1. Akhenaton, c’est le taulier
J’ai beau chercher, nous avons devant nous la discographie la plus étoffée de l’histoire du rap en France. Faisons les comptes : Je suis en vie est le cinquième album solo du sieur. Ajoutez à ça sept albums avec IAM, deux mixtapes toujours avec le groupe, les B.O. qu’il a élaborées (et qui lui ramèneront un César en 98 pour Taxi), ses projets annexes tels que ses deux films (Comme un aimant et Contes de la frustration), son album avec Faf Larage… Je ne vous parlerai pas de ses faits d’armes en tant que producteur, parce que sinon on en a pour la nuit.
Bref, quand le monsieur sort un disque, on a tendance à l’écouter.
2. Ça faisait longtemps
Le dernier album solo de Chill remonte à 2006, avec Soldat de fortune. Ce disque avait laissé les amateurs sur leur faim, malgré quelques moments de grâce. L’apogée de l’album à l’époque est bien évidemment La fin de leur monde, morceau péplum de 10 minutes en compagnie de Shurik’n (son binôme dans IAM), après lequel on avait envie de se mettre une corde au cou en se disant qu’on vit vraiment dans un monde de merde.
http://youtu.be/qS6ZKzNvKas
Entre-temps, il y a eu trois albums d’IAM, un concert au pied des pyramides de Gizeh, le départ d’un membre du groupe (Freeman)… Alors bon, je suis bien curieux de le retrouver solo pour savoir ce qu’il a à raconter !
3. Akhenaton, c’est le doyen
Eh oui : mine de rien, du haut de ses 46 ans, Akhenaton doit faire partie des rappeurs les plus mûrs que nous ayons en France. Je sais, la formule est pompeuse, mais va trouver une façon élégante de dire ça…
Face à cette espèce de jeunisme que l’on peut trouver dans cette musique, Akh a l’image d’un pilier inébranlable. Comme il le disait sur L’école du micro d’argent : « Quand tu allais, on revenait
». Et c’est tant mieux.
C’est avec sa perception « d’ancien » qu’il a la justesse de nous parler dans ce disque. Un point de vue inédit dans le rap français, pas forcément toujours accessible à la première écoute. Mais là encore, remercions-le de ne pas diluer sa musique. Il faudra plusieurs écoutes pour saisir toutes les subtilités de son écriture, et c’est tant mieux.
4. Le choix des invités
Tant qu’on parle d’écriture, arrêtons-nous sur les featurings de l’album, parce que là aussi, ça envoie du bois ! À commencer par R.E.D.K., rappeur du groupe Carpe Diem, auteur de l’excellent disque Chants de vision en début d’année — un mec qui maîtrise son sujet de manière magistrale, tout en flow et en métaphores.
Ensuite, nous avons Veust Lyricist, un monstre de la rime qui officie dans l’entourage d’Akhenaton depuis plus de 15 ans, et qui nous livre un Highlander ravageur. Passons rapidement sur Shurik’n, l’ami de toujours, et découpeur de son état, pour finir avec Faf Larage et Perso, deux rappeurs ultra sous-estimés, réunis sur le track Dezolation.
Notons enfin la présence de Meryem Saci sur Hi Tech Love. Plus qu’un featuring, c’est carrément un morceau à part entière et fait par elle seule auquel nous avons affaire. Akhenaton a trouvé le titre cool comme ça, donc il n’a pas jugé utile de se poser dessus. Détendu, le monsieur.
5. Le titre Souris, encore…
De mémoire, jamais la relation père/fille n’avait été traitée de cette manière dans le rap. Un père qui accepte tant bien que mal de voir sa fille grandir, à la fois inquiet et plein d’espoir, culpabilisant presque son côté protecteur. Comme si, pour exorciser la situation, Akhenaton avait décidé de coucher tout ça sur papier. Si bien qu’on se demande s’il ne se parle pas à lui-même à travers ce qu’il dit à sa fille…
Bref, Je suis en vie est disponible depuis le 3 novembre dernier, et avouons-le, c’est quand même bien chouette de retrouver le patron !
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Les Commentaires
Bref j'aime beaucoup ce mec aussi bien humainement que musicalement !