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Vie quotidienne

Mon enfance de mini globe-trotteuse, entre rêves… et beaucoup de drama !

Anne-Fleur a déménagé de nombreuses fois. Si son enfance de mini globe-trotteuse lui a appris énormément de choses, elle a vécu chaque départ comme un déchirement.

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec PKJ. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.

Le livre Dernier été à Tokyo, de Cécilia Vinesse, raconte la dernière semaine de Sophia, dix-sept ans, à Tokyo. À l’occasion de sa sortie, Anne-Fleur nous parle de son enfance aux quatre coins du monde et de son angoisse des déménagements.

Car pour elle comme pour Sophia, déménager veut aussi dire faire ses adieux à un pays et à des gens qu’on aime, en sachant qu’on y retournera peut-être jamais.

Et ça n’est pas toujours facile, surtout quand on grandit…

dernier-été-tokyo-pkj

Dernier été à Tokyo, de Cecilia Vinesse, 17€90 sur Amazon, Pocket Jeunesse ou Place des Libraires

J’ai une famille de globe-trotteurs.

Actuellement, ma petite sœur vit à Montréal et mes parents à Mayotte. Mon enfance est à l’image de ces destinations : internationale.

Mon enfance de mini globe-trotteuse

Mes parents ont toujours eu des envies d’ailleurs. Ni ma naissance ni celle de ma petite sœur ne les a empêchés de partir à l’aventure, bien au contraire !

Ils nous ont toujours trimballées avec eux, en voilier, en catamaran, dans des petits avions si légers qu’ils tombaient dans les trous d’air, dans des immenses Boeing qui traversaient le monde presque sans pause, en quatre-quatre, en pick-up, en 206 ou en camping-car.

Et ce dans la jungle, dans le désert, sur l’océan ou dans les lagons, près de volcans ou de cascades…

Tous les quatre, plus nos deux peluches (Ninin et Ninounette), on a sillonné le monde.

Moi quand j’essayais en scred de prendre tous mes jouets en plus de mon Ninin

Parfois, mes parents posaient leurs valises, en général là où mon père trouvait un poste : on a donc vécu aléatoirement en Océanie, en Europe et en Afrique.

Une enfance de rêve, donc, passée à explorer les fonds marins, à jouer à Robinson Crusoé dans des îlots déserts perdus dans le Pacifique, à découvrir des dizaines de cultures riches et diverses, à rencontrer des centaines de personnes très différentes.

À lire aussi : Ma vie d’expat OKLM sur une île presque déserte de 67 km²

Ce que ma jeunesse un peu particulière m’a appris

De cette jeunesse presque nomade, j’en tire aujourd’hui mes plus grandes forces.

Ainsi, il m’a fallu apprendre très vite à être sociable (quand on change souvent d’école et de cadre de vie, il faut être prêt à se faire de nouveaux amis rapidement), à être ouverte d’esprit (le monde est vaste et ce qui semble très naturel dans une région peut être considéré comme choquant ou infamant ailleurs : ça fait relativiser).

Ça m’a aussi donné le goût du risque (à défaut d’être moi-même aventurière), un terreau infini pour mes histoires (j’écris des romans pour la jeunesse) et, grand avantage, je me sens à l’aise absolument partout et dans n’importe quel milieu.

Cependant, si déménager souvent et dans des endroits très différents les uns des autres était très formateur, c’était aussi à chaque fois un déchirement.

Je suis une énorme guimauve, vous commencez à me connaître : je m’attache trop fort et trop vite. Aux gens, aux lieux et même aux objets.

Moi à six ans avec ma sœur avant de partir chercher le pain

Mes parents, grands habitués des déménagements, voyagent plutôt léger : les souvenirs sont dans la tête et dans le cœur plutôt que dans les bagages.

Tandis que pour moi, quitter une maison où j’ai vécu, une voiture dans laquelle j’ai roulé, un bateau dans lequel j’ai habité, quitter mes ami•es en sachant bien que je ne les reverrai jamais, savoir que je laisse une petite partie de moi dans un endroit du monde où je ne reviendrai pas, ça m’est insupportable.

(D’ailleurs, oui, j’avoue, je retourne grâce à Google Street View régulièrement sur les lieux de mon enfance inaccessibles à ma petite bourse — so long Nouméa !)

Je n’aime pas les fins et je déteste les au revoir.

Tant que j’étais enfant, j’étais suffisamment enthousiaste et curieuse pour passer outre mon angoisse du départ. Je réussissais à me réjouir du nouvel endroit où nous allions poser nos valises.

Mais j’ai eu une adolescence assez compliquée (surtout pour mes parents !) et c’est à partir de cette époque que je n’ai plus pu supporter les déménagements et les cartons.

À lire aussi : Cinq chansons pour dire « adieu » à quelqu’un qu’on a aimé

Le Gabon, mon « pays imaginaire » à moi

À l’époque, on habitait au Gabon.

J’étais au collège, je portais des lunettes de soleil XXL, des tee-shirts blancs très moulants. J’étais cette meuf populaire et bitchy qui insupportait les autres mais que tout le monde voulait voir à ses fêtes, et avec qui les garçons voulaient sortir. J’aurais voulu y rester toute ma vie et y avoir éternellement treize ans.

Moi quand j’arrivais en maths à 8h30

D’ailleurs,

unpopular opinion : j’ai ADORÉ mon collège.

J’adorais cette sensation d’être la reine de mon école, je m’y étais fait mes vraies premières « amies pour la vie » avec lesquelles je pouvais parler de tout, pendant toute la nuit, si on voulait.

C’était l’époque des premières fêtes sans les parents, des corps qui se rapprochent dans la pénombre, des premiers désirs qui vous surprennent et avec lesquels je faisais semblant d’être familière, pour avoir l’air d’une grande.

Et puis j’adorais le Gabon, sa chaleur moite qui allait si bien avec ma moue boudeuse d’adolescente, sa jungle impénétrable qui me faisait rêver, ses plages immenses et désertes, idéales pour surfer.

Je me sentais chez moi à Libreville. Je comprenais les codes de cette capitale. J’adorais notre nounou, notre maison (il y avait une piscine et un immense jardin-jungle dans lequel on pouvait voir des iguanes et des oiseaux aux couleurs fantastiques — le rêve). J’aimais aussi mon quartier si vivant et si coloré, recouvert de poussière rouge dès qu’il ne pleuvait pas.

J’adorais mon établissement scolaire (j’étais au lycée français Blaise Pascal, même si techniquement, j’étais au collège), que je trouvais magnifique, digne des séries américaines que je regardais sur Disney Chanel — c’était presque un campus, avec une cafétéria où on pouvait se prendre des paninis et des boissons pour la récré, un immense amphithéâtre ouvert et des petits pavillons à l’ombre où on pouvait se reposer.

Bref, je me trouvais très bien au Gabon. Évidemment, ça ne pouvait pas durer éternellement. Un jour, il a fallu remettre le couvert, trier, ranger, tout nettoyer, pour déménager.

À lire aussi : Simplifiez vos déménagements avec ces astuces de DaveHax

Le déménagement de trop

Le poste de mon père avait été supprimé pour des raisons politiques et nous étions à nouveau sur le départ.

J’en ai énormément voulu à mes parents.

J’étais ado et je me fichais bien des raisons pour lesquelles nous devions partir : pour moi, ils étaient coupables.

Réaction mesurée quand j’ai appris notre départ imminent.

J’allais devoir quitter tout mon petit monde, mes ami•es les plus proches (c’était sûr, je ne m’en referais JA-MAIS des aussi parfaitement merveilleux), ma nounou, ma maison, mon lycée, tout ça pour l’inconnu, ENCORE.

En plus, nous retournions en France. Pour moi, c’était encore plus nul.

À l’époque, je détestais la France (mais je haïssais énormément de choses, parce que #adolescence et #demi-mesure TMTC). Nous n’y retournions que pour les grandes vacances, pour voir notre famille, et j’en avais une idée plutôt partielle.

Selon moi, le seul aspect positif de la France, c’était le Nutella dans tous les magasins (à Libreville, à l’époque, on en trouvait, mais vraiment rarement et à prix d’or).

Sinon, j’avais l’impression que les gens qui y vivaient étaient nazes et pas matures (parce qu’évidemment, moi, j’étais la maturité incarnée, BIEN SÛR). En plus, je me sentais toujours très différente des Français que je fréquentais pendant l’été.

Par exemple, nous ne nous habillions pas pareil.

Au Gabon, je portais des vêtements très courts et très moulants, c’était plutôt la norme et tout le monde s’en fichait. Évidemment, ça m’attirait quelques propositions indésirables, mais dans l’ensemble, j’étais tranquille.

En France, les adultes me répétaient continuellement que je m’habillais « trop court » ou avec des fringues « trop décolletées ». Et oui c’est du bon gros slut-shaming.

Pendant les grandes vacances en France, j’avais toujours l’impression d’être une salope. J’avais aussi la sensation que les gens jugeaient mon intelligence sur ma manière de m’habiller. Je détestais ça.

Comment j’ai voulu me venger du déménagement indésirable

Rentrer en France, c’était faire partie d’un pays que je ne connaissais qu’au travers d’expériences négatives. En plus du déchirement du départ, j’avais donc très peur de ce qui m’y attendait.

Pour rendre le déménagement moins difficile, mes parents nous ont fait prendre l’avion, ma petite sœur et moi, avant eux : ils s’occuperaient ensuite de faire les cartons, pour ne pas me bousculer (ce qui est plutôt sympa !).

En échange, l’été avant la rentrée, je leur ai fait vivre un véritable enfer : mon objectif était de les faire payer ma détresse. Faites des gosses.

J’ai désobéi, j’ai menti, j’ai hurlé, claqué des portes, tiré la tronche et j’ai beaucoup, beaucoup pleuré.

« Vous me comprendrez JAMAIS ! »

Ça n’était pas possible d’être plus ado que moi à cette période.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… faire ma crise d’adolescence à 27 ans

Un déménagement, un excellent moyen de progresser sur soi-même (même malgré soi)

Et puis finalement, la rentrée est arrivée. Avec elle, je me suis fait une raison : à la guerre comme à la guerre, Anne-Fleur, il va falloir s’intégrer.

J’ai changé ma façon de m’habiller pour dénoter un peu moins dans le paysage aubois, et l’habitude des déménagements reprenant le dessus (ainsi que ma nature plutôt positive, on ne se refait pas), je me suis rapidement fait des ami•es.

Qui, finalement, n’étaient pas si cons ni si immatures que ça !

Alors bien sûr, tout n’était pas évident : je n’aimais pas le coin de campagne un peu moche où on habitait, le Gabon et la mer me manquaient atrocement, et je me sentais souvent en décalage avec mes camarades.

Mais j’ai aussi appris beaucoup de choses pendant cette année-là ! Je me suis politisée, notamment. Et ça a été une révolution dans ma vie !

Allez, hop, en manif !

Et puis, un des autres avantages de vivre en France, c’était de pouvoir profiter d’une vie culturelle super riche qu’on n’avait jamais eue à l’étranger.

Par exemple, c’est grâce à mon retour que j’ai pu voir mes idoles de l’époque en concert (Tokio Hotel für immer : OUI, J’AVOUE TOUT J’AI PAS PEUR ET MÊME J’AIME TOUJOURS. La preuve à 5’53 de ce VlogMad n°63 JDCJDR.)

Et quand j’ai eu envie de voir autre chose, j’ai saisi une opportunité d’échange scolaire au vol et j’ai décidé de partir à la fin de mon année de seconde en Allemagne, pendant que ma famille continuait l’aventure de son côté.

Finalement, le déménagement du Gabon ne m’avait pas complètement dégoûtée des départs ! Même s’il m’avait donné pour la première fois l’envie d’un peu de stabilité dans ma vie, pour quand j’aurai trouvé un endroit dans lequel je me sentirai vraiment chez moi.

Et vous, vous aimez partir à l’aventure ? Venez nous raconter en commentaire vos histoires de déménagement, qu’elles soient douloureuses ou synonymes de nouveau départ !

Ou en attendant, évadez-vous en pensée avec Dernier été à Tokyo, en vente sur Amazon et chez votre libraire.

À lire aussi : J’ai tout quitté pour faire le tour du monde — Témoignage

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Les Commentaires

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Avatar de Anne-Fleur
9 juin 2017 à 17h06
Anne-Fleur
Ciao Bronjohn, je comprends ton impression, j ai trouvé l article un peu different de ce a quoi je m'attendais.... Après je travaille actuellement dans un lycée français (pas très loin de la france, en italie) et j avoue que les jeunes et les enfants que je cotoie vivent un peu dans une bulle comme celle que decrit laair narratrice: beau temps, école magnifique, communauté française et etrangere très soudée... en plus c est une école chère donc fréquentée par des jeunes «privilégiés». Je pense que ce que decrit l auteur c esr son ressenti de l époque, égoïste bien sur mais comme peut l.etre le ressenti d une gamine dans la bulle de son école de rêve. Il est cependant dommage qu elle n ait pas en un paragraphe pris un peu de distance avec cette image d adolescence en décrivant ce que a l époque elle ne voyait pas lors de ses voyages (et dans mon expérience nombre d expats vivent en effet a l étranger comme s ils n y etaient pas, entre eux. Ce que je peux comprendre pour les enfants, mais pour les adultes un peu moins!)

Hello ! Je pense un jour parler des choses plus profondes que j'ai apprises de mon enfance nomade. Néanmoins, je voulais vraiment dans cet article faire parler mon mini-moi égoïste d'ado en plein crise et en total drama par ailleurs, certaines réalités du pays ne m'étaient pas accessibles à treize ans, et ça aurait été un mensonge que de vous faire croire que j'avais conscience de la condition politique et économique de ce pays au collège. En revanche, j'ai vraiment aimé y vivre, et c'était important pour moi de montrer qu'on peut tout à fait être heureux dans un pays comme le Gabon. Par ailleurs, mes parents ne vivaient pas du tout «entre expats», nous habitions dans un quartier populaire de Libreville (alors que la plupart des expats vivaient à Batterie IV, un quartier fermé), ma petite soeur allait à l'école primaire gabonaise conventionnée... Mes parents ne sont pas des ambassadeurs mais de véritables globe-trotteurs Moi je n'avais pas le choix, le lycée français est obligatoire à l'étranger (à moins de faire l'école à la maison). Et elle est gratuite pour les enfants français.
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