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Culture

Zaï Zaï Zaï Zaï, la comédie qui agite son poireau sous votre nez vaut-elle le coup ?

Parce que l’actualité est globalement à vomir, il n’a jamais été autant nécessaire de s’aérer la tête au cinéma. Ça tombe bien, cette semaine c’est la sortie de Zaï, Zaï, Zaï, Zaï, qui fait l’objet de notre podcast ciné Le Seul avis qui compte.

Dans la vie, j’ai peur de manger du maïs, de la frange de Juliette Armanet, des films de Philippe Lacheau, des araignées et surtout, SURTOUT d’aller chez Sephora

Déjà parce que j’ai aucune envie de mourir d’un cancer des poumons à 32 ans, même si c’est pour avoir sniffé du Jean-Paul Gaultier, ensuite parce que Céline, la meuf de la caisse, est ma plus grande némésis. 

Céline et sa carte de fidélité

Vous la connaissez Céline. C’est cette blonde d’1m80 qui a un make up incroyable, des cheveux parfaitement soyeux qui dégoulinent sur ses épaules nues, qui sourit aux clientes régulières pendant que moi, je profite du miroir grossissant vendu à la caisse pour juger si oui ou non il est l’heure de retourner me faire arracher la moustache !

Je crois en la sororité hein, mais Céline je la DÉTESTE.

Déjà parce qu’elle me renvoie à mon statut de troll moustachu, ensuite parce qu’au moment de payer, elle ose toujours la question qui fâche : Madame Calundy Ramfoule, avez-vous une carte de fidélité ? 

Dans ces moments là, j’ai toujours l’impression d’être dans la scène du duel de Il était une fois dans l’Ouest, avec un connard qui joue de l’harmonica dans mes oreilles et Céline, la sublime Céline, qui me toise, parce qu’à mon trait d’eye-liner irrégulier elle sait pertinemment que je suis pas une fidèle de Sephora. 

Alors je lui réponds, prête à recevoir une balle senteur rose/litchi dans l’épaule : « Non je n’en possède aucune »

Et là, sur le beau visage de Céline, je vois la haine, la déception, et sans doute un petit peu trop d’highlighter. 

Vous comprendrez donc que je me sente humiliée sitôt que je fous les pieds hors du magasin, mais ça n’est RIEN comparé ce que vit Fabrice, le héros en cavale de Zaï Zaï Zaï Zaï, le nouveau film de François Desagnat, adapté de la BD éponyme de Fabcaro, qui est sorti mercredi 23 février. 

Zaï Zaï Zaï Zaï, c’est un petit bonheur d’absurdité qui tape sur tout et tout le monde : les flics, les acteurs, les islamogauchistes, les fachos, les étudiants en hypokhâgne, les vieux, les ados, l’amour, les réseaux sociaux, les poireaux et surtout, SURTOUT : les cartes de fidélité. 

Zaï Zaï Zaï Zaï, de quoi ça parle ?

Dans une France où tout le monde ne roule qu’en Renault break orange, Fabrice, un acteur de comédie — genre complètement moqué par ses concitoyens — a une liste de choses à acheter, confiée par sa femme. Parce que Fabrice a manifestement la capacité d’initiatives d’une spatule en inox. 

Fabrice se rend donc au supermarché, et remplit tranquillement son caddie, pendant que tout le monde le dévisage en susurrant « C’est Fabrice ». Au moment de payer, la caissière lui demande s’il a bien sa carte de fidélité. 

En vérifiant son porte-monnaie et en tâtant ses poches de son blue jeans, il se rend compte qu’il a oublié sa carte dans la poche de son autre pantalon, qu’il a lavé le matin même. Fabrice ne sait peut-être pas prendre des initiatives, mais il a en tout cas une hygiène irréprochable. 

Scandalisée, la caissière appelle la sécurité. Le vigile, très préoccupé par la situation, demande à Fabrice si toute cette histoire est bien vraie, s’il a vraiment oublié sa carte de fidélité dans son pantalon. 

Alors Fabrice, au pied du mur, braque un poireau sur ses détracteurs, tandis que le vigile le menace d’une roulade arrière. Fabrice, effrayé, prend la fuite. 

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C’est le début d’une longue course-poursuite qui voit Fabrice échapper aux autorités (il faut dire qu’il a eu la brillante idée d’enfiler une paire de lunettes, en sachant très bien que le suspect recherché n’a PAS de lunettes) — autorités qui préfèrent établir des portraits-robots de George Clooney plutôt que d’envoyer le poireau au labo pour analyses approfondies. 

Fabrice est désormais lynché par la télé, viré d’une voiture pour cause de non-aptitude à chanter du Joe Dassin (ce qui est compréhensible) et recherché dans tout le pays. Comme si ça ne suffisait pas, il se retranche EN LOZÈRE. Autant dire qu’il a de quoi être confit par le désespoir.

Pendant qu’il traîne sa carcasse de comédien en chute libre, sa femme, la douce Fabienne, tente de le remplacer par l’acteur qui doit jouer son rôle dans une comédie sur sa cavale. Vous suivez ? 

Vous en conviendrez : la vie de Fabrice pue du cul. 

Considéré comme un véritable terroriste, il n’est plus que l’ombre de lui-même quand est enfin arrêté par la police…

Je ne vous en dis pas plus sur Zaï Zaï Zaï Zaï, déjà parce que j’ai la flemme, ensuite parce que c’est encore au cinéma qu’un film se vit le mieux. 

Zaï Zaï Zaï Zaï, l’adaptation drôle et fidèle de la BD de Fabcaro

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Sachez en tout cas que si vous avez kiffé la BD de Fabcaro, vous ne serez pas déçue par cette adaptation, archi-fidèle à l’oeuvre initiale. À la différence près que dans la BD, Fabrice est auteur de BD et que dans le film, il est comédien. Plutôt logique si l’on admet que Fabrice n’est autre que le miroir tendu à son créateur, le support à une introspection réjouissante et absurde. 

J’aurais personnellement apprécié que Zaï Zaï Zaï Zaï lâche un peu le sein nourricier de sa mère et aille téter un peu en dehors de son pré carré littéraire, mais franchement, je pinaille. 

Seuls les films très cons parviennent au degré d’acuité de cette adaptation, je pense par exemple à tous les Monty Python, aux films de Jean Yanne, Dupontel, Tom Shadyac etc.

De situation ubuesque en situation ubuesque, Zaï Zaï Zaï Zaï fait progresser son personnage dans l’enfer d’un monde régi par des idiots, sans pour autant tomber dans le cynisme pénible de beaucoup des réalisateurs de l’âge de Desagnat. 

Seul point noir à l’horizon fuchsia de Zaï Zaï Zaï Zaï : le casting !

Attention hein, toutes les actrices et les acteurs habitent délicieusement leurs rôles, à l’exception de Julie Gayet qui incarne son personnage aussi bien qu’un ongle, mais bon les Ramzy, Jean-Paul Rouve, et autres Marc Riso, on en soupe assez régulièrement pour leur préférer des acteurs différents, qui changent un peu de l’entre-soi du cinéma français. 

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Mention spéciale, toutefois, à Yolande Moreau, la grande Yolande Moreau, qui joue la meilleure des commissaires de police, avec une perruque à peine enfoncée sur sa tête et l’air sérieux qui incombe nécessairement à un personnage de comédie.

C’est d’ailleurs avec gravité que Zaï Zaï Zaï Zaï dispense ses conneries, et c’est sans doute pour ça qu’il est si réussi. L’humour, c’est une affaire sérieuse !

En revanche, je suis pas encore certaine d’avoir tout à fait compris le propos du film, comme je n’étais pas sûre d’avoir pigé la morale de la BD avant lui. 

Que signifie cette histoire de poireau ?

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La critique de l’uniformisation de la pensée, ça j’ai. La réflexion sur la célébrité, ça j’ai. Celle sur le consumérisme aussi. Mais toute cette affaire de poireau me laisse perplexe. 

Serait-on en train de se moquer de ceux qui blacklistent les « grands » du cinéma parce qu’ils ont agité leur poireau de manière non-sollicitée, sous le nez d’une femme ? Ou le poireau est-il simplement à considérer comme une arme ridicule visant à décrédibiliser celui qui le tend ? 

Vous le savez, je le sais, nous sachons : un film n’est jamais juste un film. Alors il convient de s’interroger sur ses messages et ses sens cachés. 

Mais ce qui est pratique avec l‘absurde, François Desagnat et Fabcaro le savent sans doute, c’est qu’on peut tout lui faire dire. Le pire comme le meilleur. Cette fois-ci, et exceptionnellement, je choisis de croire en le meilleur. 

Ce que je tiens en tout cas pour sûr, après avoir vu Zaï Zaï Zaï Zaï, la menace de la carte de fidélité n’a jamais autant plané de son ombre maléfique au-dessus de moi.

Ainsi, je crois que je peux dire en toute transparence que désormais, je préfère encore aller à un meeting de Valérie Pécresse que de retourner chez Sephora. 

Alors je vous le dis, Céline, en résistant à la tentation de vous poursuivre avec une lingette démaquillante : sans rancunes, et Adieu. 

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Crédits

Le seul avis qui compte est un podcast de Madmoizelle écrit et présenté par Kalindi Ramphul. Réalisation, musique et édition : Mathis Grosos. Rédaction en chef : Mymy Haegel. Direction de la rédaction : Mélanie Wanga. Direction générale : Marine Normand.

À lire aussi : Est-ce pertinent qu’Emmy Rossum, 35 ans, joue la mère de Tom Holland, 25 ans ?


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