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Rachel Powell, mon nouveau role model féministe

Rachel Powell est une élue étudiante et une militante acharnée pour les droits des minorités. Retours sur ses derniers combats, pour ta dose de courage de la journée.

Esther est partie recueillir les témoignages des jeunes femmes de plusieurs pays, à travers le monde, avec une attention particulière portée aux droits sexuels et reproductifs : liberté sexuelle, contraception, avortement.

Elle a déjà rendu compte de ses rencontres avec des Sénégalaises, puis avec des libanaises, et sa troisième étape l’a menée en Irlande du Nord (Royaume-Uni) et en Irlande ! Elle y a réalisé interviews, portraits, reportages, publiés sur madmoiZelle au fur et à mesure. Tu peux retrouver le sommaire ici !

Tu peux aussi suivre au jour le jour ses pérégrinations sur les comptes Instagram @madmoizelledotcom et @meunieresther, avant de les retrouver ici bientôt !

« Je suis en permanence harcelée, je reçois des mails haineux, on m’appelle « féminazi », « la lesbienne grosse et moche », « meurtrière », tout ça sans aucun fondement. »

Que fait donc Rachel Powell pour mériter toutes ces insultes ? Elle est une élue, représentante des étudiantes à la Queen’s University de Belfast.

C’est une militante féministe chevronnée, de celles qui se battent sans relâche et s’attirent du même coup des haters.

Je vous ai déjà parlé d’elle, de son histoire. Mais cette fois-ci je veux revenir sur les actions qu’elle a mises en place au sein de son université.

Des atteintes aux droits humains insupportables

Il faut savoir qu’au départ, se porter candidate pour représenter les étudiant·es n’était même pas une évidence pour Rachel et que c’était loin d’être une décision facile puisqu’elle avait alors de gros soucis de santé.

« L’une des choses qui m’a convaincue, c’est que le gouvernement du Royaume-Uni est assez extrémiste à l’heure actuelle.

Il est par exemple en train de réduire voire de supprimer toutes les subventions dont les personnes en situation de handicap pouvaient bénéficier jusqu’alors. »

Rachel est elle-même concernée par la question puisqu’elle souffre d’arthrite psoriasique, de fibromyalgie, du syndrome d’hypermobilité des articulations.

« Depuis mes 16 ans, je bénéficie d’un soutien pour qu’il soit moins compliqué de vivre avec ma maladie. Mais juste avant les élections, on m’a fait faire des examens chez moi, après que j’ai eu des opérations des épaules.

Ils m’ont fait lever et baisser les bras, et m’ont affirmé que si je pouvais faire mes études en parallèle d’un travail, alors je ne pouvais pas vraiment être handicapée. Et ils m’ont retiré les subventions. »

C’est l’élément qui la décide à se battre.

« J’étais au point le plus bas dans ma vie et je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose contre cette injustice. […]

J’ai décidé d’être candidate avec un programme qui serait ouvertement pro-choix, en soutien des droits des personnes trans et des LGBT+ en général, des étudiants pauvres, de ceux qui doivent prendre soin de leurs proches ou qui ont des enfants, des étudiants internationaux, des étudiants handicapés comme moi…

Je voulais couvrir tout ce spectre. »

Elle m’explique que ça fait deux ans qu’il n’y avait pas eu d’élu·es handicapé·es, car ce sont des postes éreintants, pour lesquels il faut énormément voyagé. Pas plus tard que la semaine dernière elle est allée à Galway et en Estonie.

« Mais je suis heureuse de l’avoir fait car nous avons accomplis beaucoup de choses, on s’est aussi assurées par exemple que les personnes autistes puissent avoir accès au syndicat. »

Faire campagne pour le droit à l’avortement en Irlande, au Nord comme au Sud

Faire une campagne pro-choix, c’était une évidence pour elle.

« Lorsque j’ai pris cette décision, c’était influencé par le fait que des femmes aient récemment eu des ennuis judiciaires liés à des avortements et pour dénoncer cette loi selon laquelle on peut quand même être condamné à de la prison à vie pour avoir avorté. »

En Irlande, l’avortement n’est autorisé qu’en cas de « circonstances exceptionnelles » et Rachel a été personnellement affectée par ces interdictions.

« Théoriquement, l’avortement devrait être légal quand ça impacte la santé de la femme enceinte.

Mais en réalité, seuls 13 avortement ont été pratiqués en 2016/2017 en Irlande du Nord, c’est bien moins que ça ne le serait si cette exception était respectée !

Par exemple, de mon côté, même si je n’avais jamais été enceinte, on m’a refusé un médicament entre mes 11 ans et la vingtaine parce que si je tombais enceinte, ça impacterait le foetus comme je ne pourrais pas recourir à l’avortement.

C’est seulement quand ma maladie c’était développée à un point où j’étais presque en fauteuil roulant qu’ils ont fini par me le donner, mais en précisant qu’il ne faut pas que je tombe enceinte.

Et ils me font faire des tests de grossesse très régulièrement pendant mes rendez-vous médicaux. »

Et de préciser que c’est bien pire pour les femmes enceintes qui se découvrent un cancer, par exemple.

« Le problème, c’est que finalement beaucoup de gens ne savent pas que c’est illégal en Irlande du Nord, ils pensent que c’est légal comme dans le reste du Royaume-Uni, mais non.

Or ici, on n’a pas de gouvernement local depuis plus d’un an à cause d’une crise politique et le gouvernement fédéral du Royaume-Uni, Theresa May notamment, ne veut rien entendre pour l’heure. »

À lire aussi : En Irlande du Nord, un robot distributeur de pilules abortives pour réclamer le droit à disposer de son corps

Comment se faire entendre ? Un guide par Rachel Powell, militante invincible

C’est pour cela que Rachel a décidé de faire en sorte que la question soit davantage visible.

« On a créé la campagne « Project Choice », qui prend en compte les personnes trans aussi.

On a 60 ambassadeurs et ambassadrices qui sont très représentatifs de la communauté étudiante avec lesquels on a organisé des manifestations, des projections documentaires, des campagnes de porte à porte en soutien aux militantes du sud en amont du référendum sur le droit à l’avortement… »

Pour elle, il était important que le oui l’emporte au sud car c’est un combat global, mais aussi parce qu’une fois l’avortement légalisé au sud, « on pourra enfin parler un peu de l’Irlande du Nord, et ne plus être laissées de côté ».

D’ailleurs, au sujet du référendum qui a eu lieu en République d’Irlande, Rachel est aussi l’instigatrice de la grande campagne « #HomeToVote » dont on t’a parlé sur madmoiZelle, qui visait à faire revenir les étudiants irlandais qui étudient au Royaume-Uni chez eux pour voter !

https://twitter.com/RaPowell92/status/998569205598388224

Pour cette dernière, elle a arraché des financements en occupant la scène d’un rassemblement de syndicats étudiants britanniques, pendant laquelle on ne leur donnait pas la parole.

En fait, elle est assez coutumière de ce genre de coups d’éclats :

« Le premier ministre irlandais était venu à l’Université pour discuter de l’Irlande du Nord, post-Brexit, car ils sont inquiets que des troubles éclatent de nouveau s’il faut remettre en place une véritable frontière entre les deux pays.

On était invitées sur scène pour poser des questions et j’ai décidé de high-jacker la conférence en portant, avec l’une de mes collègues, un sweat « Repeal » [NDLR : « abroge », en réfénrence au 8ème amendement interdisant l’avortement en Irlande], et la première question que j’ai posée concernait la date d’organisation du référendum.

Toute la presse n’a parlé que de ça, mais depuis on n’est plus invitées sur scène quand il s’agit de gens importants ! »

Rachel tient à rappeler que tout ce travail de campagne n’aurait pas été possible sans celui des militantes qui l’ont précédée à son poste et qui ont fait voté une motion pour que le syndicat devienne officiellement pro-choix, et non pas « neutre » sur la question.

Rachel Powell, militante chevronnée sur tous les fronts

Rachel ne s’est pas arrêtée au sujet de l’avortement puisqu’elle a aussi lancé une campagne nommée « Beyond the binaries », c’est à dire « Au-delà du binaire », une semaine dédiée aux droits des personnes non-binaires et/ou trans.

« J’ai voulu lancer ça après avoir constaté que beaucoup de gens ne comprenaient pas la différence entre genre et orientation sexuelle.

On a travaillé avec quantité d’organisations, en fait je les ai laissées faire !

J’ai juste organisé l’approvisionnement et le marketing mais sinon tout était entre leurs mains : des expositions, concerts, conférences, on a aussi organisé des formations pour le personnel de l’université… »

Sans compter toutes les personnes handicapées formées à la défense de leurs droits que mentionnait Rachel au début de notre conversation, des programmes pour intégrer les étudiants internationaux, ainsi qu’une semaine « choix et consentement ».

Cette dernière est d’ailleurs plutôt l‘apanage de Jessica, une autre élue que j’ai pu rencontrer et dont je vous parlerai très vite !

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