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La « contraception naturelle » séduit, mais n’est pas sans risques

Les méthodes de contraception dites « naturelles » sont toujours utilisées, notamment en cette période de méfiance autour des solutions hormonales. Le souci ? Ces méthodes ne sont toujours pas fiables.

— Publié le 24 avril 2018.

Je fais partie d’un groupe Facebook de voyageuses.

Les femmes y partagent tout et rien, aussi bien des photos de paysages magnifiques que des conseils sur la meilleure banque à utiliser, témoignent de leurs relations amoureuses en voyage…

Et ce matin en me levant, j’y ai découvert ce post :

post-wab-contraceptions-naturelles

Les méthodes de contraception dites naturelles sont variées.

Lorsqu’on en parle, on pense le plus souvent à deux méthodes : le retrait, c’est-à-dire le fait pour l’homme de se retirer avant éjaculation, ou la surveillance de la température pour identifier le jour de l’ovulation.

Ça recouvre également par exemple :

  • l’abstinence périodique qui consiste, pour les femmes dont le cycle est très régulier, à éviter tout rapport sexuel en amont, pendant et juste l’ovulation
  • la surveillance de la consistance de sa glaire cervicale : en effet celle-ci se modifie à l’approche de l’ovulation
  • l’allaitement exclusif et à la demande qui suit un accouchement et empêche généralement l’ovulation.

Dans les commentaires, on trouve de tout. Quelques unes crient au danger :

« La surveillance du cycle n’est pas du tout un moyen de contraception. […] Après si tu as envie de tomber enceinte alors la surveillance de cycle pourquoi pas ! Bonne chance ! »

D’autres affirment utiliser une contraception naturelle avec précautions :

« Si tu appliques correctement la méthode aucun risque. Faut quand même préciser que c’est pas un moyen de contraception en soi, ça ne t’évite pas directement de tomber enceinte sinon que ça te permet de savoir quand il faut que tu te protèges si tu as une relation sexuelle. »

Certaines évoquent leurs cycles très réguliers, le fait d’être « réglée comme une horloge » :

« En accord avec ma gynéco, je ne prends plus rien depuis plus de deux ans, je calcule mes cycles d’ovulation et il ne m’est absolument rien arrivé ! Et je revis et mon corps aussi ! Par contre j’ai la chance d’avoir un cycle parfait me permettant de tout bien calculer ! »

D’autres expliquent qu’elles n’ont pas de contraception et pas de problèmes :

« Hello, sans contraception avec mon copain depuis 2 ans, aucun souci, je surveille juste de près mon cycle et sinon je ne me pose pas tellement d’autre question »

D’autres encore envisagent du coup de s’y mettre :

« Ça fait rêver de tels commentaires… Un jour si je suis en couple (inchallah mdr) je pense me mettre à cette forme de contraception. »

Ça m’a donné envie d’écrire un article pour rappeler quelques faits autours des méthodes de contraception naturelles – dans le respect des envies et besoins de chacun·e bien-entendu.

Les méthodes de contraception naturelles, à quel point sont-elles fiables ?

La première chose à rappeler, c’est qu’aucune méthode de contraception n’est 100% fiable.

On peut tomber enceinte sous pilule, ou même sous DIU. Cependant, les taux d’échecs ne sont pas identiques.

Et pour revenir au sujet du jour : les taux d’échecs des méthodes de contraception naturelles sont très élevés.

Le très sérieux Center for Disease Control estime, par exemple, que sur 100 femmes utilisant la méthode du retrait, 22 tombent enceinte au cours de la première année.

Pour les méthodes de surveillance de l’ovulation, le taux d’échec monte même à 24%

au cours de la première année.

À titre comparatif, le DIU, qu’il soit hormonal ou en cuivre, a un taux d’échec inférieur à 1%.

Les taux d’échecs plus élevés des contraceptions naturelles

Ces taux d’échecs varient notamment en fonction de la bonne utilisation des méthodes ou non.

La pilule, bien utilisée, prévient les grossesses dans 99,1% des cas. Mais lorsqu’on prend en compte l’éventualité d’un oubli, d’un rejet… le taux tombe à 91%.

Choisir sa Contraception propose un outil très pratique qui permet de comparer les taux d’efficacité des méthodes, à la fois au niveau théorique (si la méthode est parfaitement utilisée) et pratique (en incluant la marge d’erreur humaine).

Si on tombe à 91% d’efficacité avec la pilule ou 85% avec le préservatif masculin, on arrive carrément en-dessous des 80% pour les méthodes naturelles.

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Comme je le disais plus haut donc, aucune solution n’est infaillible… mais impossible de nier que le taux d’échec des méthodes naturelles est plus élevé.

Les méthodes de contraception naturelles, réservées aux personnes très expérimentées ?

Bien sûr, comme l’expliquent les commentaires, ça peut fonctionner. Par chance, ou parce que l’on se connaît très bien — soi-même et son partenaire.

Martin Winckler, dans son article résumant point par point les avantages et inconvénients de chacune des méthodes de contraception, écrivait ceci à propos du retrait et d’autres méthodes naturelles :

« Certains hommes, jeunes ou plus âgés, peuvent chercher à vous rassurer en disant « Pas besoin de préservatif, je ferai attention ». Autrement dit : « Je me retirerai de ton vagin avant d’éjaculer ».

Ne les croyez pas !

Et non, ce n’est pas une question de confiance, mais de physiologie : l’éjaculation est un réflexe. Elle n’obéit pas à la volonté. Elle se produit le plus souvent sans que l’homme puisse la contrôler ou l’anticiper.

Le retrait n’est une méthode envisageable que pour un couple qui s’entend et se connaît bien depuis longtemps. Ce n’est pas une méthode de débutant·es.

Pour les mêmes raisons, les méthodes dites « naturelles » (qui consistent à n’avoir des relations sexuelles que pendant les périodes « sans risque ») ne sont pas utilisables hors d’une relation régulière entre deux partenaires qui se connaissent bien. »

Ces méthodes qui relèvent du corps humain, qui est… facilement perturbable.

D’ailleurs, le site de référence en matière de contraception ne recommande d’utiliser ces méthodes que dans le cadre de couples « qui souhaitent espacer les grossesses, peuvent se passer de rapports sexuels avec pénétration pendant plusieurs jours et qui sont prêts à accepter une grossesse, même si elle n’était pas prévue ».

Ainsi qu’éventuellement à ceux qui vraiment, ne supportent aucune autre contraception, pas même le préservatif.

Aucune contraception n’est universelle

Il est essentiel de choisir sa contraception en connaissance de cause.

Chaque personne réagit différemment à chaque contraceptif : une pilule va convenir à merveille à certaines et provoquer des tas d’effets secondaires indésirables chez d’autres.

Comme le rappelait Danielle Gaudry, gynécologue et militante de longue date au Planning familial :

« Il n’y a pas de contraception idéale convenant à tout le monde : chaque individu a des réactions et des besoins différents. Il faut l’admettre, l’entendre, et à partir de là choisir un mode de contraception adapté. »

Ceci dit, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur le (non-)usage des préservatifs : dans ces couples utilisant les « contraceptions naturelles », pourquoi la capote n’est-elle pas utilisée ?

Allergie, inconfort, baisse de plaisir… les raisons peuvent être multiples, certes. Cependant, vu l’état actuelle des options de contraception masculine, le préservatif n’est pas à négliger !

D’ailleurs, je terminerai cet article sur la recommandation de base : le préservatif, masculin ou féminin, est le seul et l’unique à prévenir les infections sexuellement transmissibles.

Tant que tu n’es pas dans un couple stable, monogame et que les tests n’ont pas été faits… il reste de rigueur !

Sur ce bisous, amusez-vous bien en toute sécurité et sans grossesses non désirées.

À lire aussi : Oui, la contraception pour homme existe au-delà du préservatif… et voici pourquoi vous l’ignorez


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

146
Avatar de MidoriNoHikari
18 septembre 2019 à 09h09
MidoriNoHikari
Merci @Mymy !
2
Voir les 146 commentaires

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