La série des « Kiki », un humour subversif pour tous les âges

Avis aux amatrices d’humour crétin, de loufoque et d’effronterie : j’ai exactement ce qu’il vous faut ! Pour cette nouvelle chronique, je vous présente une série, celle des Kiki.

Il s’agit d’une série d’albums pour enfants avec un pingouin. Du déjà vu, me direz-vous ? Attendez de faire la connaissance de notre héros… Kiki est donc un petit pingouin (eh non, rien à voir avec le singe qui a bercé votre enfance) né de l’imagination complètement barrée de Vincent Malone dit « Le Roi des Papas » — père d’une famille nombreuse, chanteur pour enfants et donc auteur de livres de littérature jeunesse — et de Jean-Louis Cornalba, l’illustrateur.

Un humour délirant

C’est ainsi qu’en 2013, nous faisons connaissance de ce phénomène dans les deux premiers livres de sa série Kiki King de la Banquise et Kiki fait caca. Ces simples titres vous donnent une petite idée du contenu : du grand n’importe quoi, un humour délirant et tout de même un léger arrière-plan d’écologie !

Pourquoi tant d’amour envers Kiki ? Tout d’abord parce qu’il donne un grand coup de pied au derrière des préjugés sur la littérature de jeunesse, celle qui se veut pédagogique ou qui rend les enfants narcissiques en leur donnant à lire une série de livres sur eux-mêmes et sur leur quotidien (Bidule va sur le pot, Bidule va à l’école, Bidule a perdu son doudou…).

Les géniteurs de Kiki se servent de ce cliché de la série pour enfants pour la tourner en dérision. Bidule va sur le pot ? Kiki, lui, fait caca. Bidule va à l’école ? Kiki kiffe l’école. Bidule fait du camping ? Kiki fout le camp. Bidule va au parc ? Kiki va en AMÉRIQUE ! La notion de quotidien est bien là, mais elle est bien plus folle.

Ensuite, Kiki a un humour potache mais ne sombre jamais dans la vulgarité. Je peux parfaitement concevoir que cet humour ne séduise pas tout le monde et que certains parents puissent faire la grimace, mais j’ai l’intime conviction que l’impertinence de Kiki est un bonheur pour les enfants !

Votre petite sœur de cinq ans est dans sa période humour scatophile ? Offrez-lui Kiki fait caca et elle se roulera de rire pour l’éternité. Votre neveu glousse bêtement à la seule mention du mot « fesse » ? Savourez son trouble lorsqu’il lira Kiki a un kiki, jusqu’au retournement final.

Des petites attentions pour les adultes

Enfin, les géniteurs de Kiki ont compris qu’un enfant lisait généralement un livre avec un adulte, et c’est pourquoi ils ont truffé de références et de bêtises à destination des parents toutes les aventures de Kiki. Chaque album est découpé en deux parties : en haut, l’histoire de Kiki, et en bas, des habitants de la mer qui suivent ce qui se passe en se permettant quelques commentaires, que comprendront principalement les adultes.

Vous remarquerez aussi que chaque couverture parodie les bandeaux promotionnels des livres de littérature (vous savez, ceux qui mettent en avant un commentaire d’un obscur journaliste qui en conseille la lecture). Pour le dernier-né de la collection, on nous dit  : « Si vous avez capté La théorie du chaos de James Gleick, vous devriez comprendre Kiki fait des crêpes ! ». Pour Kiki fait caca, il faut avoir aimé Huis clos, et pour Kiki a un kiki, évidemment, le Kâmasûtra (mais pas de panique, rien ne viendra offenser l’innocence de vos chérubins, promis).

Voilà, maintenant je peux vous le dire, je rêve secrètement de posséder toute la collection des Kiki, qui compte à ce jour neuf titres. J’aimerais pouvoir tous les lire en me réveillant le matin, me vivifier de tout cet absurde et me mettre de bonne humeur pour toute la journée. Longue vie à Kiki !

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