Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Agathe qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom d’emprunt : Agathe
- Âge : 37 ans
- Métier : responsable urbanisme dans une mairie
- Famille : Agathe, mère solo, et ses deux enfants de 4 et 8 ans
- Salaire mensuel : 2 900 euros net après prélèvement à la source
- Lieu de vie : à la campagne dans l’ouest de la France, dans une maison qu’elle a achetée
Les revenus d’Agathe
Agathe est mère en solo : elle est séparée du père de ses deux enfants, de 4 et 8 ans, depuis deux ans et demi. Ils fonctionnent en garde alternée. Agathe est à nouveau en couple depuis six mois.
Elle exerce le métier de responsable urbanisme dans une mairie et a plusieurs personnes sous sa direction. Elle gagne pour ce poste, qu’elle exerce depuis une dizaine d’années, 2 900 euros nets après prélèvements à la source. Elle avait un salaire moindre en début de carrière mais ses revenus ont augmenté avec le temps et l’expérience.
Elle s’estime bien payée par rapport à la moyenne des Français et jouit d’un bon confort de vie.
« Je vis à la campagne donc je suis dans une moyenne haute pour mon lieu d’habitation. Je serais dans la moyenne basse si j’habitais dans la zone urbaine où je travaille. »
Elle touche également la moitié des allocations familiales : 66 euros de la CAF — l’autre moitié allant à son ex-conjoint.
Agathe gagne également 100 euros en moyenne par mois pour des cours qu’elle donne à l’université. Ces interventions sont réparties aléatoirement dans l’année.
Le rapport d’Agathe à l’argent
Agathe se dit économe et ne dépense pas beaucoup d’argent pour elle-même. C’est aussi une volonté de ne pas gaspiller, avec une préoccupation écologique.
« Je ne suis jamais à découvert, je suis plutôt fourmi que cigale. Mon credo : si je n’ai pas de quoi payer, je n’achète pas. J’achète beaucoup d’occasion, surtout pour mes enfants (livres, jouets, vêtements), par souci écologique et par principe. Je ne dépense pas grand-chose pour moi-même : des vêtements sans marque et peu de maquillage. »
Pour ce qui est de ses enfants, elle ne lésine pas sur les dépenses mais plutôt sur des sorties et activités que pour des objets.
« Je dépense facilement pour des sorties avec mes enfants : grottes, châteaux, zoo… cela ne manque pas dans la région. Je trouve que les souvenirs que ça leur laissera sont plus importants que des objets ou vêtements à la mode. »
Elle a fait sienne une maxime familiale que ses parents lui ont répété :
« “Ce ne sont pas les objets qui comptent, mais ce qu’on vit”. J’essaie d’appliquer cela et de l’inculquer à mes enfants. »
En effet, le rapport que Agathe entretient à l’argent vient de son histoire familiale. Ses parents lui ont toujours inculqué l’importance de l’indépendance financière.
« Ma mère était secrétaire et mon père technicien dans l’informatique. Ils ont eu cinq enfants. Ils ont pu quitter leur HLM et acheter un pavillon dans les années 1980 grâce au prêt à taux 0 du gouvernement. Étant adolescente, j’avais un peu d’argent de poche et si j’en voulais plus, je travaillais (baby-sitting, aller chercher les courses des voisins…).
Je n’avais pas de vêtements à la mode mais je ne manquais de rien. J’ai travaillé pour financer mon permis de conduire et mes études. Mes parents nous répétaient de ne jamais faire de crédit (sauf pour une habitation) et de travailler pour ne jamais dépendre de personne. »
Cette famille nombreuse a donc eu une forte influence sur Agathe et sur sa façon de gérer ses finances. Comme ses parents, elle a investi dans l’achat d’une maison.
Une dépense conséquente : la maison et ses travaux
Agathe habite une maison de 160 m2 à la campagne, qu’elle rénove. Étant donné le prix des logements en ville, elle a préféré s’éloigner de la zone urbaine où elle travaille.
Elle a acheté en septembre 2020 et rembourse 857 euros par mois pour le prêt.
Précédemment, elle était propriétaire d’une maison avec le père de ses enfants. Lorsque qu’ils se sont séparés, ils ont vendu le logement et ils ont tous les deux récupéré un apport. Elle a ainsi obtenu 40 000 euros. Ils remboursaient depuis sept ans et avaient renégocié deux fois le prêt. Ils avaient mis 50/50 en investissement sur cet achat ; son ex-compagnon a pu racheter le bâtiment, et Agathe a mis son apport pour l’achat d’une nouvelle maison.
Les travaux coûtent cher à la trentenaire, ce qui n’était pas totalement prévu : elle dépense en moyenne 500 euros par mois.
« J’ai acheté une maison pour laquelle je rembourse un crédit à heuetur de 857 euros par mois, et dans laquelle je fais des travaux.
J’avais prévu un budget travaux dans mon enveloppe de prêt immobilier ; malheureusement, comme dans tous les projets de rénovation, on a parfois des surprises et cette enveloppe est mangée depuis longtemps, donc une partie de mon budget mensuel va dans les travaux, en plus du prêt que je rembourse.
De ce fait, je ne mets rien de côté pour l’instant mais je ne suis jamais à découvert, ce qui est également une bonne chose ! »
Les travaux commencent à chiffrer, cependant, et cela inquiète Agathe.
« Je trouve que je dépense beaucoup dans mes travaux. Les mauvaises surprises me coûtent cher : par exemple, ma cuve à fuel est tombée en panne et j’ai dû faire installer une pompe à chaleur ; malgré les aides du gouvernement, il reste 3 000 euros à ma charge. »
Elle aimerait réduire ce poste de dépenses en faisant elle-même une partie des travaux.
« J’aimerais réduire ce budget, car à force d’investir, la maison finira par me coûter plus cher que sa valeur sur le marché si je dois la revendre.
J’essaie de faire un maximum de choses moi-même… mais mon dernier craquage, c’est une rambarde d’escalier faite sur-mesure par un ferronnier local. »
En dehors des travaux, Agathe n’est pas très dépensière.
Dépenses courantes et loisirs
Agathe a un nouveau compagnon depuis six mois. Il n’habite pas chez elle — c’est en projet — mais y passe beaucoup de temps. Il a donc tenu à participer aux frais et rembourse Agathe pour certaines dépenses.
Agathe achète ses courses en faisant trois gros drive au supermarché par mois et va tous les dimanches au marché. Le budget courses est d’environ 500 euros par mois, en comptant les produits bio du marche. Son compagnon participe :
« Il rembourse la moitié des courses. Je voulais un tiers, mais c’est son choix. J’en paie donc 250 euros.
Il faut ajouter les restaurants du soir et parfois le midi, lorsque j’oublie de prendre ma gamelle pour le travail. »
Pour les factures courantes, elle paie 130 euros pour l’électricité et l’eau. Son nouveau compagnon lui rembourse 50 euros sur cette somme.
Agathe a acheté sa voiture cash, elle n’a donc pas de crédit. Elle a de grosses dépenses d’essence en revanche, car elle habite à la campagne et fait tout en voiture : elle dépense 145 euros pour deux pleins et un abonnement dans un parking public lui permettant d’aller travailler.
Elle n’a pas de télé, pas d’abonnement Netflix ou autres ; juste un téléphone portable et une box Internet, pour lesquels elle débourse chaque mois 61 euros.
En ce qui concerne les dépenses pour les enfants, elles sont divisées par deux. Son ex-compagnon se charge de la moitié :
« Tout ce qui a trait aux enfants est divisé par deux : inscriptions aux activités extrascolaires (150 euros de judo pour mon aîné), et le coût de l’école privée des enfants (300 euros mensuels pour les deux donc j’en paie 150 euros). »
Elle n’achète jamais de vêtements de marque, ni pour elle, ni pour les enfants. Elle estime donc dépenser 100 euros par mois pour l’habillement, la moitié pour elle et la moitié pour ses enfants.
Pour les loisirs, elle dépense en moyenne 150 euros. Agathe s’accorde quelques soirées de danses latines, notamment, et parfois un restaurant avec des collègues le midi. Pour les enfants, elle n’hésite pas à dépenser de l’argent côté sorties.
« Je ne lésine pas sur les dépenses culturelles : visites de musées, de grottes, de châteaux… Ma région en propose plein, pas besoin d’aller loin. »
Pour les vacances, la famille ne part pas très loin de son domicile et fait plutôt à l’économie.
« Je ne pars pas loin ni cher, je passe chaque année mes vacances en famille en Bretagne, ou je prends une location pour visiter une région que je ne connais pas. »
Projets : les travaux et une nouvelle maison ?
En ce qui concerne les dépenses, ce sont donc les travaux qui sont le plus gros poste. Tout ce que Agathe parvient à économiser y passe. Mais elle arrive tout de même à garder une belle somme de côté, en cas d’imprévus.
« J’économise autour de 500 euros par mois mais cet argent part très vite dans les travaux de ma maison. Je prends à chaque fois sur ma marge mensuelle pour cela, ce qui me permet de garder un matelas de 10 000 euros de côté, auquel je ne touche pas. »
Agathe souhaite d’abord terminer les travaux de son logement mais elle a d’autres projets pour la suite. Elle envisage d’habiter en permanence avec son nouveau compagnon et cela nécessiterait une certaine reconfiguration financière.
« J’aimerais terminer mes travaux mais j’en ai encore pour au moins deux ans. Nous comptons emménager ensemble avec mon chéri d’ici quelques mois.
Ensuite, selon nos souhaits et notre configuration familiale, il est possible que je revende ma maison pour qu’on achète quelque chose en commun, ou alors qu’on investisse dans un bien en location en complément — ça dépend comment se portera le marché immobilier à ce moment-là. »
Tout est encore à déterminer.
Agathe ne met pas d’argent de côté pour ses enfants car elle les aidera quand ils en auront besoin.
« Lorsque mes enfants seront grands, ils participeront aux achats importants et je complèterai à ce moment-là en fonction des besoins. D’autre part, les livrets ne rapportent plus grand-chose donc c’est un placement sans intérêt. »
Merci beaucoup à Agathe d’avoir répondu à nos questions !
Pour participer à la rubrique, écrivez-nous à l’adresse : jaifaitca[at]madmoizelle.com en indiquant en objet « Règlement de comptes » et en vous présentant en quelques lignes.
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
Image en une : © Maria Lupan / Unsplash
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Les Commentaires
Le témoignage est intéressant en tout cas, comme tous les articles de cette rubrique!