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Féminisme

Le Père Noël est-il vraiment une ordure (sexiste) ?

Le Père Noël est-il sexiste ? Certes, le mythe du bonhomme en rouge n’est pas des plus féministes… Mais la révolution semble en marche !

C’est vrai ça : le Père Noël est-il misogyne, réac ou au contraire un supporter du girl power ? La réponse n’est pas si simple.

Alors que l’OMS vient d’annoncer que le Père Noël était immunisé contre le COVID-19, j’ai décidé de m’intéresser à son rôle social… et à son rapport aux femmes !

Le Père Noël, un symbole du patriarcat ?

Quand on évoque le bonhomme en rouge, on pense instantanément à la fête, à la famille, aux repas et bien sûr aux cadeaux. Pourtant, cette période tourne autour d’un homme imaginaire dont on ne sait pas grand-chose.

A la question est-il un symbole du patriarcat, Michèle Riot-Sarcey, historienne du politique et du féminisme, professeure à l’université Paris 8, répond sans sourciller : « D’un certain point de vue, je pourrais dire tout est symbole du patriarcat ».

 Elle affirme :

« Jésus ou Mahomet sont des symboles du patriarcat. En l’occurrence, le Père Noël est un substitut des représentations religieuses. Noël est greffé sur un mythe religieux. »

Ça a le mérite d’être clair ! Certes, il est vrai que la légende du Père Noël laisse très peu de place aux femmes. Le Papa Noël issu de l’histoire du christianisme, plus précisément le catholicisme, puise sa source dans la morale religieuse. 

À ce propos, l’inexistence de figure féminine durant cette fête fait écho à celle dans l’institution religieuse. Michèle Riot-Sarcey souligne justement :

« L’Église catholique est la seule institution qui n’accepte pas les femmes dans sa hiérarchie. Même les francs-maçons ont fini par intégrer les femmes à tous les échelons de la hiérarchie de leur institution, il y a quelques années. » 

Ceci explique l’absence de symbole féminin de Noël, jusqu’à très récemment… 

Une Mère Noël hypersexualisée

Depuis sa création, le rôle sexiste du Père Noël n’a pas évolué. Il faut attendre 1849 pour que la Mère Noël soit citée pour la première fois dans la nouvelle A Christmas Legend de James Rees. 

Dans l’imaginaire collectif, c’est une grand-mère qui attend et attend encore le retour du héros partit œuvrer pour l’humanité en distribuant des cadeaux. Pour résumer, c’est la doublure lumière du Père Noël… 

Complètement relayée au second plan, elle prépare des biscuits et apporte le thé chaud aux vrais travailleurs, les elfes et les lutins. Très loin de la badass, donc. 

Enfermée dans ce rôle, la Mère Noël oscille donc entre deux clichés : la gentille mamie à l’ancienne ou la maman super sexy dans la culture contemporaine. Le marché du déguisement en témoigne…

Il suffit d’un coup d’œil sur Google pour découvrir que Mère Noël est hypersexualisée. Contrairement au bonhomme rouge, elle est l’objet de fantasme à travers des accoutrements aguicheurs. 

Face à ce constat, une tentative pour réinventer le personnage au Royaume-Uni a eu lieu en 2016. Le temps d’une publicité pour le magasin Marks & Spencer elle s’est transformée en super espionne. L’idée est d’en faire une femme dynamique qui prend des risques. 

En vrai James Bond girl, elle enfourche « sa snowmobile » pour se diriger dans sa grotte de glace secrète. Et in extremis, elle réalise sa mission et sauve le Noël d’un garçon. Dans la dernière scène, on la retrouve assise sur son canapé, attendant sagement le retour de son mari. 

Une réécriture du personnage bien accueillie mais loin d’être suffisante, car (trop) rare. Le sort de la Mère Noël rappelle trop justement celui de beaucoup de femmes durant cette période des fêtes.

Des préparatifs culinaires à la décoration du sapin, elles passent souvent un nombre d’heures incalculables à créer une ambiance de fête. On le sait, la charge mentale des femmes est importante, encore plus à Noël ! 

Et si le père Noël était une femme ?

« Si le Père Noël était une femme, pourrait-elle faire le boulot correctement ? »

C’est la question à laquelle plusieurs enfants ont répondu lors d’une expérience menée par l’agence de communication Anomaly dans le cadre de sa campagne #MoreWomen en 2015.

Voici leurs réponses : « Elle va se perdre dans le ciel, si elle a un bébé, elle ne pourra pas tout faire en même temps » et « La hotte est trop lourde ».

Le résultat est sans appel : les stéréotypes sexistes sont présents chez les enfants.

À leurs yeux, la Mère Noël est enfermée dans le rôle de ménagère totalement dépendante de son partenaire.  

Or Noël est l’occasion idéale pour casser les stéréotypes de genre. Une des solutions ? Glisser des cadeaux non-genrés sous le sapin.

Avec la charte signée en 2019 à l’initiative du gouvernement, les acteurs du jouets ont supprimé les catégories filles-garçons des magasins, des catalogues et des sites. 

Malgré cet effort, selon Eva Delacroix-Bastien et Florence Benoît-Moreau, chercheuses à Paris-Dauphine, il y encore « trop de jouets qui enferment toujours précocement filles et garçons dans des rôles ».

L’invisibilisation des femmes à Noël, ça remonte…

D’origine païenne, la création du Père Noël remonte à l’époque Rome antique selon certains historiens.

D’autres évoquent la mythologie nordique. 

Récupéré par le christianisme, l’origine du mythe explique l’invisibilisation des femmes durant cette période de fêtes. Issu de l’histoire du catholicisme, il est plus connu sous le nom de Saint-Nicolas. Dans plusieurs pays d’Europe, il est célébré le 6 décembre. 

Historiquement, la magie de Noël est représentée par des personnages masculins. Outre le monument qu’est le Père Noël, il y a les lutins et les rois mages, tous de sexe masculin.

Et en poussant l’analogie encore plus loin, je pourrais vous parler des rennes… Mais ce n’est pas le sujet. 

Ceci étant, l’imaginaire de Noël repose exclusivement sur des hommes. Lorsque les femmes sont évoquées dans ce cadre, elles sont réduites à des êtres totalement dépendants, cantonnés à des caricatures sexistes

C’est le cas dans la culture populaire, à travers les chants notamment.

Les chansons de Noël, toutes sexistes ?

Ces dernières années, plusieurs titres de Noël ont été mis en cause, accusés de promouvoir le sexisme. 

La première chanson à ouvrir la marche est Baby It’s Cold Outside.

Le titre, qui date de 1949, a été boycotté par les radios américaines et canadiennes en 2018.

La raison : des paroles tendancieuses qui racontent l’histoire d’un homme qui tente désespérément de ne pas laisser partir celle qu’il désire, malgré ses protestations.

À l’ère post #MeToo, la chanson a clairement pris un coup dans l’aile !

Un second exemple est Santa Baby, œuvre assez malaisante qui s’est donner pour mission… d’érotiser le Père Noël.  

Sur le plateau du Tonight Show, en 2018, Miley Cyrus en a fait un hymne futé au féminisme. 

« Écoute ce que j’ai à dire, Père Noël, ce dont rêvent les femmes c’est d’un salaire égal à celui de l’homme, qu’on arrête de lui couper la parole et qu’ils arrêtent d’envoyer des photos de leur… »

Difficile ne pas penser à Britta dans la série Community, qui refuse de donner sa liste de cadeaux au Père Noël parce qu’elle a pour règle de « ne rien attendre des hommes en général ».

Et la révolution féministe de Noël ne s’arrête pas là !

En 2017, le livre Santa’s Husband avait fait le buzz aux Etats-Unis.

Il raconte l’histoire d’un Père Noël noir marié à un homme blanc.

Une belle initiative en attendant des Noëls plus inclusifs et moins sexistes ! 

À lire aussi : Comment faire des bons cadeaux de Noël : notre guide en 5 étapes


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Les Commentaires

16
Avatar de vercoquin
25 décembre 2020 à 23h12
vercoquin
Frau Gaude est pas la plus sympa, haha. Mais en fait, c'est juste une "variante" de Berchta (qui est plus citée en Autriche qu'en Allemagne, pour le coup).

Et Holle, comme tu dis, renvoie au solstice et surtout, est plus devenue le personnage d'un conte qu'autre chose.
Dans les deux cas, il s'agit d'histoires que l'on raconte toujours pour faire un peu peur. Mais toujours à noël.
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Voir les 16 commentaires

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