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Source : Pexel
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Et si on arrêtait de prendre les femmes enceintes pour des jambons ?

Comment s’informer correctement sur la grossesse quand on veut éviter les clichés mielleux ? Comment vivre une grossesse féministe ? C’est le thème de ce billet d’humeur.

Si vous êtes déjà tombée enceinte, et ce, d’autant plus si vous travaillez sur ordinateur, vous avez dû, comme moi, passer une bonne partie de votre journée sur Internet. On a vite fait d’ouvrir une fenêtre entre deux mails pour taper « taux de bêta-hcg jumeaux », « fromage pizza pas très bien cuit grossesse » ou, recherche universelle : « alcool 1ᵉʳ mois risque foetus ».

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Devenir mère et fouiller dans les abysses d’Internet

Qu’apparaît-il alors sous nos yeux ? Au mieux, des sites « d’information » dédiés au sujet, nappés de rose et dégoulinant de mignonnerie. L’enfant est un « bambin », la mère une « maman », la grossesse, « le plus beau chef-d’œuvre que l’on puisse créer ». Vous trouvez ensuite des blogs de marques de couches, où l’objectivité se discute du simple fait que leur but est de nous faire acheter leurs produits. Au pire, vous atterrissez sur des forums, abîme sociologique de la maternité doucereuse. Au-delà d’un langage codifié incompréhensible (le “gygy” ? le “brybry” ?), on plonge forcée contrainte dans une vision de la maternité où chaque micro-événement est décrit sur 3 pages, où la mère apparaît passionnée par sa grossesse et sa progéniture, experte et… un peu niaise. Voilà, c’est dit. 
Les informations sur la grossesse sur Internet relèvent de la « bouffonnerie », si je rejoins Pihla Hintikka et Élisa Rigoulet dans leur Guide féministe de la grossesse, « infantilisant la femme, limitant son intelligence et sa capacité à nommer les choses, rendant niais le projet de faire un enfant ».

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S’informer concrètement pendant la grossesse

Vous êtes là, la trentaine, à regarder les femmes enceintes du coin de l’œil, à craindre de voir votre féminisme se dissoudre dans la maternité tout en souriant à l’idée de mêler vos gènes à ceux de votre compagnon, et là, alors que votre ventre ne s’est même pas encore arrondi et que vous ne réalisez pas que vous êtes vraiment enceinte, vous tombez sur ces sites et vous vous dites : c’est ça ma vie maintenant ?

Enceinte, j’étais tellement désespérée par la médiocrité des informations disponibles sur Internet que je fomentais le projet de créer un site scientifico-journalistique pour donner une alternative aux parents. 

Rassurez-vous, un autre type d’informations s’offre à vous sur Internet si vous n’êtes pas très mère douce : celles transmises par l’amazone, sauvage, qui allaite jusqu’à plus soif et accouche en chantant dans une rivière. 

Si vous voulez vous renseigner sur la péridurale, vous pourrez par exemple lire sur le site d’une thérapeute autoproclamée que cette technique médicale est un « confort néfaste pour l’enfant.» Vous la sentez bien la pression s’accumuler sur vos épaules ? 

À lire aussi : Un réel « consentement éclairé à la maternité », c’est ce que propose Renée Greusard dans Choisir d’être mère

La rétention de savoirs

Ce type de discours s’accompagne souvent d’une forme d’injonction à l’instinct. La grossesse, c’est naturel, ton corps connaît le chemin, ON ACCOUCHE DEPUIS LA NUIT DES TEMPS, ressentez ! Vibrez ! Ne réfléchissez pas trop ! Femme, ne cherche pas d’information, écoute ton instinct, tu ne l’entends pas ? Dommage !

Oui, le soi-disant instinct maternel commence là, alors que vous avez quelques cellules de la taille d’une lentille dans l’utérus.

Je me souviens d’une sage-femme qui refusait presque de répondre à mes questions, me reprochant de trop « intellectualiser ». Il fallait « sentir » quand je voulais comprendre. Après la désinformation, je tombais sur la rétention de savoirs. 

C’est comme quand des mères refusent de raconter que notre anus devient chou-fleur après l’accouchement, à base de « elle aura bien le temps de découvrir tout ça », « gardons le mystère ». C’est quoi la grossesse, un jeu de piste ? Surprise, des hémorroïdes ! 

Que fait-on des futures mères qui ont envie de rentrer dans la partie en connaissance de cause, en femme informée et loin des modèles judéo-chrétiens de la maternité ?

C’est vrai que la parole se libère sur la grossesse, le post-partum et qu’on entend davantage parler de la réalité de la maternité quand on prend la peine de chercher. Mais les informations accessibles facilement via une recherche Internet restent confuses et insuffisantes. 

Le manque d’informations fiables sur la grossesse

Environ 700.000 femmes accouchent chaque année en France. Pourquoi les grands sites de médias ne s’emparent-ils pas du sujet ? Pourquoi l’Organisation mondiale de la Santé ou l’Assurance Maladie n’ont pas déjà créé un site complet et fiable sur la grossesse ? Pourquoi lisons-nous tout et son contraire sur les restrictions alimentaires ? Pourquoi tant de femmes ignorent à quoi sert leur périnée ? Pourquoi les 1.000 questions que se pose une femme enceinte restent-ils des sous-sujets cantonnés à des sites rose bonbon gavés de pubs ? La jungle de la maternité commence par la désinformation subie pendant la grossesse.

Récemment, la lumière a été faite sur l’endométriose. On sait aujourd’hui qu’il n’est pas normal d’avoir mal pendant ses règles au point de rester couchée pendant trois jours. Il serait temps de considérer qu’une femme en train de concevoir un autre être humain n’a pas non plus à rester neuf mois dans un flou, coincée entre des préoccupations mercantiles, des visions réactionnaires de la maternité et le fantasme de la femme sauvage. 

J’en profite pour partager quelques ouvrages qui m’ont aidée à comprendre, déculpabiliser et trouver des voix qui me ressemblent : 


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

Les Commentaires

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Avatar de Matilda Verdebois
26 juin 2023 à 22h06
Matilda Verdebois
Ma tante, qui a eu des enfants en 1997, 1999 et 2003, a eu le ventre pour l'aîné, le côté pour le deuxième, et le dos pour le troisième
Nous, on nous avait conseillé de tourner la tête pour éviter le côté "tête écrasée". Ça n'a pas DU TOUT marché car ils avaient clairement un côté préféré. Et dès que ma fille a su se mettre sur le ventre, elle s'est endormie comme ça, et nous on a juste croisé les doigts. Avant ça, elle s'endormait d'ailleurs généralement sur le côté.
Mais oui, la recommandation générale, c'est le dos.
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