Aujourd’hui, je vous présente un magnifique album qui m’a valu d’avoir Comme un homme dans la tête pendant environ trois semaines : La Ballade de Mulan de Chun-Liang Yeh et Clémence Pollet aux éditions HongFei.
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Retour vers le coeur de la légende
Lorsque son père est appelé pour faire la guerre, Mulan décide de prendre sa place. Malgré les appels lointains de ses parents pour qu’elle revienne auprès d’eux, elle combat les ennemis pendant près de douze années. Lorsque la guerre s’achève, les soldats sont reçus par l’Empereur, qui exaucent tous leurs voeux. Mulan ne réclame qu’un cheval pour repartir dans son pays natal. De retour chez elle, elle ôte ses habits de soldats pour revêtir sa robe d’autrefois, sous la stupéfaction de ses compagnons d’armes, qui découvrent alors que le valeureux soldat avec lequel ils ont combattu était une femme.
L’histoire de Mulan est une ballade traditionnelle en Chine qui remonte au quatrième siècle. Les enfants l’apprennent à l’école comme on apprend ici les poèmes de Jacques Prévert. L’héroïne fait partie intégrante de leur culture, tandis que pour nous autres Européen•ne•s, elle nous est surtout familière grâce à l’adaptation de 1998 par Disney !
Balayées, les histoires d’amour superflues
Avec cet album, on opère un retour vers le cœur de la légende.
Balayées les histoires d’amour superflues, ici on en revient à l’essence même du mythe, à savoir l’affirmation d’indépendance et le courage d’une jeune femme qui, par amour pour sa famille, prend de son propre chef une décision qui pourrait être lourde de conséquences.
Beauté du message et de l’objet
Au quatrième siècle en Chine, on parlait déjà des questions de genre ! Femme indépendante et aimante, Mulan est en plus courageuse, vaillante, capable de combattre… bref, des qualités que l’on attribue plutôt aux hommes. Mulan remet en question les stéréotypes de genre, et invite ses compagnons d’armes, après avoir provoqué chez eux la stupeur, à l’humilité. Cela ne l’empêche pas pour autant de porter une robe, d’ajuster ses boucles, et de coller une mouche jaune sur son front à son retour, montrant au passage que la coquetterie n’est pas contradictoire avec la bravoure.
La Ballade de Mulan est un objet splendide, un grand livre où les illustrations de Clémence Pollet (qui utilise la technique de la linogravure, pour les initié•e•s ; pour les autres, retenez surtout qu’il y a le mot « gravure » dedans) sont à la fois épurées et remarquables par leur précision. Le texte, concis puisqu’il hérite de la ballade, est complété par ces illustrations, qui apportent des éléments implicites à l’histoire avec beaucoup d’intelligence et de subtilité.
Pour ne rien gâcher, l’album est imprimé sur un très beau papier épais (Munkun, toujours pour les initié•e•s) qui achève de faire de lui un « beau livre ».
La ballade de Mulan a beau être une histoire vieille de plusieurs siècles, elle véhicule des valeurs incroyablement modernes, en questionnant des sujets qui entrent en résonance avec nos préoccupations actuelles. Ça donne un album libéré de tout romantisme cliché, qui est une véritable source d’inspiration et d’enchantement quel que soit notre âge !
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Les Commentaires
Alors je crois pouvoir affirmer sans dire trop de bêtises que les plaques étaient à peu près de la dimension du livre (un beau bébé de 25x34cm) voire peut-être un petit peu plus grandes. Mais en fait sur certaines pages ce sont des "bouts" de plaque : les différents détails, motifs, sont assemblés (par exemple la page qui commence par "Père n'a pas de fils...", chaque motif correspond à une plaque indépendante).