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Nairobi (La Casa de Papel) a remis mon envie de rhinoplastie en question

Suite a un accident, Philou a sérieusement réfléchi à avoir recours à une rhinoplastie. Récemment, un post Twitter au sujet d’un personnage de La Casa de Papel l’a fait revenir sur cette réflexion.

Il y a plusieurs années, le soir de la fin du bac, un accident pas très glorieux en boîte de nuit impliquant une porte ouverte violemment et une douleur terrible, a eu un fort impact sur mon visage.

Mon nez, qui était déjà bien aquilin, a été cassé. Et ma haine à son égard n’en a été que renforcée.

Je déteste mon nez

C’était déjà le cas avant mais depuis cet accident, je déteste encore plus cet appendice qui trône fièrement au milieu de mon visage.

Je n’ai jamais eu un petit nez en trompette adorable, tu sais, celui qui est présenté comme le nez parfait pour les « vraies filles féminines ».

Mais la bosse qui orne l’arête de mon pif était beaucoup moins proéminente avant cet incident.

nez-complexe-chirurgie-32015 (avant accident)

nez-complexe-chirurgie2019 (après accident)

Prônant quotidiennement le self love et l’acceptation de soi, je m’efforce de composer avec lui, de l’accepter et même d’apprendre à l’aimer.

En tout cas, je fais de mon mieux. Vraiment. Mais je ne peux m’empêcher de le maudire à chaque fois que je vois sa forme busquée que je trouve repoussante.

Je suis alors devenue experte pour le dissimuler sur les photos, posant toujours de face ou de trois quarts en relevant la tête pour ne pas qu’on puisse voir la cassure gonflée.

Je ne crois pas avoir déjà posté une seule photo sur mon compte Instagram qui dévoile véritablement la forme de mon nez.

J’essaye aussi de le faire disparaître dès que possible sous une grosse paire de lunettes de soleil en les plaçant très bas sur mon arête nasale pour qu’il soit le moins visible possible.

Mais ces subterfuges savamment réfléchis sont pourtant bien inutiles, je le sais. Je ne peux effacer mon nez du regard des autres.

Il est là, tout le temps, tous les jours, au beau milieu de ma figure, que je le veuille ou non.

Mon nez dans le regard des autres

Si mes proches, notamment ceux qui m’ont recontrée après l’accident, n’ont jamais tiqué au sujet de mon nez, j’ai souvent été victime de moqueries qui n’ont fait que renforcer mon complexe.

C’est il me semble à partir du collège que j’ai commencé à avoir droit à des remarques méchantes et cruelles.

« Ton nez ressemble à une aile de pigeon déployée » est sûrement l’une de celles qui m’a fait le plus rire jaune.

Cette époque où les enfants qui ne le sont plus tout à fait commencent à faire attention à leur apparence physique et à celle des autres a été très difficile pour moi et a nourri une grande partie de la haine que je voue à mon nez.

Et si j’ai pensé qu’en grandissant je me débarrasserais des langues de vipères à ce sujet, le trauma laissé par la porte a remis de l’huile sur le feu des taquineries mesquines.

J’ai appris avec le temps à m’armer d’auto-dérision pour garder la face en cas d’attaques, plus ou moins innocentes.

Mais l’impact de ces moqueries sur ma confiance en moi n’a pas beaucoup changé et vient systématiquement titiller mes insécurités.

Une chirurgie pour mon nez, une bonne ou une mauvaise idée ?

J’ai longtemps réfléchi à me faire refaire le nez et j’ai longtemps été persuadée que c’était ce qu’il me fallait pour me sentir mieux dans ma peau, me sentir plus jolie.

Ma mère avait eu recours à une opération consistant à limer la bosse de son nez au sortir de son adolescence, et j’ai longtemps souhaité obtenir le même résultat.

J’ai eu rendez-vous avez un chirurgien quelques temps après mon accident pour parler d’une éventuelle opération.

Il fallait remettre ma cloison nasale en place mais le chirurgien me proposait également d’enlever cette bosse que je déteste tant une bonne fois pour toutes.

J’étais folle de joie lorsque j’ai eu un aperçu des photos de simulation qu’il me proposait.

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Rien ne changeait de face, mais de profil, c’était le jour et la nuit à mes yeux !

Comme je prenais l’avion pour partir en mission humanitaire quelques semaines plus tard, la date de l’opération était en suspens.

Or, voilà maintenant quatre ans que mon nez a été cassé et je n’ai toujours pas pris rendez-vous.

J’ai peur de ne pas aimer mon nez refait

Pourquoi ?

D’abord parce que je n’ai jamais trouvé le moment opportun pour le faire.

L’opération n’est pas si anodine que ça. Elle demande de prévoir des jours de repos après coup mais aussi d’anticiper le visage bleui de coquarts qu’il faut se traîner quelques temps post-opération.

Mais c’est aussi parce qu’en réalité cette opération me fait flipper ma race.

Et si je ne m’aimais pas après coup ?

Et si je me réveillais de l’opération en regrettant mon nez d’avant ?

Et si sans cette bosse que je déteste de tout mon être, je n’étais finalement plus « moi » ?

Cette publication qui m’a fait repenser ma chirurgie

Récemment, je suis tombée sur un post Twitter qui m’a fait beaucoup réfléchir.

Il s’agit d’une photo d’Alba Flores, l’actrice qui incarne Nairobi dans La Casa de Papel, de profil et d’un avant/après avec une retouche de son nez.

https://twitter.com/richiett75/status/1218504169809686528

Ces photos de l’actrice, méconnaissable sur la photo de droite, ont fait s’insurger les fans.

Certains commentaires m’ont véritablement marquée.

« À gauche on a une femme naturelle et charismatique, à droite on a une femme banale qui ressemble à une tendance actuelle. »

« Sans le nez ça lui enlève tout son charme. »

« Pour moi, ce n’est pas la même personne. »

« Vous n’en avez pas marre de foutre des complexes aux gens quand ils n’ont pas lieu d’être ? »

Dans l’ensemble, je suis d’accord avec ces commentaires. Sans son nez busqué emblématique, Alba Flores n’est plus la même.

Et je la préfère largement comme elle est vraiment !

Ce complexe de nez dont je n’arrive pas à me débarrasser

Pourtant j’ai beaucoup de mal à appliquer cette réflexion à mon propre visage.

Je me souviens de la soirée où j’ai rencontré mon premier amour.

Alors qu’on avait commencé à flirter, il avait lâché en souriant : « J’aime beaucoup ton nez » et pensant qu’il se moquait de moi, j’avais failli me barrer.

Mais il avait enchaîné par : « Ça donne du caractère à ton visage, ça le rend unique. Je trouve ça magnifique ».

Depuis que je suis tombée sur la photo de Nairobi, j’essaye de penser à cette phrase.

Est-ce que mon nez n’est pas au final un trait qui rend véritablement mon visage singulier ?

nez-complexe-chirurgie-22020

C’est une réflexion qui m’est assez nouvelle, mais que je suis contente d’avoir aujourd’hui.

Mon complexe ne s’est pas évaporé, loin de là.

L’idée d’avoir un jour recours à une rhinoplastie ne m’a pas quittée définitivement non plus.

Mais pour la première fois de ma vie, je me dis que peut-être je ne serai pas plus jolie le jour où je me serai refaire le nez,

mais plutôt le jour où j’apprendrai véritablement à aimer celui que j’ai déjà.

À lire aussi : Ai-je le droit d’avoir des complexes si je rentre dans les canons de beauté ?

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Les Commentaires

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Avatar de Endless
30 avril 2020 à 21h04
Endless
Pour Lady Gaga c'est assez flagrant, d'ailleurs j'aimais beaucoup son visage avant car je me reconnaissais un peu dans ses traits. Et ça me faisait du bien d'avoir une personnalité avec des traits un peu proches des miens, une beauté qui sort un peu des clous. Maintenant quand je regarde son visage, j'ai l'impression qu'elle a perdu un truc (mais elle se sent sûrement mieux ainsi, et c'est tant mieux pour elle). J'allais dire "son corps, son choix" mais du coup, puisqu'il s'agit de l'influence de la société, est-ce réellement un choix ? C'est un peu forcé au final, rare sont les personnes qui se modifient pour sortir des clous, à part les gens adeptes de heavy mods (un sujet qui m'intéresse beaucoup). Pour les actrices, chanteuses etc, on se retrouve toujours avec le même modèle.

Moi aussi j'ai longtemps pensé à me faire refaire le nez, et les seins, pour coller justement à la norme, pour être plus jolie. Pour mon pif, j'ai fini par changer d'avis en prenant connaissance de l'ampleur de la chirurgie esthétique au Liban. En fait, ça m'a marquée de voir que beaucoup de femmes voulaient gommer leurs traits "arabes" pour coller à une norme occidentale. Je me suis dit qu'on devait être dans un monde sacrément malsain pour que tant de personnes veuillent gommer leurs origines ethniques ainsi.
A force de voir des photos de femmes se rapprochant de moi ethniquement, et d'apprendre à les trouver belles avec leurs particularités, j'ai fini par apprécier les miennes. J'ai arrêté de me lisser les cheveux, et surtout qu'est-ce que j'aime mon nez depuis ! Il fait partie de mon histoire familiale, j'en suis fière. Je le trouve super beau, busqué, bossu, acéré, et il va parfaitement avec mon visage et ma personnalité, un peu brute. J'ai réussi à totalement m'accepter et à trouver du sens dans chaque partie de mon corps. Je ne dis pas qu'il faut absolument le faire, mais ça me fait du bien à l'égo de me regarder dans le miroir et de me dire que tout est parfaitement à sa place, et que ce qui est considéré comme des imperfections fait totalement sens avec ma personne et mon vécu.

Je ne sais plus quelle Madz disait plus haut qu'un nez fort est vu comme masculin, donc moins apprécié sur une femme. Rien que le mot "fort", déjà. Il faudrait gommer tout ce qui dépasse trop, sauf les attributs féminins (seins, fesses, lèvres). Je trouve ça triste. Je comprends la volonté de modifier son corps (j'adore les modifs corporelles), mais je trouve dommage que ce soit toujours dans le même sens, pour être plus mignonne, plus féminine, pour avoir un visage plus délicat, plus doux, un corps plus charnu. Toujours pour être un objet plus désirable, plus photogénique au final. Après moi aussi j'essaye de rentrer dans les canons de beauté à ma façon, notamment lorsque je me maquille, ou parfois quand je m'habille, mais ça me dérange de le faire car je me sens un peu enchaînée au fond, j'en tire un plaisir malsain. Je sais qu'on est tous le produit de notre environnement, mais quand notre environnement est un monde patriarcal sordide qui réifie totalement les femmes, ça ne donne pas envie de se plier à ses normes.
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La société s'écrit au féminin