Coucou vous !
Le Corps à coeur Coeur à corps de cette semaine est écrit par ma chère et tendre collègue, j’ai nommé tata Kalindoche.
J’avoue, j’ai un peu insisté pour qu’elle vous partage son histoire car c’est une personne qui me fait rire et m’apporte de l’amour au quotidien, alors, autant vous en faire profiter !
Si tu n’as pas suivi, il s’agit d’une série de témoignages illustrés, mettant en avant des personnes qui ont décidé d’avoir un regard plus positif vis-à-vis de leurs complexes physiques.
Il ne s’agit pas de se sentir bien À TOUT PRIX (ça suffit les injonctions, oh !) ou de dire qu’il y a des complexes plus importants que d’autres, mais d’observer les chemins que prennent différentes personnes pour se sentir plus en paix avec elles-mêmes.
Tous les corps sont différents, ça te dit de les célébrer avec moi chaque semaine ?
Donc, sans plus attendre, le témoignage de cette semaine.
Yo, yo, yo !
C’est Kalindi. D’habitude, tu me lis sur les rubriques cinéma et séries de madmoiZelle. Mais depuis quelques semaines, Léa Castor s’est lancée dans un nouveau projet, qui m’a fait les yeux doux.
Faire parler des meufs de leurs anciens complexes. Ceux à qui elles ont mis un coup dans les parties. Et puis les dessiner, aussi.
Une sorte de thérapie en quelques lignes et en quelques coups de pinceaux.
Alors j’ai eu envie d’abandonner mes rubriques quelques heures, pour te raconter quelque chose qui n’a rien à voir avec les plans séquences, ni avec le catalogue Netflix actuel…
Mon tarin ! Je l’ai rencontré assez tard. Les premières années de mon existence ont été marquées par les envies de jeux, l’amour de mes parents, et l’apprentissage.
Tout code physique était exempt de ce modèle de vie. Normal, quand on est un enfant, on a autre chose à faire que se regarder le trou de balle.
Mon apparence, je n’y prêtais pas attention. Ce n’est qu’à l’âge de 7 ans, alors que j’étais occupée à essayer de niquer tout le monde à chat perché, qu’un type dont j’étais bien sûr folle amoureuse, m’a balancé : « Tu m’auras jamais, espèce de sorcière ! »
Je m’interrogeais. Pourquoi me traitait-il de sorcière ? Je n’avais pas de poireau, ni même de verrue. Ça n’avait aucun sens.
Alors, comme une enfant, je lui ai demandé pourquoi il me comparait à une bonne femme moche, qui passe son temps assise sur un balai.
Il m’a tout naturellement répondu : « T’as un grand nez de sorcière. »
Ni une, ni deux, je suis allée checker cette information dans les toilettes des filles. Pour la première fois de ma vie, je me suis regardée de profil.
Et là, le choc : il avait raison !
J’avais un grand nez. Mais sa longueur n’était pas le problème. Ce qui clochait, c’était son bout. Un machin cartilagineux qui tombait sur ma bouche quand je souriais, et venait gâter l’harmonie de mon visage.
J’avais l’air dur. Immédiatement, je me trouvais non pas moche, mais particulière.
Et je n’ai plus vu que ça. Pendant 11 ans.
Le temps a passé, et mon nez était un frein à ma vie sentimentale. Lorsque je parlais à un mec, je me grattais le nez, ou le couvrais d’une écharpe, pour qu’il ne puisse pas le voir. Ce qui est ridicule car il est AU MILIEU DE MA TRONCHE.
Difficile d’en faire abstraction.
Puis, j’ai eu une épiphanie.
Et si je le faisais refaire, ce truc qui m’handicapait tant ?
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Idée lumineuse ! Je suis allée voir ma mère, avec un plan d’attaque. J’en ferais des caisses, et me mettrais à pleurer pour qu’elle ait pitié, cède, et m’offre un nouveau nez de star américaine.
J’avais 14 ans, et étais bonne oratrice. J’arriverais à la convaincre.
Contre toute attente, je n’ai pas eu besoin de recourir à mes capacités de dramaturge.
Elle a très bien et très vite compris ma requête.
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Avec toute la douceur dont elle est capable, elle m’a confié :
« Ne te laisse pas abattre par un complexe. Cet attribut physique que tu détestes aujourd’hui, tu l’adoreras peut-être plus tard. Il te rend unique. »
Et d’ajouter :
« S’il te pourrit encore la vie quand tu auras 18 ans, je t’offrirai l’opération. Tu as 4 ans pour réfléchir, et changer d’avis. Et je suis persuadée que tu en changeras. Tu verras… »
Les années ont passé, me rapprochant toujours plus du but ultime : me débarrasser de ce cap, cette péninsule.
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Partout, j’essuyais les moqueries. De mes amis, qui le faisaient gentiment, pour me taquiner, aux connards dans la rue, qui venaient de se prendre un râteau de ma part. Et puis mes camarades de classe aussi.
Les enfants sont très imaginatifs. Ainsi, j’ai été un goéland pour certains, une mouette pour d’autres.
Une chose s’est alors mise à émerger chez moi. Le rire.
Les goélands, ça avait l’air d’être des types drôles. Et les mouettes sont moqueuses, en plus d’être gaulées. En vrai, ces animaux étaient cool et marrants.
Les blagues des autres avaient pour elles de taper dans le mille.
Moi qui suis habile pour trouver des sosies aux gens, je dois admettre que ces ressemblances étaient bien trouvées.
Et tout doucement, les remarques des autres ont commencé à me faire… hurler de rire !
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Avec la légèreté, avec la prise de distance, j’ai tout doucement commencé à décomplexer.
Putain, mais en fait c’était pas grave. C’était juste un nez ! Un élément essentiel à ma vie, en cela qu’il m’aidait à respirer.
Est-ce que c’est pas un peu truc sympa, quand même, de respirer ?
Il me fallait le chérir au lieu de le haïr, bon sang !
La réconciliation était amorcée.
Quand j’ai eu 18 ans, ma mère m’a posé LA question, le soir même de mon anniversaire. « Alors, que fait-on de ce nez ? »
J’ai souri. Elle a compris, elle a ri, et nous n’en avons plus jamais reparlé.
Ce nez, c’était le mien ! C’était ma différence. Celle qui faisait de moi une meuf unique.
Je m’acceptais enfin. Quel plus beau cadeau pour mon anniversaire ?
Depuis, les moqueries n’ont jamais cessé. Quelles soient tendres ou méchantes, bienveillantes ou vexantes.
Mais je ne me suis plus jamais laissée atteindre. Ce nez, je l’aime maintenant.
Je le brandis comme un doigt d’honneur tendu vers la connerie des autres.
Je m’en sers comme d’une arme pour trier. Les abrutis à gauche, tous les autres à droite.
Et les abrutis n’ont plus de poids désormais. Je ne les écoute plus. Ou plutôt si, mais j’offre un rire en réponse à leur bêtise. Car ce complexe a forgé mon humour.
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Ce nez fait la femme que je suis : fière, déterminée, et audacieuse.
Quand un homme me parle, je ne suis plus mal à l’aise.
Au contraire, je le défie du bout de mon appendice gigantesque.
Je le défie d’oser se frotter au caractère que j’ai forgé, à force d’encaisser les remarques des autres.
Maintenant, ce sont les hommes qui rougissent. Et j’adore ça !
Je n’ai jamais été aussi sexy. Mon complexe est devenu une arme, une épée.
La pointe de mon nez tombe toujours sur ma bouche, mais n’a plus jamais abimé mon sourire.
Parce qu’enfin, aujourd’hui, je suis heureuse d’être différente…
Et ceux qui sont pas contents, eh ben, je les emmerde.
J’ai également demandé à Kalindi de faire un retour sur cette expérience : témoigner et voir son nez illustré. Voici sa réponse !
ALORS ! Je ne m’attendais pas à être aussi bluffée. Honnêtement.
Je trouve toute la démarche de cet article passionnante, parce qu’on a un vrai échange toi et moi.
Entre mes mots et tes dessins, on a créé un petit quelque chose à nous, qui peut servir aux autres en plus, et j’en suis hyper émue.
Je peux pas dire que ça a levé mon complexe. Tout simplement parce qu’il s’est déjà bien évaporé au fil des années, comme je l’expliquais plus tôt.
En revanche, tu sais quoi ? Je le trouve beau mon nez, à travers tes yeux, et revisité par ton coup de pinceau.
Enfin, je le trouve beau tout court, et plein de caractère avec sa bosse légère et ses mille taches de rousseur.
Ce dessin, c’est moi. Indéniablement. On reconnaît tout, de mon regard à ma lèvre supérieure qui tombe un peu, comme si j’étais contrariée. Ça me plait énormément.
J’ai envie que tu me dessines en entier, que tu me fasses aimer chacun des petits complexes que j’ai. Tu veux bien, m’aider à m’aimer en entier, dis ?
Cet échange aurait pu s’arrêter là mais j’ai décidé de répondre à Kalindi :
Pour être tout à fait honnête, quand j’ai reçu ton mail, j’ai pleuré. Je ne m’attendais pas à ça non plus.
Tu as a mis en lumière ce que j’essaye de créer à chaque rencontre, à chaque témoignage. Une correspondance, un univers créé à deux, bien plus doux que celui qui nous entoure. Et le sentiment de beauté que tu décris, je le ressens à chaque fois. Je me dis : cette personne est magnifique. Tu es magnifique.
À défaut de dessiner chacun de tes complexes, je te fais une place oversize dans mon cœur.
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Comment participer à Corps à cœur Cœur à corps ?
Toi, oui, toi qui as lu avec attention. Toi qui as envie de dire à ton corps que tu veux enterrer la hache de guerre. Que même s’il y a des jours avec et des jours sans, ça serait déjà un premier pas de partager ton expérience.
Bienvenue dans Corps à cœur Cœur à corps !
Concrètement, si tu veux participer, qu’est ce que je te demande ?
Le témoignage sera en 2 parties : un texte et une illustration.
- Le texte, c’est toi qui l’écris : tu m’expliques ton rapport à ce(s) complexe(s), pourquoi tu as envie de changer de regard dessus, comment tu t’y prends…
- Pour l’illustration, j’ai besoin de 5 photos de cette partie de ton corps et/ou de ton corps en entier.
Tu peux les prendre seul·e ou avec un·e proche; l’essentiel est que ça soit ton regard avant de devenir le mien. Ça peut être un exercice difficile, j’en ai conscience, donc je laisse le plus de liberté possible ! Mise en scène, spontanéité… c’est toi qui vois.
Je choisis la photo qui m’inspire le plus et j’en fais une illustration.
Envoie-moi ça à lea.castor[at]madmoizelle.com avec « Corps à cœur Cœur à corps » en objet du mail !
Pour suivre Léa Castor, rendez vous sur Instagram et Facebook !
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
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