pas à consulter le tableau d’affluence : en gros, évite le week-end et privilégie les visites en soirée. L’expo étant totalement éclairée par des lumières artificielles, cela n’apporte de toute façon rien de particulier d’y aller en journée.
  • Si tu as trois potes motivé•e•s pour y aller, pensez à profiter du billet tribu : si au moins deux d’entre vous ont entre 15 et 25 ans, la place revient moins cher à tout le monde.
  • Si tu n’as pas envie d’investir dans un audioguide, tu peux télécharger l’application de l’exposition directement sur ton téléphone. Même si le réseau n’est pas toujours au mieux, ça pimpe un peu ta visite.

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