Ouais non parce que ça va bien deux minutes de rigoler mais ya un moment où faut remettre les pieds sur terre et parler un peu de choses sérieuses.
Pour le coup c’était la faute à pas d’chance comme on dit. Une capote qui craque, la pilule du lendemain qui ne fonctionne pas et paf ! me voilà en cloque. Moi qui ai si longtemps lutté pour rejeter ma féminité. C’était donc une réconciliation pour le moins brutale. Le soir où je l’ai appris, je suis allée dormir chez ma meilleure amie et j’ai oublié le temps d’une soirée. Ce n’est que le lendemain, au moment de rentrer chez moi, que j’ai fondu en larmes dans ses bras parce que j’allais être seule pour la première fois depuis que je savais que j’étais enceinte. Mon copain était avec moi quand j’ai fait le test, c’est même lui qui l’avait acheté.Premier rendez-vous
Enfin bref, je suis donc rentrée à la maison et le lendemain, j’ai entamé les démarches. Il a fallu d’abord prendre rendez-vous dans un labo pour faire une échographie de datation, histoire de vérifier que je pouvais bien faire ça par médicaments (le délai étant de 7 semaines).
Je crois que dans toute cette histoire, l’échographie a été le moment le plus pénible. Imagine-toi une salle plongée dans la pénombre, éclairée par quelques écrans gris et noirs (couleurs de l’échographie). Un médecin, pressé, très pressé, qui sort un gros machin qui ressemble à un fer à lisser en trois fois plus grand, deux fois plus large. Il enfile une capote géante dessus, « enlevez votre slip, écartez les jambes, soulevez les fesses » et SHLACK ! ça s’enfonce d’un coup, les larmes montent, on se sent humiliée l’air de rien, et ça fait mal cette merde. Et pendant cinq minutes, il touille, il remue, il enfonce plus loin, pendant qu’à l’écran vous voyez apparaître vos ovaires, et ce petit machin noir, le nid. Une fois qu’il a vu ce qu’il avait besoin de voir, il enlève l’engin, vous jette une serviette en papier « essuyez vous, les résultats seront prêts dans cinq minutes » et il sort. Et moi j’suis restée là, à poil sous ma robe, les pattes écartées, en larmes.
Ensuite faut prendre rendez-vous au planning familial, courir dans tout l’hôpital pour réserver un lit, effectuer le paiement, réaliser que les guichets sont fermés entre 12 et 14h, comme par hasard quand on est là, donc aller manger un truc dehors en attendant, et revenir pour refaire tout le chemin en sens inverse dans les couloirs qui puent.
L’hospitalisation
Arrive alors le jour J, l’hospitalisation. J’avais commencé ma fausse couche la veille, le micro-machin dans mon bide avait dû comprendre que c’était même pas la peine d’essayer… Le lendemain donc, je me pointe à l’hosto dans l’espoir qu’on me dise « oh bah vous avez déjà fait une fausse couche ? Rentrez donc chez vous vous reposer, vous n’avez pas besoin de nous ! » mais en fait, j’ai dû rester.
Avant toute chose, il a fallu passer chez la psy de l’hôpital… Je crois bien que durant toute cette histoire, c’est le moment où je me suis le plus marrée.
Elle m’a emmenée dans un bureau en me disant que ce serait rapide, qu’on discuterait toutes les deux pour voir un peu comment je vis les choses. Et j’ai découvert ensuite que par « conversation» elle voulait dire » écoute-moi parler tel le grand Jean-Claude Van Damme de la psychanalyse que je suis » . C’était tout bonnement énorme. Bon par contre, une demie heure, c’est long. Ça devait durer 5 minutes à la base. Et trente longues minutes passée à se retenir de rire en soutenant le regard d’une folle, c’est dur.Le very best-of de la psy
Un petit palmarès de ses meilleures phrases (j’essaye de me souvenir exactement de ce qu’elle a dit pour ne pas vous mentir) :
« Quand on est bébé on s’invente des mensonges pour se dire qu’on peut quelque chose quand on le peut pas, même si on le veut pas, on le veut parce qu’on peut pas alors on dit » je peux avoir un mari» mais alors qu’en fait on peut pas.»
« On ne peut pas prouver l’existence de la vie, la vie ça se prouve pas hein, on peut pas, c’est comme dire que la vie c’est euh donc l’existence et on part dans le domaine de la science en disant on peut pas prouver l’existence de la vie, c’est comme Dieu on peut pas prouver son existence mais on peut pas non plus prouver sa non-existence puisque c’est le même mot.»
« Peut être que vous avez fait exprès de mal utiliser les moyens de contraception en pensant tout maîtriser, mais en fait on peut pas tout maîtriser, vous pouvez pas tout contrôler c’est pas possible.»
« Vous dites qu’il vous a soutenue. C’EST FAUX ! Il ne faut pas dire ça, faut pas utiliser ce mot, le soutien c’est une béquille et ça veut dire que vous vous voyez comme une bonne femme a qui il manque quelque chose hein, qui n’est rien sans sa béquille, mais c’est faux ! Hein ! Votre copain c’est pas une béquille, mais vous êtes pas seule dans cette histoire mais vous vouliez vous prouvez que vous l’étiez alors que vous l’êtes pas ! »
Bref, une bonne grosse marrade, et hop direction la chambre. J’ai passé la matinée à l’hôpital avec une infirmière en or, et honnêtement, c’était pas si mal. En dehors des 45 minutes d’agonie au moment des contractions, tout s’est déroulé à merveille. Ma mère était à mes côtés et je bouquinais entre deux blagues foireuses pour détendre l’atmosphère. Comme quoi, un personnel compétent peut tout changer. Bon évidemment il faut se coltiner les serviettes d’un mètre de long et de trente centimètres d’épaisseur (j’exagère à peine) qui font une démarche de robot cassé, mais dans l’ensemble, c’est pas si terrible. Je savais pourquoi je le faisais, je savais que je n’avais pas le choix et j’étais soutenue dans ma démarche. Et ça, ça pèse lourd dans la balance.
Parler, demander du soutien…
Pour conclure je dirais que le meilleur moyen de vivre cette experience pénible sans trop faire de dégâts, c’est d’en parler avec les personnes concernées (compagnon, parents… ) et de ne surtout pas hésiter à demander du soutien. J’en parlais (et j’en parle toujours) facilement autour de moi, résultat, j’ai été soutenue de tous les côtés, même par un paquet de madmoiZelles que je ne connaissais pas ! Et finalement, ça m’a donné du courage, de voir qu’autour de moi les gens semblaient persuadés que j’allais m’en sortir sans encombre.
Et surtout, si possible, en parler calmement, après coup avec son copain. J’ai vécu un moment douloureux, mais ce n’était rien comparé au moment où je l’ai vu fondre en larmes dans mes bras. Il avait gardé bonne figure tout au long de l’aventure, et quand il a enfin pu ouvrir les vannes, ça a été un véritable soulagement, pour lui comme pour moi. C’était important de voir que lui aussi ça l’avait touché de très près, et qu’il en était tout autant affecté.
Depuis on arrive à en parler beaucoup plus facilement, au point même d’en faire des blagues vaseuses !
Témoignage de J., sur son IVG. Elle y raconte son avortement. Verbatim.
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