Tous les auteurs vous diront qu’il est primordial de soigner l’incipit d’un livre.
Les premiers mots, la première phrase, c’est ce qui va attirer l’attention du lecteur, l’harnacher, ou au contraire le dissuader de poursuivre sa lecture.
Il en va de même pour les premières images d’un film ou d’une série. Et ça, Euphoria l’a bien compris.
La première séquence de sa saison 2 (diffusée sur HBO le 9 janvier et en US+24 sur OCS) est suffisamment puissante pour palier les deux années d’absence du programme. Mieux encore, elle permet une plongée immédiate dans son univers violent, explicite et nerveux, agissant comme un shot d’adrénaline.
Y’a pas à dire, Euphoria, c’est bien, bordel.
Euphoria saison 2, un focus sur le personnage de Fez
Euphoria saison 2 s’ouvre sur une blonde d’une cinquantaine (soixantaine ?) d’années en costume bleu roi, flingue au poing, qui sort d’une bagnole.
Elle pénètre un club de strip-tease, lunettes sur le nez, traverse une marée de femmes nues sans y prêter attention, ouvre une porte derrière laquelle un homme bedonnant se fait faire une fellation et lui tire une balle dans chaque jambe, tandis que le sexe de l’homme, encore en érection, s’agite à l’écran.
Sa mission accomplie, elle retourne dans sa voiture où l’attend un petit garçon avec un œil au beurre noir.
C’est le petit Fez, dont on nous raconte l’histoire dans ce début de saison 2, ce qui confirme la promesse que l’auteur Sam Levinson avait faite il y a quelques mois de désormais se concentrer sur ce personnage.
On apprend donc que Fez a été élevé par sa grand-mère, une « putain de gangster » comme le souligne Rue, qui vit du trafic de cocaïne, se trimballe toujours avec un flingue ou un pied de biche, et dézingue tous ceux qui se mettent en travers de sa route. Le reste du temps, elle élève comme elle peut son petit fils, et un bébé qu’elle a recueilli (dont c’est finalement Fez qui va s’occuper).
Une enfance catastrophique sous la forme de flashbacks qui donnent un peu de matière et d’épaisseur à ce personnage trouble, jusqu’alors présenté comme simple et taiseux, pour ne pas dire mutique.
Sam Levinson revient ici sur la manière dont Fez — qui n’a pas eu d’autre choix que de reprendre le « business familial » quand sa grand-mère est décédée — s’est retrouvé malgré lui dans le commerce illégal de la drogue, ce qui augmente encore notre empathie pour lui. Après tout, il était victime avant d’être bourreau.
Ici, on est loin du ton comique et relâché de Family Business, et on réfléchit le milieu de la drogue comme un environnement malsain, traumatisant dont il est difficile, pour ne pas dire impossible, de revenir.
Euphoria saison 2 confirme sa volonté à creuser en profondeur dans les traumas et les cloaques familiaux de ses jeunes héros sans prendre de détours, au risque de passer pour gratuitement choquante.
Euphoria saison 2, toujours plus de drogues
L’histoire de Fez est donc une sacrée entrée en matière, rappelant que dans Euphoria, on est pas là pour déconner.
Quand on parle violences, on les montre, quand on parle sexe, on le montre, quand on parle drogues, on les montre. Et tant pis pour les plus jeunes qui rêveraient de regarder Euphoria, car la série est interdite aux moins de 16 ans.
Ainsi, après la séquence d’introduction brutale et déchirante de ce premier épisode, on retrouve Fez avec des dealers, tandis que Rue et une jeune femme prénommée Faye attendent dans une voiture. Faye se pique, la vulve à l’air, intimant à Rue de calmer ses nerfs car ce qu’elle s’insère n’est « que de l’héroïne ».
Les deux filles sont finalement kidnappées et jetées dans le même appartement que Fez et son frère. On leur intime de se déshabiller pour vérifier qu’elles ne portent pas de mouchard et ne bossent pas pour les flics, dans une scène abracadabrantesque où un gars archi-musclé hurle sur les filles avant de danser devant un aquarium, tandis que la dealeuse en chef prépare une valise pleine de stupéfiants.
Le mystère de la valise que trimballe Rue de bout en bout de la bande-annonce est donc levé.
En tout cas, cette saison 2 d’Euphoria ne prend aucun détour pour évoquer la rechute violente de Rue dans la drogue, et effraie via le personnage de Faye, adolescente visiblement très en prise avec l’héroïne, qui risque de devenir un personnage sinon majeur, au moins intéressant de cette nouvelle saison.
Rue et Jules, vers une réconciliation ?
Au cœur de l’intrigue de Euphoria, il y a bien sûr l’histoire d’amour en dents de scie de Rue et Jules, qui s’était arrêtée à la fin de la première saison, quand Rue décidait au dernier moment, sur le quai de la gare, de laisser Jules quitter la ville seule.
Difficile ensuite de savoir exactement quel chemin prendrait leur relation, mais la série nous donne finalement quelques pistes dès le premier épisode de la saison 2.
En effet, les deux héroïnes finissent par se retrouver lors de la soirée du Nouvel an, et Jules se rend immédiatement compte que Rue n’est pas dans son état normal.
Alors que Rue tire longuement sur un joint, Jules la scrute et, sans la juger, lui demande comment elle a replongé.
Rue lui explique en toute honnêteté qu’elle a recommencé à se droguer lorsque Jules est partie, ce qui fait planer l’ombre immédiate de la culpabilité sur le visage de cette dernière.
Ensuite, les deux jeunes femmes se retrouvent sur la piste de danse, indifférentes aux conversations extérieures et aux pépites de lumières qui font crépiter leurs visages, comme enfermées dans leur bulle, à confier l’une l’autre combien elles se sont manquées.
ll y aura au moins cela de positif dans cet épisode d’Euphoria, majoritairement composé de drames et de scènes choc, qui confirme que Sam Levinson, le créateur du programme, a beau vouloir rester dans la veine terrifiante de sa première saison, il n’entend pas priver ses héroïnes — ni nous non plus — de la plus belle histoire d’amour de la télévision actuelle.
Crédit photos : HBO
Regarder la saison 2 de Euphoria sur OCS
À lire aussi : Quelque chose se passe du côté de Desperate Housewives… remake ? Come-back ?
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.