Les films musicaux, cette catégorie qui a une fâcheuse tendance à diviser le monde entre les fans et les franchement-pas-emballé·e·s… Pour explorer cette thématique, j’ai décidé d’éviter les monuments du genre et de vous proposer des films moins connus. Attention : choix totalement arbitraire. J’espère que vous ferez des découvertes !
Dylan Moran est prêt pour jouer dans une comédie musicale.
Dancer in the Dark
On commence par briser un peu le cliché de la « comédie musicale » joyeuse et bon enfant. D’ailleurs Lars von Triers définit son film comme un opéra plutôt qu’une opérette, c’est-à-dire qu’il traite de sujets plus graves (comme West Side Story, par opposition à Singing in the Rain par exemple). Le pitch : une émigrée tchèque, mère célibataire, devient progressivement aveugle. Son fils en fera autant, sauf si elle parvient à lui payer une opération grâce à son travail à l’usine. En plus, un voisin va essayer de lui voler ses économies. Sur Youtube, un commentaire éloquent résume le film : « Most. Depressing. Movie. Ever ».
Sauf qu’à côté de tous ces malheurs, l’héroïne adore les vieux films musicaux hollywoodiens ; avec sa meilleure amie, elle fait partie d’une troupe amateur qui monte La Mélodie du bonheur. Et dans ses rêves éveillés, sa vie est une comédie musicale – chorégraphies comprises.
La BO est de Björk, qui joue également l’héroïne – une performance unanimement saluée. Les chansons donnent donc un curieux mélange entre son propre style et celui des comédies musicales classiques. La réalisation de Lars von Triers a par contre été très critiquée : assez sale, elle est plus proche d’un documentaire que d’un film « de cinéma ».
https://www.youtube.com/watch?v=62pLY5zFTtc
La Petite Boutique des horreurs
Vous êtes toujours là ? Vous ne vous êtes pas encore suicidé·e·s ? Allez, on va parler d’un film un peu plus joyeux. La Petite Boutique des horreurs (version de 1986, par Frank Oz) est inspirée d’une comédie musicale, elle-même inspirée d’un film série B de Roger Corman en 1960.
Le héros travaille chez un fleuriste, qui va bientôt devoir mettre la clef sous la porte faute de client. Il a alors l’idée de mettre en vitrine une plante étrange, trouvée dans la cave, qu’il baptise Audrey II en hommage à sa collègue Audrey dont il est secrètement amoureux. La plante va attirer une foule de clients et sauver la boutique, mais elle va également poser quelques problèmes… car elle se nourrit de sang humain.
Un gros morceau de délire, bien plus comique qu’horrifique, avec une belle plante en latex bien kitsch.
Sister Act
Dans ce film d’Emile Ardolino, une chanteuse de cabaret (Whoopi Goldberg) a assisté à un meurtre, et bénéficie d’un programme de protection des témoins. Sa cachette : un couvent. Son identité d’emprunt : nonne. Mais l’intégration ne va pas être facile, notamment avec la mère supérieure ; cette dernière l’assigne à la gestion de la chorale, qu’elle va pour le moins… moderniser !
Le film est totalement porté par Whoopi Goldberg, avec sa bonne humeur et son talent comique. On peut déplorer quelques clichés et beaucoup de bons sentiments, mais Sister Act reste un remonte-moral très efficace (après avoir vu Dancers in the Dark par exemple).
Ce film a eu un tel succès qu’une comédie musicale en a été tirée ; créée à Londres il y a un peu plus de deux ans, elle est passée à Broadway et passera à Paris, en version française, en septembre prochain. Le deuxième volet du film, Sister Act, acte deux, a par contre fait un flop.
https://www.youtube.com/watch?v=hYfnKDisO7k
Across the Universe
Vous aimez les Beatles ? Vous devriez aimer Across the Universe, dont le script a été écrit sur les chansons du groupe – comme Mamma Mia ! a été écrit pour placer le plus de chansons de ABBA possible. Jude et Lucy (devinez l’origine des noms…) vivent une histoire d’amour dans les années 60, sur fond de mouvements contestataires et de guerre du Vietnam.
Le film de Julie Taymor ne compte pas moins de 32 chansons des Beatles remixées, dont quelques unes par Bono (de U2). Les autres sont interprétées par The Secret Machines ou par les acteurs, dont Evan Rachel Wood et Jim Sturgess dans les rôles principaux. Across the Universe est un voyage dans les années 60, parfait si vous rêvez de retrouver l’ambiance de Hair. Les effets visuels, parfois violents (comme dans Strawberry Fields Forever) et psychédéliques, renforcent l’impression d’un clip pop.
A éviter par contre si vous détestez tout ce qui est fleur bleue : Across the Universe est une bonne comédie musicale bien romantique avec une dose démesurée d’espoir, d’amour et de naïveté.
La Mélodie du Malheur
Les films précédents étaient déjà foutraques (surtout le deuxième), celui-ci l’est encore plus. Au programme de ce long-métrage de Takashi Miike, déjà connu pour sa loufoquerie : une famille fauchée ouvre un refuge dans les montagnes, persuadée d’attirer tous les touristes. Mais bizarrement, les seuls clients qui viennent meurent, et les aubergistes se retrouvent à enterrer les corps de peur de la mauvaise publicité.
Ce pitch est-il complètement glauque ? Oui. Est-il traité d’une manière aussi déprimante que le mériteraient des thèmes aussi sombres ? Oh que non. Sinon il n’y aurait pas de zombies qui chantent. Ni de séquences en pâte à modeler. La Mélodie du Malheur est à moitié une parodie de comédie musicale, à moitié une critique de la société japonaise et de ses valeurs traditionnelles, le tout concentré dans une série Z. En même temps, comme pourrait le noter le Joueur du Grenier : c’est un film japonais.
Et vous, vous aimez les films musicaux ? Qu’est-ce que vous auriez fait comme sélection ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Je suis tellement d'accord avec toi, j'adore ce film je le regardais tout le temps quand j'étais petite, plus que le 1 d'ailleurs.