Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Valentine* qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.
Prénom : Valentine*
Âge : 27 ans
Profession : dans la communication et la gestion de projets culturels
Salaire brut : 2 903,33 €
Salaire net avant prélèvement à la source : 2 110,52 €
Personnes (ou animaux) qui vivent avec vous : 1 chien
Lieu de vie : province de Brabant Wallon (Belgique)
La situation et les revenus de Valentine
Valentine, 27 ans, est Belge. Elle est employée en CDI en ABSL (association sans but lucratif) depuis deux ans dans une salle de concert en tant que chargée de communication et de projets culturels.
« J’organise notamment des festivals jeune public. Ma profession me plaît car c’est très varié, je rencontre beaucoup de monde et ça me permet d’exercer mes compétences organisationnelles. De plus, je suis passionnée par la musique. C’est un premier emploi vraiment gratifiant, dans un secteur que j’aime, avec une mentalité que j’apprécie. »
Célibataire, elle vit avec son chien dans la province de Brabant Wallon, au sud de Bruxelles, dans un appartement de 60 m2 dont elle est locataire depuis juillet.
« C’est un appartement 1 chambre avec un petit jardin, dans une zone assez verte mais urbaine. Avant, je vivais en colocation à Bruxelles, mais j’ai ressenti le besoin d’être seule dans mes affaires et de me rapprocher de mon lieu de travail. »
Pour son emploi au sein d’une association culturelle, Valentine touche un salaire brut de 2 903 €, ce qui signifie qu’il lui reste 2 110 € net pour vivre. Elle précise qu’elle ne peut compter que sur son seul salaire, parfois complété par « des petits jobs (baby-sittings, relecture de documents, etc.) ».
« Je trouve que je suis relativement bien payée pour le secteur culturel. Mon salaire est confortable, j’arrive à économiser chaque mois plusieurs centaines d’euros. »
Si la jeune femme arrive à mettre de côté, c’est aussi parce qu’elle n’a pas de voiture. « Je ne pourrais pas me le permettre actuellement, mais j’arrive à me débrouiller sans. Je vais au travail à pied ou en trottinette électrique. Je suis dans la moyenne. Heureusement, je reçois des chèques-repas [d’un montant de 122 €, ndlr] qui m’aident à payer ma nourriture. »
Concernant le montant des impôts sur le revenu qu’elle a à payer, Valentine l’estime à 800 € pour l’année passée, mais n’en est pas absolument certaine. Mais ce montant est dû au fait qu’elle a travaillé à mi-temps pendant six mois. « On verra en 2024 les ‘vrais chiffres’ pour mon temps plein. »
Le rapport à l’argent de Valentine et son organisation financière
Valentine a grandi dans une famille « pas riche du tout ».
« Quand j’étais petite, on se serrait pas mal la ceinture et on partait en vacances en camping pas loin, ou on faisait des road trips en Europe. »
De ses parents, la jeune femme estime avoir hérité « leur stress » à la perspective de manquer d’argent. Souvent à découvert, les parents de Valentine n’ont pour autant « jamais eu de dettes ». « Parfois, j’avais un peu mal au cœur pour eux », se souvient-elle.
« Personne n’est riche dans ma famille. Moi, j’aimerais bien être riche, mais ça n’est pas vraiment envisageable dans mon secteur professionnel. C’est pas très grave, j’aime le milieu culturel, je m’y sens bien et c’est plus important que l’argent. »
Aujourd’hui, Valentine estime bien gérer son argent. Jamais à découvert, elle tente d’économiser dès qu’elle le peut, même si elle n’hésite pas à « s’acheter des choses qui lui font envie, tout en restant raisonnable ».
« Ayant fait un peu de marketing dans mes études, j’analyse souvent mon comportement d’acheteuse et je sais reconnaître mes coups de cœur facilement ; je ne dilapide jamais mes sous dans des bêtises.
Par contre, j’ai beaucoup de mal à ne pas mettre de côté ou à prendre sur mon compte épargne, mais je ne sais pas très bien pourquoi. Comme si j’avais besoin d’avoir une sécurité, de la blinder au maximum même si actuellement je n’ai pas de projet d’investissement. Je suis très consciente de la valeur de l’argent et j’enrage quand j’en perds bêtement. »
Concernant son organisation financière, Valentine dispose d’un compte courant et d’un compte épargne, sur lequel elle verse une partie de ses revenus à la fin du mois.
Les dépenses de Valentine
Le premier poste de dépenses de Valentine est le loyer : elle paye chaque mois 750 € pour son appartement de 60 m2 au sud de Bruxelles.
Les factures courantes lui reviennent à 200 € mensuels pour le gaz, l’électricité, l’eau chaude et froide.
Elle règle 30 € son abonnement à internet et 15 € celui à son téléphone, mais ne paye pas Netflix ou Spotify, puisque son père lui offre ces deux services.
Pour sa mutuelle et son assurance habitation/responsabilité civile, Valentine débourse chaque mois 50 €.
La vingtenaire se déplace à pied ou en trottinette pour se rendre à son travail, ce qui ne lui coûte donc rien. Ses frais professionnels lui sont par ailleurs remboursés. Mais il lui arrive de « louer une voiture pour se rendre dans une autre ville pour l’un de ses loisirs ». Cette dépense est estimée à 25 € par mois environ.
« Mon plus gros poste de dépenses, c’est mon chien »
Pour se nourrir, Valentine calcule dépenser 250 € par mois, qu’elle règle en partie avec les chèques repas que lui fournit son employeur. Pour faire ses courses, elle se rend soit dans la chaîne de supermarchés belge, soit chez Carrefour ainsi que dans des magasins bio où « les légumes sont souvent moins chers ».
« J’achète peu de viande, mais quand c’est le cas, je prends de la qualité (bio de grande surface) car j’ai été élevée comme ça et les produits marque blanche me dégoûtent souvent à cause d’expériences passées désagréables. »
Valentine complète ses achats en se rendant parfois au marché, notamment les fruits et légumes.
Pour son chien, elle paye une assurance et dépense 80 € tous les mois et demi pour des croquettes. Lissé sur l’année, cela lui revient à environ 23 € mensuels.
« Mon plus gros poste de dépenses, c’est mon chien : jouets, nourriture, visites chez le véto, dressage… Sans compter les objets qu’elle détruit et que je dois remplacer. »
Pour ses dépenses dites « féminines », Valentine dit qu’elles sont « proches de zéro ».
« J’utilise des culottes de règles depuis bientôt trois ans. J’ai dû acheter deux paquets de serviettes en un an et demi. J’achète peu de produits de beauté, ils me durent longtemps. »
Sa dernière commande lui a coûté 20 € et remonte à janvier dernier. Niveau maquillage, elle estime la dépense à 30 € par an en moyenne et s’épile avec un épilateur acheté 30 €.
« Je vais quelques fois par an chez l’esthéticienne, disons pour une moyenne de 25 € par an. Ma contraception me coûte plus ou 110 € par an mais est remboursée de moitié par ma mutuelle. Je ne partage pas avec un partenaire vu que je n’en ai pas, mais quand c’est le cas, c’est lui qui paie les préservatifs. »
Au total, lissées sur l’année toutes ces dépenses lui reviennent à 30 € par an.
Les dépenses loisirs de Valentine
Pour ses loisirs, Valentine dépense en moyenne 50 € par mois. Cela comprend un cours de chant (360 € par an, payable en deux fois) et des cours de langue (75 € par an).
« J’ai la chance de pouvoir assister à des concerts sur mon lieu de travail, mais la culture est centrale dans ma vie. »
La jeune femme achète aussi occasionnellement des livres, pour environ 20 € par mois.
« Je sors beaucoup mon chien, je cours, et tout ça c’est gratuit. J’aime aller à l’opéra mais j’y vais avec des places presse. Je me suis achetée une Switch reconditionnée il y a quelques mois et je ne craque jamais sur des jeux (je compte en demander un à Noël). »
Ses derniers craquages en date ? Une trottinette électrique pour se rendre au travail (500 €), un tatouage (80 €) et des places de concert pour elle et une amie (110 €). Elle a aussi dû acheter des meubles suite à son récent emménagement, notamment un canapé.
« Mais je récupère bcp de meubles à droite à gauche, en déco je suis la reine de la débrouille. »
Côté vêtements, Valentine dépense peu : en moyenne 30 € par mois, notamment sur Zalando xux Petits Riens – « un genre d’Emmaüs belge ».
« J’essaie de faire peu de shopping, c’est quelque chose qui me fait du bien donc j’ai un peu du mal à résister parfois. Mais comme je culpabilise vite, c’est assez restreint. »
L’épargne et les projets d’avenir de Valentine
Une fois toutes ces dépenses honorées, il devrait rester un peu plus de 750 € à Valentine pour finir le mois. Mais d’autres frais « cachés » mettent à mal cette belle épargne.
« Il faut compter des sorties, l’essence quand j’utilise la voiture de mes parents, les extras pour mon chien… »
Il y a aussi « les soins chez l’ostéopathe sont très faiblement remboursés, aussi je dois parfois réfléchir avant d’aller me faire soigner », ajoute Valentine, qui réussit néanmoins à économiser entre 300 et 600 € par mois.
« Je les mets sur mon compte épargne sans savoir vraiment quoi en faire. Je n’ai pas encore assez d’économies pour acheter une maison. »
C’est pourtant, à long terme, le projet auquel elle aspire. Idéalement, elle aimerait accéder à la propriété d’ici cinq ans.
« Je n’ai pas d’autres grands projets, les voyages m’intéressent assez peu donc pas besoin de voir le monde, peut-être un jour quand je serai vraiment confortable financièrement. Je suis encore en train de m’ajuster au fait de payer seule mon loyer et mes factures, de garder une certaine balance entre loisirs et économies. Je suis assez heureuse de ma vie comme elle est, je sais qu’elle est faite de mois avec plus de dépenses et de mois où je peux mettre plus de côté.C’est sûr que j’aimerais rencontrer quelqu’un et fonder une famille, mais comme ça n’est pas d’actualité, je m’occupe uniquement de moi et de mon chien. »
Merci à Valentine* de nous avoir ouvert ses comptes !
* Le prénom a été modifié.
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