J’aime pas trop Blanche-Neige. Rapport à sa passivité, sa naïveté. Rapport au fait que tout tourne autour de la beauté physique. Rapport à Un jour mon prince viendra, à Siffler en travaillant. Rapport à « oh-tiens-une-vieille-hideuse-me-tend-une-pomme-et-si-je-la-mangeais ! ». Et aussi rapport à « oh-tiens-une-fille-dans-un-cercueil-et-si-je-l’épousais ? ».
Soyons honnêtes, elle est un peu concon, la Blanche-Neige. Et soyons encore plus honnêtes, le conte vend pas du rêve en barre niveau « place de la femme dans la société ». Blanche-Neige et le Chasseur, c’est la même histoire à la base : la belle-mère, le miroir, la beauté, la jalousie. Sauf que ça se corse un peu. Parce que Blanche-Neige a décidé de ne pas se laisser faire. D’abord, elle s’échappe. Ensuite, elle fait ami-amie avec le mec qui est censé la tuer. Enfin, elle monte une armée pour déloger l’imposteure. Ouais, gros !
Ça marche pas mal. Les décors, les costumes et les accessoires ont été travaillés, le scénario bien goupillé avec de nombreuses références au récit original. C’est amusant d’ailleurs de compter les clins d’œil faits au dessin animé de 1937. Mi-conte de fée mi-film épique d’action médiévale, Blanche-Neige et le Chasseur met l’accent sur les personnages, leurs forces, leurs faiblesses et leurs motivations. La situation est complexifiée à mesure que leur caractère est mis en lumière et l’on y parle de choses tout à fait actuelles telles que la séduction, le friendzoning
, la dictature de l’apparence ou l’impact psychologique de l’abus de crème anti-rides sur les femmes qui refusent de vieillir.
On retrouve pour ce film le même producteur qu’Alice au Pays des Merveilles version 2010 (en même temps, c’est un peu le même principe donc ce n’est pas vraiment étonnant). Le réalisateur, Rupert Sanders, est complètement inconnu au bataillon ce qui coupe court à toutes sortes de comparaisons douteuses avec le reste de son travail. Ce n’est pas plus mal, du coup on apprécie sans arrière-pensée des images qui, sans parler de génie cinématographique, servent la narration par leur rythme, leur angle et leur lumière et sont bien assorties à une B.O. fidèle au genre.
Le casting, par contre, est un peu plus célèbre. Dans le rôle-clef, Kristen « Bella » Stewart essaie encore, après sa participation à Sur la Route, de se dépatouiller tant bien que mal de son image d’ado à vampires. Elle est un peu chétive en harangueuse de foule mais donne des traits crédibles à une Blanche-Neige tout en fragilité et détermination. D’aucuns diraient qu’elle manque un peu de joie et de sourire mais c’est la guerre, ma bonne dame. Chris « Thor » Hemsworth a troqué son marteau de dieu scandinave pour une paire de haches et un pichet d’hydromel. Il campe un chasseur ambivalent tourmenté par les fantômes du passé dont le personnage a spécialement été étoffé pour l’occasion. Charlize « Dior » Theron est exécrable en Reine-Sorcière obsédée par la beauté et la jeunesse ; elle est froide et impitoyable, insensible et sans cœur. Le scénario prend le temps d’expliquer la genèse de cette figure maléfique, ce qui lui donne de la substance.
Au final donc, c’est un film d’action distrayant qu’on ne va pas voir pour le jeu des acteurs, bien que celui-ci soit tout à fait dans le ton et ne le desserve pas. On y va parce que c’est cool de voir Blanche-Neige sans son plumeau et qui monte à cheval. On y va pour le symbole de la jeune fille qui déchire son costume de princesse et qui s’affirme en tant que femme pour atteindre ses objectifs et devenir une reine. C’est notre lot à toutes, non ?
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Les Commentaires
Kristen Stewart (qui nous livre son plus beau jeu de tire la gueule), plus belle que Charlize Theron ?
Me demande se qu'ils vont faire niveau scénario pour le 2ème opus ! Est-ce qu'on pouvait plus s'éloigner de l'histoire originale ? Non visiblement