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Comment j’ai compris que maigrir n’allait pas me rendre heureuse

Et si le bonheur ne tenait qu’à quelques kilos « en trop » ? C’est ce qu’a longtemps pensé cette madmoiZelle… avant la révélation.

Voici une expérience que j’aurais aimé lire à 15 ans, quand je pleurais sur mon sort et que je rêvais d’être « belle ».

J’en ai eu l’idée en écoutant le Marché parlé de Navo sur l’argent, qui m’a lui-même conduite à regarder l’Émymyssion sur le même sujet.

Il disait que souvent le manque d’argent est l’excuse qu’on se trouve pour ne pas être heureux, pour ne pas résoudre ses problèmes.

Qu’on vit dans l’espoir qu’un jour on en aura assez et qu’alors on sera heureux, que tous nos problèmes disparaîtront comme par magie.

Or l’argent, au-delà d’un seuil où il est effectivement nécessaire pour contenter nos besoins primaires, va surtout nous mener dans une vrille d’acquisition, dans un cercle vicieux où il faut toujours consommer plus.

Finalement, on n’a jamais assez d’argent pour être heureux. C’est ça que Navo appelle une « carotte ».

Et en l’écoutant, je me suis rendue compte que j’avais vécu la même chose, mais pas avec l’argent. Avec le poids.

Mon poids, ma bataille pour être heureuse ?

Petite histoire personnelle : j’ai toujours été un peu rondouillarde, et mon surpoids s’est accentué suite à des troubles du comportement alimentaire au collège.

À lire aussi : « Fat », l’incroyable poème sur les troubles du comportement alimentaire

Comme on dit, ça aurait pu être pire… ce qu’un camarade m’a fait remarquer en cinquième avec le tact qui caractérise les ados, quand il a parlé de moi en ces termes :

« Elle a un beau visage, mais un corps moche. »

À partir de là, tout était clair : si je ne plaisais pas, c’était à cause de mon poids. Je n’ai dès lors cessé de rêver de le perdre. J’en rêvais vraiment.

Pour m’endormir, je me disais que peut-être, par un sortilège bizarre j’allais tout d’un coup faire un 34 et non un 42, qu’alors je serai la plus belle et que tous les garçons tomberaient amoureux de moi…

Oui, j’en soupire intérieurement maintenant, mais il n’y a pas si longtemps je pensais encore comme ça.

Ou alors je rêvais qu’en un été j’allais perdre 10 kg, et qu’à la rentrée tout le monde allait être impressionné.

Je poussais même le délire jusqu’à imaginer une sorte de machine à voir ce futur dans lequel j’étais devenue bombasse, ce que toute la classe pouvait constater avec admiration.

Vouloir maigrir m’a plongée dans des troubles alimentaires

Je me berçais d’illusions parce que concrètement, je ne faisais pas grand-chose pour perdre du poids (alors que, dans mon cas, c’était possible : je ne demandais pas à changer de planète non plus).

Enfin, je dis que je ne faisais pas grand chose…

En réalité, j’alternais régimes draconiens et phases de gavage horribles, ou alors phases de gavage et séances de sport de 2h, même pas suffisantes pour dépenser toutes les calories que j’avais ingérées de façon compulsive (coucou l’hyperphagie).

À lire aussi : Le non-régime de l’été : et si vous écoutiez vos sensations alimentaires ?

En plus, moi qui aimais sincèrement le sport à la base, je n’en faisais plus que pour combler un immense sentiment de culpabilité d’avoir trop mangé (alors que ce sentiment me poussait d’un autre côté à manger davantage, quelle logique).

Je suis même passée par les laxatifs sans succès et je suis heureuse de n’avoir jamais réussi à me faire vomir car je crois que ça aurait pu être encore pire.

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Le résultat, c’est que chaque soir je me couchais pleine de bonnes résolutions de maigrir… résolutions que je tenais au maximum deux jours, au minimum qui étaient abandonnées après le petit-déjeuner du lendemain.

J’y mangeais 30g de céréales (donc quasi-rien, surtout pour une ado qui adore manger) ou bien des Weetabix, céréales qu’à l’époque je détestais (même si aujourd’hui je les adore).

Résultat, j’étais frustrée : de ne pas manger assez, ou de ne pas manger par plaisir.

La frustration faisait que je me jetais ensuite sur le premier truc chouette venu (les frites de la cantine), et qu’arrivée à la maison, fatiguée, me sentant mal, pas aimée, laide, je mangeais n’importe quoi jusqu’à en avoir mal au ventre.

Mais vraiment n’importe quoi : limite des trucs pas bons, encore surgelés, des pots de 1kg de fromage blanc à 0% de matière grasse… on se demande après pourquoi j’ai eu besoin des laxatifs.

Le pire était que j’avais tellement honte de mon comportement que je n’osais rien dire à mes parents. Du coup, je me forçais à remanger le soir (soit 1h après) alors que j’avais déjà mal au ventre.

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J’étais totalement prise dans le cercle vicieux de la culpabilité. Et le seul moyen que j’avais d’en sortir était de rêver d’être mince.

Être mince = être heureuse, l’équation faussée qui m’a gâché la vie

Parce que pour moi une seule équation importait :

« Être mince = être belle aux yeux de la société = avoir des gens qui vous aiment = devenir célèbre (oui parce que je voulais présenter le journal de 20h à ce moment-là !) = être heureuse »

Je me trouvais moche, j’avais l’impression de passer pour l’intello de service, de n’être pas totalement intégrée à mon groupe d’amis.

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Quand je suis passée en 5ème, mes parents ont divorcé. C’était moche

. On résume rapidos :

  • 3 ans pour divorcer à coups de bataille d’avocats
  • Ma mère qui quitte mon père pour mon beau-père qui a déjà des enfants
  • Mon père qui fait une dépression
  • La garde alternée où je suis obligée de m’occuper de mes frères parce que mon père en est incapable
  • La galère financière suite aux frais d’avocat…

C’était pas la joie. J’avais perdu ce qui me restait de confiance en moi.

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Alors je m’endormais dans ce petit cocon de rêve, à me dire que si je maigrissais tout rentrerait dans l’ordre et qu’alors je serais heureuse.

Spoiler alert : perdre du poids, ça n’a pas changé grand-chose.

Le jour où j’ai maigri

Mon but ultime, j’ai fini par l’atteindre. D’abord petit à petit, jusqu’à ma deuxième année de prépa, puis plus brutalement suite à une rupture l’an dernier.

Maintenant, je suis mince, vraiment. Je fais un poids que je ne pensais jamais atteindre et ça a presque été trop facile.

À lire aussi : Pourquoi être beau/belle, c’est plus pratique ?

Sur un point, je ne me trompais pas : je suis devenue belle aux yeux de la société, et mine de rien ça change la vie.

Les gens (et pas juste les hommes) sont devenus plus sympas — dans le métro, au supermarché, à la Poste… alors que seul mon physique a changé, je ne suis pas devenue tout d’un coup hyper cool.

Côté relations amoureuses, c’est parti : aux soirées, je plais. C’est d’ailleurs assez frustrant de constater à quel point les gens sont obnubilés par le physique…

Quand j’ai changé ma photo de profil Facebook en montrant ma nouvelle shape, comme on dit, bizarrement des camarades de collège ou de lycée m’ont recontactée pour savoir comment j’allais.

Et j’avoue, c’était un peu la revanche que j’attendais. Dans les premiers temps, j’ai joui de cette victoire.

Maigrir ne résout pas tous les problèmes

Mais ensuite, j’ai surtout ressenti un grand vide. Voilà, j’ai atteint l’objectif qui m’a le plus obnubilée dans toute ma vie. Et puis ? C’est tout.

Certes, j’ai acquis des facilités, et certes, j’ai beaucoup plus confiance en moi, je me sens bien mieux dans mon corps et ce n’est pas rien.

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Mais suis-je plus heureuse ? Je ne crois pas car je me préoccupe encore plus de mon corps qu’avant, j’ai l’impression qu’il est devenu encore plus visible, qu’il est jaugé en permanence.

Mon père est toujours en dépression. Je ne veux plus devenir journaliste, je vais passer le concours de l’agrégation, sans passion pour l’enseignement. Je suis célibataire et mon physique ne m’a pas empêchée de me faire larguer.

Finalement, j’avais cru que tous mes problèmes allaient se résoudre comme par magie, mais quasiment rien n’a changé, ils sont toujours là. Certains ont disparu, mais sans aucun rapport avec mes kilos.

Cette prise de conscience a lancé une sorte de phase de déprime à base de « à quoi bon »…

Mon poids n’est pas responsable de mes problèmes

Puis j’ai arrêté de me voiler la face. Le poids n’était en rien responsable de mes problèmes, et si je veux les résoudre, il faut que je m’y confronte directement, que je les prenne à bras le corps.

J’ai commencé à réfléchir à ce qui me rendrait vraiment heureuse, à ce que je pouvais concrètement changer. J’ai pensé mental, et non plus seulement physique. Je me suis ouverte à plein de choses.

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Peut-être que si je m’étais rendue compte avant qu’en agissant directement sur mes problèmes plutôt qu’en voulant passer par une tierce voie censée tous les résoudre, eh bien les choses auraient été plus rapides.

Mon poids a été l’excuse parfaite pour ne rien faire, me déculpabiliser de ne rien tenter, me déculpabiliser d’échouer. Et le découvrir fait prendre conscience qu’en fait, j’étais seule responsable de mon malheur… et donc de mon bonheur.

Ça ne sert à rien d’attendre une sorte de miracle pour commencer à être heureux et à agir (pour moi, perdre du poids était comme gagner au Loto pour d’autres), parce qu’à ce rythme-là on peut attendre très longtemps.

À lire aussi : Comment économiser du temps, le seul luxe qui ne s’achète pas ?

Si je pouvais parler à la moi d’autrefois, je lui dirais d’agir, de prendre ses responsabilités et d’arrêter de rêver que tout s’arrange par un coup de baguette magique.

On peut créer son bonheur avec ce qu’on a ; si fantasmer sur un avenir meilleur est humain, il faut arrêter de se poser des conditions sine qua non pratiquement impossibles à remplir avant de s’autoriser à être heureux.

C’est peut-être bisounours, mais se dire que le bonheur est à portée de main, ça le rend beaucoup plus facile à atteindre !

À lire aussi : Le culte de la minceur VS mes complexes, une histoire de paradoxes

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Les Commentaires

12
Avatar de RainyMood
25 septembre 2017 à 08h09
RainyMood
@Ayrshire c'est clair que quand on en a la possibilité, il vaut mieux se séparer de certaines personnes qui ne nous font pas du bien. Ils sont pitoyable les gens à juger la bonne santé et la bonne humeur d'une personne sur ses kilos.
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