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Voyages

Notre voyage au Paraguay, un pays heureux — Carte postale

Laura et Valentin traversent l’Amérique du Sud en stop depuis septembre 2016. Ils nous racontent leur étape au Paraguay.

Si tu veux partager ton expérience d’un pays, d’une ville, d’un aspect culturel (objet, tradition, plat, fête etc.) qui t’a marqué au cours d’un voyage, écris-moi à cette adresse :

jaifaitca [at] madmoizelle.com !

— Publié le 6 août 2017.

Il paraît que le Paraguay est le pays où les habitants sont les plus heureux du monde.

C’est avec cette seule information que nous y entrons après avoir visité les chutes d’Iguazu, un spectacle grandiose près de la triple frontière entre le Brésil, l’Argentine et le Paraguay.

Grandiose, on vous dit

C’est comme si nous faisions enfin notre véritable entrée dans l’Amérique du Sud telle que nous nous l’imaginions. Jusque-là, le Chili, l’Argentine, l’Uruguay et le Brésil nous avait paru assez occidentalisés, très imprégnés de la culture européenne et nord-américaine.

Mais le Paraguay défend farouchement sa culture locale, ce qui se ressent d’abord par les langues officielles : l’espagnol…

Mais aussi et surtout le guarani, langue amérindienne pratiquée par les trois-quarts de la population.

À notre arrivée, le choc culturel est immédiat : des rues peu entretenues, des stands de nourriture, d’électronique et de vêtements partout, des vigiles avec des fusils à pompe à l’entrée des magasins, des vendeurs qui nous proposent de la cocaïne en douce…

Nous reconnaissons bien Ciudad del Este telle que décrite par les médias : bruyante, chaotique et quelque peu dangereuse.

Mais voilà. Après plus d’un mois au Paraguay, ce souvenir n’est plus qu’une anecdote.

Cet État est bien plus qu’un magasin bon marché où faire ses courses avant de retourner dans les pays voisins.

Des parcs nationaux rien que pour nous au Paraguay

Le pays est si peu touristique que nous nous retrouvons plusieurs fois seuls dans les parcs nationaux qui parsèment le pays — superbes, difficiles d’accès et très peu aménagés.

Notre première randonnée nous a permis de nous rendre au sommet de la cordillère la plus haute du pays : 842 mètres d’altitude. Non, ça ne fait pas beaucoup, et le reste du pays est très (très) plat.

La moindre colline nous offre donc un panorama parfait de la campagne environnante et les randos restent relativement raisonnables en terme de montée !

En chemin, sur les 15 kilomètres qui nous séparent du sommet, nous ne croisons qu’un couple d’Espagnols et un fermier attendant un camion de ravitaillement.

Après Iguazu et ses nombreux touristes, ici au moins, la tranquillité et le silence sont au rendez-vous !

Des parcs nationaux éblouissants de beauté

Lors d’une autre randonnée, au Cerro Cora, on se serait cru les premiers à passer sur le sentier peu emprunté, à traverser les marécages avec de l’eau jusqu’aux chevilles et à se battre avec les herbes hautes.

On y croise des traces de pumas toutes fraîches — autant vous dire, on hésite entre les chercher et courir au plus vite à l’opposé.

La vue de la colline y est également époustouflante : une immensité d’arbres et des flancs de collines dégoulinant de couleurs, du vert intense au rouge terreux.

Euh… On prend une photo et on part de l’autre côté ?

Plus tard, dans le Chaco Paraguayo dit « l’impénétrable », c’est le même topo : nous et la nature.

Cette zone plus ou moins désertique qui occupe près de la moitié du pays regorge d’une faune incroyable.

Des animaux qui paraissent venir de la Préhistoire, comme les tatous et les fourmiliers géants, y traversent les routes, et avec un peu de chance on pourrait même y croiser jaguars ou tapirs.

On peut y observer des oiseaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs, comme les flamants roses qui viennent pondre chaque année dans les petites lagunes d’eau salée.

La flore n’est pas en reste : des cactus immenses et des arbres en forme de bouteille sont disséminés un peu partout.

Un arbre-bouteille, typique du Chaco

À lire aussi : Un pays où la nature est reine – Carte postale du Venezuela

Voyage au Paraguay : une semaine avec les Mennonites

Le saviez-vous ? Une communauté religieuse, les Mennonites, habite en plein milieu du désert paraguayen…

Créée au XVIe siècle en Europe et rapidement persécutée, elle s’est réfugiée au Canada et en Russie, mais s’est vu chasser de nouveau jusqu’au Paraguay dès 1927.

Depuis leur arrivée, le désert du Chaco, terrain hostile à toute implantation humaine, s’est transformé en un paradis pour agriculteurs, au grand regret des écologistes. Nous y avons passé plus d’une semaine, à découvrir leur histoire, leur culture, leur manière de vivre…

Un véritable monde à part.

Ces personnes parlent un dialecte formé de flamand et de vieux-prussien, le plautdietsch, sont organisées en coopérative, prêchent la sobriété et la non-violence, mais vivent de l’agriculture et de l’élevage de bétail (une ironie pour les véganes que nous sommes).

Elles roulent dans de grosses voitures, achètent de la bratwurst, ont des cuisines avec frigos américains et mettent un point d’honneur à construire des trottoirs immenses et rectilignes avec des pistes cyclables protégées dignes d’Amsterdam.

Imaginez tout ça dans un pays où la majorité des gens roule sur de petites motos sans casque ni plaque d’immatriculation, où les routes sont pleines de trous et de bosses, et où le salaire minimum est à 300€…

C’est un peu déconcertant.

On y a profité d’un gaufrier made in Germany pour déguster des gâteaux en forme de cœur, avec du sirop d’érable et du beurre de cacahuète… On en oublierait presque où on était !

La légende raconte que les Mennonites ont acheté leur première terre aux autochtones en échange d’un pantalon rouge.

Mais à les écouter, ce sont leurs valeurs et leur goût pour le travail qui leur ont permis de créer leur richesse… et eux d’ajouter avec une xénophobie à peine voilée : « contrairement aux personnes d’ici ».

Avec près de 50°C l’été, c’est vrai que nous, on préfèrerait faire comme de nombreux Paraguayens : s’asseoir sous un arbre et savourer un téréré glacé, une sorte d’infusion froide locale à boire à la paille, mais aussi un vrai rituel à partager entre amis.

Une croisière pas comme les autres au Paraguay

C’est à Concepción que nous montons à bord de l’Aquidaban, un petit bateau de marchandises qui remonte le long du fleuve pendant trois jours pour ravitailler les villages de la rive, coupés du monde.

Faute de choix, c’est également le moyen de transport de ses habitants !

C’est là que nous avons eu nos premières discussions avec de véritables Paraguayens de la campagne, et il faut avouer que les différences culturelles sont tangibles : on nous demande si le gouvernement finance notre voyage ou si nous venons en mission religieuse, et lorsque nous expliquons notre athéisme, le regard se détourne, incrédule.

À l’intérieur du bateau, le peu d’espace disponible est occupé par les marchandises, organisées en une dizaine d’épiceries qui ne ferment jamais.

Deux pommes pour un euro, ça vous dit ?

Les passagers utilisent les bancs restants pour tenter de dormir quelques heures et les plus chanceux ont réussi à réserver un hamac ou même une cabine pour se reposer.

Notre bateau dans la brume du petit matin

La journée commence avec un lever de soleil inoubliable, l’odeur des empanadas du petit déj’ et le remue-ménage du bateau qui se réveille.

Puis on commence à boire du téréré, en essayant de repérer les caïmans et les toucans sur la rive…

Et ce jusqu’à ce que la nuit tombe dans un spectacle magnifique. La nuit, on admire les étoiles sur le pont avant de retourner sur son banc pour dormir tant bien que mal.

Les petits perroquets verts qu’on observe du bateau

Côté confort et hygiène, passez votre chemin ! Vous n’y trouverez pas non plus de respect de l’environnement et n’essayez pas de savoir si les normes de sécurité y sont respectées…

Ici, on donne place à une vraie aventure humaine, aux rencontres improbables et inoubliables.

Tout cela pour moins de 50€ !

La nourriture bon marché au Paraguay

En parlant d’argent (appelez-nous Josie et José-transition), le Paraguay a été le premier pays où les prix nous ont semblé abordables.

En effet, le sud du continent est beaucoup plus cher, et le Brésil n’est pas en reste.

Si les vêtements, chaussures et l’électronique semblent également bon marché, attention à la contrefaçon : les appareils achetés hors magasin tombent en panne après quelques mois, les vêtements ne survivent pas aux machines et les chaussures ont souvent des défauts de fabrication.

Les marchés sont à bas prix : pour un euro, vous pourrez déguster un ananas juteux et sucré, un kilo de cacahuètes locales, une douzaine de bananes, un kilo de pain, une empanada ou encore une chipa (sorte de pain au fromage que l’on trouve partout).

Pour le même prix, vous pourrez également vous rafraîchir dans une petite brasserie avec une des deux boissons les plus populaires : une bière ou un coca.

Les petits ananas paraguayens, un vrai délice

La nourriture locale est généralement très riche en gras et en farine, et très peu vegan-friendly.

Nous avons cependant pu goûter la fameuse « sopa paraguaya » (littéralement « soupe paraguayenne » pour ceux qui ont fait allemand LV2) dans un restaurant ayant adapté les recettes traditionnelles pour les véganes…

Eh bien ce n’est pas du tout une soupe, mais plutôt un soufflé à la farine de maïs ! Passé l’étonnement, c’était absolument délicieux.

La fameuse « soupe paraguayenne »

Le Paraguay, frustrant pour le backpacker

Le Paraguay, pour nous, c’est aussi l’histoire d’une frustration.

Le pays étant très peu touristique, il est très compliqué de trouver des informations sur Internet à propos des sites à visiter, mais aussi comment y accéder.

Les offices de tourisme sont très disparates et la qualité des renseignements récoltés dépend beaucoup de la personne à qui vous parlez.

Il est donc incontournable de demander directement aux locaux, qui n’ont pas tous la même manière d’envisager le voyage

Par exemple, quelques uns nous ont recommandé Encarnación, vantant ses mérites de ville presque « européenne ».

Autant vous dire que ce n’est pas ce qu’on recherche, et que nous avons décidé de ne pas faire de détour pour visiter la cité, même si les ruines jésuites de la région (inscrites au Patrimoine Mondial de l’UNESCO) valent apparemment le coup.

Les infrastructures ne sont pas non plus adaptées à notre manière de voyager, en mode sac à dos et auto-stop.

Les voitures se font rares une fois passées les villes principales, et même les bus ne prennent que les grandes routes.

C’est donc avec regret que nous renonçons à accéder à de nombreuses escapades en campagne, faute de véhicule pour nous y amener.

D’un autre côté, il est possible d’accéder à des endroits improbables, comme la ville militaire de Mariscal Estigarribia, où il n’est pas nécessaire de montrer patte blanche pour entrer dans la base ou aller marcher sur la piste de décollage.

À l’intérieur, les vaches et les chevaux se promènent tranquillement, les enfants jouent dans les rues ! On est loin de notre état d’urgence…

Nous sommes aussi restés bloqués une semaine avant de pouvoir visiter les lacs salés du Chaco à cause des conditions météo (il a plu des trombes) (dans un désert) (même les locaux disent que ce n’est pas normal).

Et une fois arrivés… Les centaines d’oiseaux qui devaient s’y trouver avaient disparus, chassés en avance par la pluie.

Les lacs salés du Chaco, sans ses oiseaux…

Malgré ces petites fausses notes, on retiendra surtout la beauté des paysages, la chaleur moite du Pantanal et l’improbable pluie torrentielle du désert du Chaco.

Mais aussi la diversité des visages rencontrés sur notre route, l’histoire fascinante des guerres et des colonies, l’accent imprégné de guarani, une faune et une flore semblant venir tout droit d’un autre monde, ainsi que l’hospitalité de ses habitants.

On ne compte plus le nombre de fois où on nous a invités à dormir ou à manger…

Ici chez un garde forestier curieux, là chez une douanière en manque de compagnie, ou encore chez un guide touristique généreux.

Et finalement, on vous confirme que oui, le Paraguay est un pays heureux.

Si la qualité de vie n’est pas comparable à celle de la France, les sourires qu’affichent les habitants toute la journée et la tranquillité sereine des villes et des villages que nous avons traversés ont fini de nous convaincre et de nous enchanter.

À lire aussi : Je suis assistante de français à Medellín, en Colombie — Carte postale

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Les Commentaires

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Avatar de Ada Lovelace
27 juillet 2018 à 16h07
Ada Lovelace
Je n'ai été au Paraguay que 48h, en voyage en Argentine et en Bolivie, nous y avons fait une escale imprévue. Nous n'avions pas du tout regretté, nous avons passé la soirée dans une petite ville près d'Encarnacion où nous avons rencontré une famille qui nous a fait découvrir la vie locale. Je me souviens que nous étions passé à la télé locale qui filmait une fête, un groupe d'une douzaine de touristes qui passait par là, c'était un peu improbable

Par contre les mennonites, j'avoue qu'à chaque fois que j'en ai croisé, ils m'ont mis vraiment mal à l'aise.
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