C’est un peu l’incompréhension qui domine face au vote du Sénat ce jeudi 30 septembre.
Adoptée début 2021, la proposition de loi sur la maltraitance animale est enfin arrivée devant les sénateurs et les sénatrices… qui se sont empressées de modifier en profondeur plusieurs mesures phares.
Un recul du Sénat qui ne passe pas
Nous vous en parlions justement à la fin de l’été lorsque la SPA avait rendu publique des chiffres alarmants dans les refuges : le texte de loi prévoyait alors d’interdire la vente de chats et de chiens dans les animaleries. Une mesure pour lutter contre les achats compulsifs d’animaux de compagnie, qui a finalement été retoquée par les sénateurs et sénatrices.
Pourtant, comme en témoigne cette association bretonne dans Ouest France, les abandons liés à la fin des confinements successifs sont une réalité. Dépassés par les besoins des chiens achetés pendant cette période, certains propriétaires n’arrivent pas à assumer leur animal et finissent par le confier à un refuge.
Or, ces animaux ont été habitués à une présence constante et seraient particulièrement perturbés selon la présidente des Alfredes :
« Ils présentent des troubles qui nécessitent l’intervention d’un vétérinaire ou d’un comportementaliste animalier. »
Pour les activistes, interdire la vente de chats et de chiens en animalerie permet de lutter contre la conception de l’animal-objet. Mais les sénateurs et sénatrices ont jugé que cette mesure drastique — qui devait entrer en vigueur en 2024 — aurait pour effet de renforcer le trafic illégal, notamment via Internet.
S’il a finalement renoncé à l’interdiction de la vente en animalerie, le Sénat a voté l’interdiction de l’exposition de ces animaux en vitrine et un meilleur encadrement de la vente en ligne.
« On ne va pas fermer les animaleries mais les chiens et les chats peuvent être adoptés différemment que dans des animaleries », a tempéré la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.
À l’instar de la SPA, de nombreuses associations de défense des animaux n’ont pas caché leur colère face à ce recul.
Plus d’interdiction globale mais du cas par cas
Un autre revirement a particulièrement choqué les associations, celui qui concerne les animaux utilisés dans les cirques et les delphinariums.
Alors que l’Assemblée nationale avait voté leur interdiction progressive, et notamment la fin de la reproduction des cétacés en captivité, le Sénat a complètement anéanti cette mesure, lui préférant des contrôles plus stricts et du cas pas cas, détaille Public Sénat.
Une nouvelle instance, le Conseil du bien-être des animaux itinérants, sera chargée de déterminer quels animaux seront interdits dans les cirques.
Pas de quoi convaincre les organisations comme C’est Assez !, qui demande la mise en place de solutions alternatives pour en finir avec la captivité et l’exploitation de ces animaux.
Le tableau n’est guère réjouissant, mais on peut malgré tout se satisfaire de quelques avancées, telles que l’interdiction de l’élevage de visons destinés à l’industrie de la fourrure ou le renforcement de mesures contre la cruauté animale et contre la diffusion en ligne d’images de sévices sexuels.
Après ce vote en première lecture, la proposition doit encore passer devant la commission mixte paritaire. Et, mobilisées devant le Sénat le 30 septembre, les associations n’ont pas dit leur dernier mot.
À lire aussi : Pourquoi il faut adopter des animaux dans des refuges (et pourquoi ils sont top)
Crédit photo : Helena Lopes via Pexels
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