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Gaëlle, responsable de la Slutwalk France, l’interview

La première SlutWalk de France avait lieu samedi dernier à Aix-Marseille, Lille, Lyon, Strasbourg et Paris. Rencontre avec Gaëlle, responsable nationale du mouvement, qui a marché à Paris.

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Elles étaient un peu plus de 200, sous le soleil de ce généreux mois d’octobre, à marcher entre Montparnasse et le Panthéon. Habillées provoc’, presque dénudées, des ballons rouges en forme de coeur au-dessus d’elles et des panneaux dans les mains : celles qui s’auto-proclament « salopes » ont manifesté contre le viol et toutes les autres formes d’agressions sexuelles.

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« Je tenais à ce que la marche se termine à l’entrée du Panthéon », confie Gaëlle, jeune femme rieuse et pleine d’énergie sans qui la Slutwalk France n’existerait pas. « Symboliquement, j’avais envie de ça : que les femmes se retrouvent en face du palais des Grands Hommes. »

Pourquoi cette marche ?

Gaëlle : Pour dire NON au sexisme et aux agressions sexuelles. Est-ce normal que quand une victime de viol se rend au poste de police, sa plainte soit rarement recueillie avec empathie ? Est-ce normal qu’on lui demande « si elle connaissait l’agresseur », « si elle l’avait invité chez elle », et comble de la tentative de culpabilisation, « si elle était habillée sexy » et « si elle a fait boire son invité » ? On n’est jamais responsable de son propre viol. Ce n’est pas aux femmes de veiller à contenir la libido des hommes. C’est aux hommes d’apprendre à comprendre que NON c’est NON, et qu’un viol est un crime sexuel.

Comment en es-tu arrivée à être à la tête de l’antenne française de la Slutwalk ?

J’ai suivi de près la première Slutwalk, qui a eu lieu cette année à Toronto. Puis je me suis dit « mais pourquoi pas en France ? Il nous faut une Slutwalk en France ». Alors je l’ai lancée, en me rapprochant des autres antennes Slutwalk qui se sont développées ailleurs. D’autres personnes en France m’ont contactée pour organiser des marches plus locales. J’ai placé 3 responsables par ville, et depuis, c’est comme ça que nous nous organisons.

Certains reprochent au mouvement qu’il n’ait pas choisi de traduction littérale – « la marche des salopes », formulation plus rentre-dedans encore…

Le but de ce mouvement est d’instaurer une solidarité internationale. Les viols ne connaissent pas les frontières. On a préféré garder la terminologie ‘Slutwalk’ afin qu’il apparaisse comme clair que le mouvement est mondial.

Des affiches distribuées aux "salopes"

Te qualifierais-tu de féministe ?

Dans la mesure où je souhaite défendre les droits de la femme, oui. Mais je suis indépendante. Je n’appartiens à aucun mouvement. Certains de mes détracteurs, en me stalkant sur Internet, ont vu que j’ai travaillé dans le cosmétique dans le passé. Ça a été leur grand argument : « tu ne peux pas être féministe, tu as travaillé à vendre des produits de maquillage ! » Que dois-je leur répondre ? Faut-il véritablement une légitimité pour se dire contre les viols ? Oui, j’ai déjà été agressée, oui – si c’est ça que les gens veulent entendre. Mais je n’épiloguerai pas.

Quels sont les changements que tu exiges ?

Je veux qu’au moins deux policiers par commissariat soient formés à recevoir les plaintes de viol. Je veux que l’empathie soit au programme de leur formation, et que plus jamais une victime ne se fasse reconduire à la porte du commissariat parce que « mademoiselle, nous on ne prend pas les plaintes contre viol, il faut que vous vous rendiez à cet autre commissariat, oui, à 10 stations d’ici, oui ».

Je souhaite qu’on réfléchisse à cette histoire de tribunaux spécifiques – l’Espagne les a mis en place, et depuis les chiffres enregistrent 25% de crimes sexuels en moins. Je veux qu’on discute de l’éventualité de bracelets électroniques, que François Fillon nous donne des nouvelles de ce que le gouvernement a fait de beau depuis qu’on lui a remis le Livre Blanc des États généraux de la femme. C’est simple – un électeur sur deux est une femme : je veux que le gouvernement soit mis face à ses promesses.

Es-tu contente de cette première marche ?

Oui, l’ambiance était super. Seul bémol : la préfecture a dû restreindre nos heures de défilé… Notre marche n’a été autorisée que de midi à 14h. Au début, on pensait avoir tout l’aprèm ! Du coup, beaucoup de jeunes femmes n’ont pas pu venir… On était plusieurs centaines de personnes, c’était hyper sympa, mais on aurait pu être plus encore ! RDV le 3 avril prochain pour le 1er anniversaire de la Slutwalk. Là, on sera encore mieux organisés, c’est certain !

Et dans le cortège, est-ce qu’il y avait des hommes ?

Oui, quelques-uns ! Et d’autres, croisés en chemin, qui ont rejoint le cortège. Le mouvement semble être très bien reçu. Les gens sont sympas avec nous. Le défilé les fait sourire.

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Vous arrivez malheureusement trop tard…

La jeune femme : C’est vraiment dommage. Je suis venue exprès de Rambouillet !

Votre inscription sur le buste a t-elle suscité des réactions en chemin ?

Dans le métro, un homme d’origine indienne assis en face de moi m’a demandé ce que c’était. Je lui ai expliqué, et il était méga surpris : « dans un pays développé comme la France, il y a encore des viols ? » Oui mon bon monsieur, c’est une chose malheureusement très internationale…

... qui nous montre, une fois son débardeur baissé, ce que le col échancré laisse entrevoir.

photo-69Là c’est Luc Renoux, membre du collectif « Les ridéEs ont faim de vie »

Que faites-vous ici ? Vous avez participé à la marche ?

Luc : Je milite pour une chose à la fois très simple (à comprendre, à désirer) et très compliquée (à mettre en place, à faire valoir) – je veux que tout le monde puisse être soi-même, sans que cela ne pose problème. Dans une vie, le processus de coming-out est très salvateur : le bonheur d’être soi est une richesse incroyable. La Sleuut machin là…

« Slutwalk »

Oui, ça. Eh bien, c’est un mouvement qui s’inscrit tout à fait dans mes revendications. Les filles sont comme elles sont, épanouies et spontanées. Elles défilent et expriment leur ras-le-bol du sexisme. Je trouve ça important. Le sexisme, ce n’est pas ce truc cliché que l’on ne voit qu’à la télé. Le sexisme, c’est une drôle de réalité, un truc de tous les jours… et qui traverse les âges ! Être macho, ce n’est pas juste avoir la quarantaine et ne pas respecter les femmes. C’est aussi avoir 60 ans et laisser sa femme, ses maux de dos et ses varices, être la seule à entretenir la maison.

Credit : Essenci'Elles

Le mot de la fin ?

Gaëlle : En matière d’agressions sexuelles, il y a encore beaucoup à faire : d’un point de vue légal mais aussi des moeurs, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Nous marchons aujourd’hui aussi pour ce faible pourcentage d’hommes violés chaque année. Ils existent aussi ! Par ailleurs, 39 19 est le numéro à composer en cas de problème. Ce numéro est encore trop méconnu… Je souhaite qu’il apparaisse tous les soirs après le JT. L’expérience a prouvé qu’un spot contre le viol, c’est un nombre d’appels à l’aide multiplié. Le silence tue : il faut tout faire pour le rompre.

Pour aller plus loin

mais aussi…

  • Un billet d’humeur qui déplore le fait que « le féminisme soit présenté comme sexy » dans les slutwalks

Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

4
Avatar de Gazoo
14 octobre 2012 à 19h10
Gazoo
Merci aux participant-e-s de la Marche du 6 octobre dernier.
Voici, comme promis, notre pétition adressée au Président.
N'hésitez pas à la signer et à la faire connaître autour de vous !


Nous souhaitons rappeler au Gouvernement ses promesses pour lutter contre le sexisme et prendre de nouvelles mesures pour la prévention, l’éducation, l’accompagnement des victimes et le suivi des criminels sexuels.
Nous en avons assez de vivre dans un système qui minimise l’agression sexuelle, la violence et le harcèlement, légitimant non seulement ces actes violents, mais blâmant aussi, parfois, leurs victimes. Nous condamnons cette société qui enseigne : « Ne soyez pas violé-e » plutôt que « Ne violez pas... » !
Chaque année, on dénombre dans notre pays : 198 000 agressions sexuelles dont 75 000 viols, soit 206 personnes victimes de viol par JOUR !
Il est urgent de rappeler que dans 80 % des cas, la victime connait son agresseur. Il fait partie de son cercle familial, professionnel, amical, relationnel…

En France, seulement 10 % des victimes portent plainte et… 2 % des agresseurs sont effectivement condamnés !

http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/m-le-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-fran%C3%A7aise-eradiquez-le-viol-les-violences-sexuelles-et-sexistes
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Pour la sortie de la démo, il serait préférable de la sortir publiquement le 1er octobre en soirée (vers 18h–20h). Cela vous donne le temps de vérifier le build dans la journée et garantit que Steam la prendra bien en compte pour l’avant-première presse du 2 octobre.

J'ai déjà commencé à contacter quelques journalistes sans trop de succès. Je prévois d'envoyer une nouvelle salve avec le communiqué de presse le 1er octobre également afin que  les journalistes aient l’info + le presskit au moment où la démo devient disponible.

Pour les influenceurs, ils n’ont pas accès à la Press Preview officielle, donc je prévois de leur transmettre le lien démo dès le 1er octobre. Cela leur donnera le temps de produire du contenu en avance et de programmer des diffusions juste avant ou pendant le Next Fest.

Enfin, d'après ce que j'ai compris de la documentation officielle Steamworks, il est possible d’envoyer une notification (email + appli mobile) aux joueurs ayant wishlisté le jeu. Le déclenchement est manuel et disponible une seule fois dans les 14 jours suivant la première mise en ligne de la démo.

Si la démo est publiée le 1er octobre, vous devriez avoir jusqu’au 15 octobre environ pour utiliser cette notification. On pourrait donc la programmer stratégiquement au 13 octobre, mais il faudra bien vérifier que le bouton soit disponible dans Steamworks à ce moment-là.
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