On peut ne pas avoir/vouloir d’enfant sans pour autant les détester, et être une sœur ou une copine sympa en offrant aux heureux parents l’opportunité de passer une aprèm en tête-à-tête. Voici quelques conseils pour que ça se passe bien.
Effectuer un stage d’observation avant de garder un enfant
Avant d’accepter la charge d’un enfant pour la journée, passe un moment avec lui en présence de ses parents. Observer l’animal dans son habitat naturel devrait te permettre de déjouer les pièges les plus évidents.
Tu apprendras par exemple qu’on ne sort jamais avec un enfant sans se munir d’un kit de survie comprenant a minima : une bouteille d’eau, un paquet de mouchoirs, et un truc à manger.
Et pendant que tu fourres tout ça dans ton sac, pense à dire à l’enfant de passer aux toilettes (sauf s’il est encore à l’âge des couches, évidemment). Ne lui demande pas s’il a envie d’uriner, intime-lui l’ordre de le faire.
Si tu oublies cette étape capitale, tu peux être sûre d’entendre “J’ai envie de faire pipi” environ 10 minutes après le départ de la maison/du cinéma/de la piscine, de préférence dans un endroit dépourvu de tout accès aux commodités.
Note qu’avant un certain âge (genre 15 ans), la capacité de rétention d’un enfant est extrêmement limitée. En général, tu n’as que quelques minutes pour agir entre le premier avertissement et l’accomplissement du besoin naturel.
Donc si tu ne veux pas avoir à gérer un déshabillage d’urgence au bord du caniveau ou un drame de pantalon mouillé, envoie l’enfant aux toilettes quand il y en a !
Vérifier la check-list pour gérer l’enfant
Prévois des vêtements adaptés, c’est-à-dire pas tes préférés, pas de textiles délicats (oublie ce pull en cachemire), pas de blanc. La période où l’enfant cesse de régurgiter sur ton pull (pas en cachemire donc) est immédiatement suivie par celle où il se mouche dans ton pantalon.
Lorsqu’on te remet l’enfant, pense à vérifier qu’il a bien été livré avec tous les accessoires nécessaires, de type doudou, tétine, serviette, éventuels vêtements de rechange, et poussette.
Si tu crois que la poussette est un truc plutôt simple, tu découvriras avec joie que l’enfant ne veut pas monter dedans quand ça t’arrangerait, qu’il veut monter dedans quand tu as négligé de la prendre, et que tu ne sais pas plier cet instrument du diable au moment de monter dans le bus (parce qu’il n’y a pas deux foutus modèles identiques et qu’ils ont chacun leur système de sécurité ultra sophistiqué).
Tu verras également que ce truc avec lequel les parents virevoltent élégamment en le pilotant d’une seule main a méchamment tendance à tirer du côté où le trottoir est en pente et à ne pas passer dans l’espace entre une poubelle et une trottinette.
Ne pas négliger la préparation mentale avant de passer une journée avec un enfant
Prépare-toi à être notifiée d’informations capitales aux moments les plus inattendus, du type “Toi, t’as des gros seins !” (heu… ok… et si tu mettais ta deuxième chaussure ?).
Attends-toi également à te faire soumettre des questions de types divers et variés :
- les questions que tu ne t’étais jamais posées (“Pourquoi les arbres ils sont en bois ?”)
- les questions dont tu connais la réponse mais que tu ne sais pas comment adapter à l’âge de l’enfant (“Pourquoi le ciel est bleu ?”)
- les questions que tu aurais préféré qu’on ne pose pas en public, ou en tout cas pas de manière si audible : “Pourquoi le monsieur il est marron ?” (Mais bon sang ! pourquoi tu demandes ça devant le facteur, alors que tu ne t’es jamais interrogé sur la couleur de tes camarades de classe ?!)
- les questions sans intérêt.
Ce sont les plus nombreuses et elles s’enchaînent sans fin :
— Pourquoi la voiture est arrêtée ? — Parce que la dame a quelque chose à faire. — Qu’est-ce qu’elle va faire ? — Elle met une lettre à la boîte. — Pourquoi elle met une lettre à la boîte ? Ad lib.
Répondre “Je ne sais pas” n’est en aucun cas une solution, tu t’exposes seulement à entendre : “Pourquoi tu sais pas ?”
Adapter son rythme à celui de l’enfant
Si tu penses que se rendre au parc deux rues plus loin est l’affaire de 5 minutes, tu risques de déchanter.
D’abord, tu as la phase préparation, qui te fera répéter cinq fois “Mets tes chaussures” car l’enfant aura trouvé n’importe quoi de plus intéressant à faire entre la première et la deuxième chaussette. (Et n’oublie pas de lui faire faire pipi !)
Ensuite, tu as le trajet à proprement parler, pendant lequel il conviendra de s’arrêter pour observer divers cailloux, feuilles mortes, ou crottes de chien. S’il y a des travaux sur le chemin, compte 10 minutes supplémentaires de fascination devant la pelleteuse.
Si tu commences à en avoir marre et que tu te réjouis à l’idée de pouvoir te poser sur un banc pendant que l’enfant vaque à ses occupations, tu fais preuve d’une naïveté confondante. Il est plus vraisemblable que tu sois sollicitée pour pousser une balançoire ou jouer à n’importe quoi qui va exiger que tu coures.
Et quand tu pourras enfin t’asseoir, ne t’attends pas à pouvoir tranquillement consulter ton téléphone, tu seras interrompue environ toutes les 15 secondes par “Regarde comme je monte haut !”, “Regarde le caillou que j’ai trouvé !”, “Regarde, je descends le toboggan la tête en avant !”.
Le trajet retour, lui, sera ponctué de “Je suis fatiguéeeee” sur un ton geignard à souhait, éventuellement additionné d’un “J’ai envie de faire pipi !”, qui te pousseront peut-être à finir la route avec l’enfant dans les bras, parce que finalement c’est plus rapide et moins pénible que de l’entendre se plaindre.
Si tu penses t’en sortir en proposant une activité plus calme, de type dessin, n’escompte pas voir cet instant se prolonger plus de 10 minutes. Au-delà de cette durée, l’enfant sera lassé et il te faudra lui proposer autre chose (ne compte pas sur lui pour prendre des initiatives, sauf pour faire un truc dangereux ou interdit).
Apprête-toi donc à : lire une histoire, faire une séance de chatouilles, jouer à la bataille, au memory et autres activités passionnantes. Tu verras, tu finiras par aller au parc.
Nourrir la bête l’enfant
Si tu passes plus de deux heures avec l’enfant, il faudra forcément l’alimenter à un moment ou un autre. Avec un peu de chance, tu n’auras qu’un goûter à fournir. Quelques gâteaux, un fruit et de l’eau devraient faire l’affaire.
Tu as oublié le goûter ou la sortie a duré plus longtemps que prévu ? Pas de panique, tu peux être la meilleure tante du monde en proposant d’aller à la boulangerie et de prendre “ce que tu veux dans cette vitrine” (vise les viennoiseries, parce que le mille-feuilles ça risque d’être compliqué).
Avec un peu de chance, l’enfant peut découvrir un truc inédit et tout le crédit t’en reviendra (la tête de l’enfant qui découvre que son muffin a un coeur Nutella, ça n’a pas de prix).
Si tu envisages un vrai repas, il est préférable d’avoir songé à la question au préalable et d’avoir fait agréer ta solution par les parents, l’enfant n’ayant pas nécessairement la même définition que toi de la bonne cuisine. Pense à bannir tout ce qui a un goût trop fort, trop acide, trop amer, trop pimenté, trop… goûtu.
N’hésite pas à profiter du fait que cette journée est exceptionnelle et que tu n’as pas de rôle éducatif pour proposer un repas peu équilibré mais réjouissant. Le fast-food est une option (si en plus il est pourvu d’une aire de jeux, tu peux gagner une bonne tranche de repos dans une délicate odeur de friture).
Si tu vises quelque chose de plus satisfaisant pour tes papilles, la plupart des endroits où l’on peut se restaurer proposent des menus enfant, ce qui te permettra de déguster ce que tu veux pendant que l’enfant ingurgitera avec joie steack-frites-glace-grenadine. Le pique-nique peut également être une bonne solution (manger avec les doigts sans devoir être assis à table, c’est être liiiiiibre !).
Faire le bilan de la journée passée avec un enfant
Quand tu rendras (enfin !) l’enfant à ses géniteurs, n’hésite pas à lui faire faire le compte-rendu de sa journée. Tu découvriras avec intérêt que la meilleure activité du jour, c’était prendre le bus, que chez toi on mange trop bien (poisson pané et épinards surgelés) et que la moindre de tes erreurs a été relevée et balancée sans pitié aux parents goguenards (“Et elle sait même pas plier la poussette !”).
Mais au moment où tu t’en iras, tu sentiras peut-être deux menottes poisseuses enserrer ta jambe et une petite voix dire “Tu sais, je t’aime très beaucoup fort !”, et tu seras payée de tous tes efforts.
Mon conseil : prévoir une journée de RTT pour s’en remettre.
Et toi, quels sont tes conseils pour gérer un enfant pendant une journée ? Viens en parler dans les commentaires !
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