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Le rappeur Lil Nas X dans le clip "MONTERO (Call Me By Your Name)"
Société

Avec ses looks flamboyants, Lil Nas X explose la follophobie dans « Montero (Call Me By Your Name) »

Dans son nouveau clip loufoque, le rappeur noir et queer Lil Nas X va au plus profond de lui-même trouver l’acceptation de soi. Et s’affranchit de l’injonction à performer la masculinité hégémonique.

Si les paroles semblent parler de plans cul plus ou moins anonymes entre personnes encore dans le placard, le nouveau clip MONTERO (Call Me By Your Name) de Lil Nas X raconte une toute autre histoire. Le rappeur noir et ouvertement queer y enchaîne les looks toujours plus flamboyants dans un univers loufoque, peuplé de doubles de lui-même.

Du Paradis aux Enfers, la longue route de l’acceptation de soi selon Lil Nas X

D’abord sous un arbre façon jardin d’Eden sous acide, un néo-Adam habillé d’un académique (combinaison moulante intégrale que les anglophones appellent catsuit) pailleté cède à la tentation d’un serpent. Puis il se retrouve jugé au Purgatoire, avec une écharpe en fourrure rose bonbon et un pagne en résille de métal…

Avant de tomber aux Enfers, en petit boxer et cuissardes de cuir verni, le long d’une barre de pole-dance, pour y séduire le Diable par une lapdance et finir par l’écorner avant de le remplacer.

https://twitter.com/LilNasX/status/1375325308123979779?s=20

Pour le grand public, ces images peuvent paraître déroutantres. Mais pour beaucoup de personnes queer, a fortiori racisées, cela apparaît comme un hymne à l’amour-propre, que l’artiste a pris le soin d’expliquer par une lettre publiée sur Instagram accompagnant la sortie du clip le 26 mars 2021 :

« Cher Montero [le véritable prénom de Lil Nas X] de 14 ans, 

J’ai écrit une chanson avec ton prénom dedans. À propos d’un garçon rencontré cet été. Je sais qu’on s’est promis de ne jamais sortir du placard publiquement, de ne jamais devenir CE type de gay, de mourir avec ce secret, mais cela va ouvrir des portes pour beaucoup d’autres personnes queer. J’ai peur, car je sais que des gens vont être en colère, dire que je sers un agenda politique. En vérité, c’est ce que je fais. Ça fait partie de mon agenda d’inciter les gens à cesser de se mêler de la vie des autres pour leur dicter comment ils doivent se conduire. Je t’envoie de l’amour depuis le futur. »

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La force de Lil Nas X, un artiste noir, ouvertement queer et mainstream

Forcément, on se dit que ce garçon rencontré cet été n’est autre que lui-même… Depuis son coming out public à l’été 2019, Lil Nas X semble explorer librement son identité et expression de genre, avec toujours plus de flamboyance. Une affirmation de soi qui fait un bien fou à beaucoup de personnes queer à travers le monde ! Un twitto canadien écrit notamment :

« Je suis très ému, là… Cela me réchauffe le coeur de voir Lil Nas X, un garçon gay noir, être 100%, authentiquement, lui-même. C’est génial. »

En France, l’artiste de danse voguing Noam Sinseau, personne queer non-binaire de 22 ans, décrypte pour Madmoizelle ce que ce clip peut vouloir dire pour les personnes noires et LGBTQI+ en particulier : 

« Avec son coming out qui accompagnait l’immense succès de son single Old Town Road, Lil Nas X est devenu le premier artiste à la fois complètement mainstream et ouvertement out. Aussi talentueux soient-ils, des artistes comme Frank Ocean ou Zebra Katz n’ont pas un tel niveau de popularité, et donc pas autant d’impact sur les mentalités du grand public. »

Retourner le stigmate de passer pour une folle quand on est noir, gay et efféminé

Hymne à l’amour-propre, MONTERO (Call Me By Your Name) résonne particulièrement fort pour les personnes qui ont galéré à s’accepter comme elles sont à cause de violences sociales structurelles, comme le racisme et l’homophobie, poursuit l’artiste de la ballroom scene auprès de Madmoizelle :

« On peut s’arrêter au fait qu’il roule des pelles à lui-même, mais ça va bien plus loin que ça. Il embrasse différentes facettes de son identité, y compris celles qu’il a pu enfouir et refouler au plus profond de lui-même.

Ce qu’il avait diabolisé, “that type of gay” comme il l’écrit sur Instagram, c’est les personnes queer les plus flamboyantes, celles que la société stigmatise le plus durement. Dans ce clip, Lil Nas X retourne ce stigmate : “Vous nous traitez d’enfants de Satan parce qu’on est LGBTQI+ ? Je vais transformer cette insulte en art empouvoirant.” »

Au double stigmate d’être noir et gay, affirmer une expression de genre perçue comme féminine peut ajouter une couche de marginalisation supplémentaire. C’est ce qu’on appelle la femmephobia : le rejet des expressions de genre les plus féminines émanant de personnes queer. Dans le cas spécifique des gays, on peut parler plus précisément de follophobie, soit le rejet des « folles », les hommes les plus efféminés.

Assigné garçon à la naissance, Noam affirme aujourd’hui une expression de genre plutôt féminine, et subit beaucoup de follophobie et de femmephobie. C’est aussi pour ça qu’il apprécie tant la démarche de Lil Nas X : 

« Depuis son coming out, Lil Nas X semble en faire toujours plus pour exploser les carcans cis-hétéronormatifs de la société. Surtout qu’en tant qu’homme noir, l’injonction à devoir performer une expression de genre dite virile peut être encore plus lourde, y compris chez les gays.

Des artistes perçus comme cis-hétéros à l’instar de Harry Styles ou Bad Bunny vont être célébrés par beaucoup de médias à la moindre once de féminité comme s’ils redéfinissaient les codes du genre. C’est bien, mais ils ne subissent pas le racisme et l’homophobie que se tape Lil Nas X, par exemple. »

Aussi réjouissant Montero (Call Me By Your Name) soit-il, cela reste un clip — qui ne résoudra sans doute ni le racisme, ni les LGBTphobies, même s’il enrichit les possibilités de représentations. Dans la réalité quotidienne des personnes ordinaires, il serait bien difficile d’assumer une telle expression de genre, comme le sait bien Noam, qui conclut ainsi :

« C’est génial de voir Lil Nas X s’habiller et se comporter comme ça le temps d’un clip, mais dans ma vraie vie de personne noire, non-binaire, effeminée, je me reçois des insultes et des agressions physiques, même en plein Paris. La France est-elle prête à voir un artiste national, noir et queer comme Kiddy Smile devenir mainstream, par exemple ? Il y a encore énormément de chemin à parcourir. Mais on va le faire. »


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Les Commentaires

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Avatar de Neverland90
30 mars 2021 à 22h03
Neverland90
[HS]Mila a eu des propos problématiques, mais ça reste une adolescente et somme toute une personne très jeune qui a été victime de harcèlement homophobe.

Après, ne plus donner d'attention à un artiste pour une raison ou pour une autre ça reste un choix personnel. Je pense que tout le monde, à un moment donné de sa vie, a eu des propos problématiques parce qu'on vit justement dans une société ou c'est compliqué de se déconstruire.

Quant aux accusations d'islamophobie, Lil Nas X a littéralement fait un clip sur le Diable sans compté sa vente de basket, il a reprit sûrement cette phrase homophobes que tous les conservateurs chrétiens aiment dirent "les gays vont en enfer". Donc forcément, faut pas s'attendre à ce qu'il dise du bien des autres religion non plus.

Je ne veux pas paraître désagréable mais les trois religions monothéiste principale ont causé divers génocides, du racisme, de l'anti-sémitisme, du patriarcat, du sexisme, des féminicides, de la légitimation de la pédo-criminalité, de l'homophobie... Chaque personne a son histoire avec une de ces religions et parfois certaines d'entre elles faisant partie d'une des minorités a un coup de colère et blessent au passage des membres d'une religion. Ces crimes sont toujours d'actualité dans certains pays même si le rôle qu'à joué les religions s'est effacé notamment dans les pays occidentaux. Mais les conséquences sont restées.

Après, le fait aussi qu'il soit un rappeur joue beaucoup et vu qu'il utilise la stratégie du bad buzz, forcément qu'il y aura des gens contre lui.

Évidemment, le fait qu'il s'exprime donne le droit aux gens de le critiquer. Mais quand je vois la réaction atroce des conservateurs américains suite à son dernier clip, je me dis heureusement que l'athéisme et le droit au blasphème existe. C'est glaçant.
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