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Une année Erasmus à Munich #3 – L’université à l’allemande

Cela fait maintenant quelques mois qu’Akshara est installée à Munich. Elle nous raconte le système universitaire allemand, et sa vision d’Erasmus.

Je suis en échange à l’université Ludwig-Maximilian, l’une des deux universités de Munich. C’est gigantesque, avec 40 000 étudiants se dirigeant vers toutes sortes de carrières. Je me suis glissée parmi eux dans l’Institut pour la communication et les médias (IfKW), tout près de l’Englischer Garten !

À lire aussi : Une année Erasmus à Munich #1 — Les préparatifs

Sur le portail Internet de l’université, il est possible de voir le nombre de jours restant avant la fin du semestre. À trente jours de celle-ci, je pense pouvoir vous livrer mon ressenti par rapport au système éducatif français avec un petit recul ! Je tiens cependant à rappeler que mon point de comparaison français est Sciences Po Paris. C’est donc très différent de l’université en général, et je serai heureuse d’avoir des avis venant de la fac pour compléter mon analyse !

Une langue et un rythme différents

J’ai la chance d’avoir un assez bon niveau d’allemand à l’origine. En effet j’ai suivi la section AbiBac au lycée : j’ai donc le baccalauréat allemand. En pratique, je n’ai aucun problème dans la vie de tous les jours avec l’allemand standard. Pour faire simple, je ne comprends pas (toutes) les blagues ni la langue familière. Mais ça vient !

Tout ça pour dire que j’ai un grand avantage par rapport à d’autres Erasmus : le choix de mes cours était moins restreint par la langue. Il faut bien noter que les cours en anglais sont assez peu nombreux, et ont des exigences académiques plus faibles que ceux en allemand. J’ai pour ma part choisi tous mes cours en allemand. Puisqu’il me restait deux semestres, j’ai choisi de prendre plus de cours au premier semestre, afin d’avoir du temps pour d’autres projets au second. Mais en comparaison à Sciences Po, c’est léger ! J’ai trois cours magistraux et quatre séminaires, totalisant vingt heures de cours, par semaine.

À lire aussi : J’ai testé pour vous : l’éternel échec à Sciences-Po

La charge de travail est également différente. D’abord, j’ai beaucoup de textes à lire pour chaque séance, qui vont être ensuite discutés avec le professeur. Chaque élève a aussi un « referat » à faire, une sorte d’exposé assez descriptif. Ce dernier exercice est très éloigné de ce qu’on m’a appris en France (à Sciences Po), car il n’y a pas ou peu d’analyse des sujets, mais plutôt une exposition de faits. J’ai eu du mal à suivre au début, car je trouve que ça n’apporte pas grand-chose de plus que ce qu’on peut lire dans un livre. J’ai également dû en construire un.

Étant une des premières du cours, j’ai essayé de faire un mix entre la méthode Sciences Po et ce que j’avais pu déjà voir. Ca ne s’est pas trop mal passé, mais ça m’a fait réaliser à quel point être capable d’utiliser la langue dans la vie de tous les jours est différent du niveau nécessaire dans des études universitaires. Je vais pouvoir faire des progrès ! D’ailleurs, je dois m’atteler à la rédaction de trois « hausarbeiten », des mini-mémoires, et ça promet d’être drôle !

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J’ai hâte.

Enfin, les professeurs sont très accessibles. La relation entre élèves et professeurs me semble moins hiérarchisée qu’en France, avec notamment un vouvoiement réciproque et l’utilisation de « Frau » et « Herr » en plus du nom de famille. De plus, chaque prof a une « Sprechstunde », un horaire où il est possible de prendre rendez-vous pour discuter avec lui/elle, obtenir des conseils…

Plus d’activités extra-scolaires

Être étudiant•e en Allemagne c’est aussi avoir beaucoup de temps libre. J’apprécie beaucoup ça après deux ans passés à Sciences Po et son rythme de prépa ! Grâce au miracle des inscriptions pédagogiques, pas mal d’étudiant•e•s arrivent à caser leurs cours sur deux ou trois jours et sont libres le reste de la semaine.

Ils ont donc le temps pour se consacrer à des activités annexes. Comme en France, beaucoup travaillent pour financer leurs études : ils ont un fameux « minijob », ces emplois souvent critiqués dans l’Hexagone. Pour quinze heures de travail par semaine, ils touchent 450€ maximum (environ 7€ de l’heure). Ni l’employeur ni le salarié ne paient d’impôts dessus, mais ils ne cotisent pas non plus pour la sécurité, sociale, la retraite…

Ayant dégoté quelques heures comme serveuse dans un café avec ce contrat, j’en suis plutôt satisfaite, car il n’y a pas de démarches administratives folles à remplir. Par contre, c’est un système assez pervers sur le long-terme, car justement, on n’a droit à rien une fois l’emploi terminé.

À lire aussi : Être féministe et serveuse, une association délicate

J’ai aussi remarqué qu’ici c’est possible d’avoir un véritable emploi en rapport avec ses études PENDANT celles-ci : le « werkstudent ». C’est un peu comme un long stage, mais payé décemment et véritablement reconnu comme une expérience professionnelle.

Il est également possible de s’investir, comme en France, dans des associations sportives, artistiques ou culturelles. Niveau sportif, je bénis le ZHS, l’organisme sportif pour tout l’enseignement supérieur à Munich, grâce auquel j’ai un accès illimité à la piscine olympique (celle des Jeux de 1972) durant le semestre pour seulement 15€ !

Mais quand on est étudiant Erasmus, il y a quelques particularités à cette vie universitaire !

Vivre l’Erasmus à sa façon

Au-delà de l’expérience universitaire, Erasmus est une aventure personnelle. Pour moi, la découverte du pays n’en est pas vraiment une — je suis déjà partie plusieurs mois à Wiesbaden en 2010. Par contre, le contexte permet une saveur nouvelle : je suis étudiante et totalement indépendante.

Mais cette liberté est aussi mon principal péril.

En effet, Sciences Po m’a habituée à un rythme de travail soutenu, ainsi qu’à un certain cocooning de la part des profs et de l’administration dijonnaise. Je me suis retrouvée d’un coup avec peu de cours et d’accompagnement dans cet univers universitaire, la procrastination s’emparant de moi un peu trop souvent. Quand je pense avoir beaucoup de temps, je repousse, je fais autre chose. À vrai dire, je me suis moins enrichie grâce aux cours ce semestre que durant les précédents. Mais je n’ai pas perdu mon temps.

Je me suis remise au sport : je vais deux fois par semaine à la piscine. C’est peut-être ce dont je suis le plus fière, ayant toujours été la dernière en sport durant toute ma scolarité — là je fais du sport pour le plaisir, j’aime nager pour me vider la tête. J’ai du temps pour faire des trucs nouveaux : par exemple, je mène un projet avec une classe de français d’un lycée munichois !

Je ne crois pas pouvoir nier qu’être en Erasmus, c’est aussi une certaine pression sociale. Celle de sortir tous les jours, de faire la fête, d’avoir plein d’amis de tous horizons… Mais je ne veux pas continuer à propager ces idées ; ce n’est pas parce que je déménage dans un autre pays que je deviens quelqu’un d’autre. Je quitte juste ma zone de confort. Ainsi, je n’ai jamais été fan des discothèques ; l’Allemagne n’a pas changé ça. Personne ne sort tous les soirs — déjà parce qu’il faut le budget pour, et qu’on est toujours étudiant•e•s. On reste ce que l’on est, même si on est loin de chez soi.

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L’université n’est pas qu’une société folle, sauvage, manquant de sommeil et hédoniste.

La pression vient aussi de l’adage « Erasmus, la meilleure année de ta vie ». Expérimenter de nouvelles choses, c’est cool. Mais n’est-ce pas triste que l’année de mes vingt ans soit la plus belle de ma vie ? Essayons plutôt de faire en sorte que chacune soit plus belle que la précédente !

J’essaie de ne pas prendre un ton moralisateur, mais je trouve dommage que certaines personnes vivent mal leur Erasmus ou n’osent pas y aller car elles ne se reconnaissent pas dans les stéréotypes véhiculés autour de ce programme européen. Chaque voyage est unique, et je suis seule maîtresse de ce que je vais faire.

Pourrait-on alors dire que partir à l’étranger, c’est sortir de sa zone de confort ? Je dirais plus que c’est re-créer sa zone de confort avec des éléments nouveaux. J’ai adapté mes horaires aux habitudes allemandes, mais je cuisine globalement la même chose qu’avant. Excepté pour le fromage. Je ne trouve pas de bon fromage, ça me tue. D’ailleurs là je me suis fait un petit stock pendant mes vacances en France pour les fêtes. Mes voisins de frigo vont me détester !

Oui, le fromage, c’est le seul gros point noir de mon Erasmus. Y a pire, non ?

À lire aussi : Les déçues d’Erasmus — Témoignages

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Les Commentaires

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Avatar de PetiteGaladrielle
1 mai 2016 à 14h05
PetiteGaladrielle
J'ai fait un an à Göttingen l'année dernière, et ç'a pour moi été une année fabuleuse. Je me retrouve dans tout ce que tu as décrit (FROMAAAAAAGE). Par contre j'ai trouvé qu'au niveau scolaire, c'était extrêmement enrichissant, sans doute parce que j'ai été prise de folie et ai décidé d'étudier tout plein de matières que je ne connaissais pas (je me suis retrouvée avec 17 crédits en trop, mais aucun regret!), ce qui a eu pour effet de me procurer une charge de travail conséquente dont j'étais satisfaite, parce qu'avec l'emploi du temps malgré tout très light par rapport à la France, j'avais toujours plein de temps libre. Ce que j'ai trouvé génial, c'est le système d'évaluation: chaque élève choisit combien de crédits (ou disons quel coeff) il souhaite accorder à chaque matières. L'étudiant a quasiment tout le semestre pour se décider (puisque les hausarbeiten, ou mini mémoires ne s'écrivent que pendant les vacances universitaires (4mois de cours, 2 mois de vacances)) pour les évaluations suivantes: 9 crédits pour la rédaction d'un mini-mémoire de 20 pages, 7 crédits pour un Referat, 5 crédits pour une évaluation écrite, 4 crédits pour une épreuve orale, 2 crédits pour la participation simple. Ce qui signifie que si au cours du semestre, on se rend compte qu'une matière est au-delà de nos capacités, on peut décider de réduire le nombre de crédits, tandis qu'on peut décider de "gonfler" une autre matière où l'on se sent à l'aise par la rédaction d'un mini-mémoire. Là est toute la différence avec la fac à la française, et cette liberté, cette indépendance est vraiment grisante.
Une chose cependant: J'ai enfin pu recommencer le hand après 5 ans d'arrêt. ç'a été un immense bonheur et je ne regrette rien au niveau sportif. Cependant, à raison de trois entraînements par semaine et un match tous les week-ends à perpète les ouailles, je me suis retrouvée à ne faire que ça. Je n'ai rien pu visiter (je n'ai pu quitter la ville que deux ou trois fois de toute l'année), et si je n'avais pas eu les soirées franco-allemandes à côté, où je me retrouvais à faire la fête entre copains un mercredi sur deux, nul doute que je n'aurais pas vu grand-monde de toute l'année.
Cependant, les amitiés que j'ai créées là-bas sont fortes (car les allemands sont certes froids et distants au début, mais une fois qu'on a fait un petit trou dans leur coeur de Teutons, c'est pour la vie et ce sont les amis les plus géniaux de l'univers) au point que lors de ma soirée d'adieu, pas moins de 25 personnes ont fait le déplacement. En trois ans de prépa et deux ans de master à Paris, je n'a réussi qu'à avoir 11 personnes pour mon anniversaire, et la moitié étaient des collègues de boulot que je connaissais à peine. Donc ouais, je retourne en Allemagne quand vous voulez.
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