J’ai 19 ans, sportive de haut niveau, j’ai de grandes ambitions, et je travaille dur pour y arriver.
J’aime mes parents mais nous ne sommes pas de la même planète.
Je suis féministe et ça me plaît !
Je lis les articles de madmoiZelle depuis des années, et cela m’a confortée dans l’idée d’affirmer mes idées féministes.
Le féminisme m’a ouvert sur cet aspect : je fais ce que je veux de mon corps et pas pour les autres !
J’ai réalisé que je n’étais pas obligée de me maquiller, porter des talons, porter des robes pour être la femme que je suis.
Quand j’avais 15 ou 16 ans, je pensais vraiment qu’être une fille se résumait à l’apparence.
Le féminisme m’a beaucoup apporté, et m’a aidée à m’accepter. Aujourd’hui, je me sens mieux dans ma peau et dans mon corps.
Je crois sincèrement que chaque femme a le droit de faire ce qu’elle veut de son corps (et c’est la base).
C’est pourquoi, nous sommes en hiver et comme une bonne partie des femmes de ce monde, je ne m’épile pas.
Et même en été d’ailleurs, je ne m’épile que si j’en ai l’envie, et non pas pour le regard des autres. Je suis très heureuse avec ça.
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Le jour où mes parents ont découvert mes poils
Mes relations avec mes parents étaient bonnes, mais je me suis toujours sentie en décalage, en avance sur mon temps par rapport à eux.
La réaction de ma mère à la vue de mes poils
Un jour, ma mère a vu mes poils parce que je portais un jean avec un ourlet et pas de chaussettes. Elle a écarquillé les yeux. Puis elle a ri et m’a dit que c’était la « honte » pour une fille.
Elle a continué à se moquer de moi en me traitant de grosse dégueulasse, avant d’ajouter que j’étais vulgaire.
Elle a même tenté de me « remettre dans le droit chemin du rasoir » avec cet argument :
« Imagine que tu te casses la jambe, les pompiers viennent te plâtrer, et tu as des POILS, la honte, tu te rends compte ?! »
Pour mon père, je suis la honte des femmes
Mon père a eu une réaction bien pire encore.
Selon lui, je suis une honte à la gent féminine. Il a tenté de répéter qu’une femme doit s’épiler, que c’est comme ça et qu’autrement, ce n’est pas beau
Pour ma mère, une fille avec des poils, c’est impossible.
Je me sens très incomprise par mes propres parents, je suis une honte sur pattes, je les dégoûte. Pour trois poils aux chevilles, oui.
Expliquer le féminisme à ses parents
Face à leur mots, j’étais d’abord abasourdie. Je me suis sentie très seule et incomprise face à eux.
Ensuite, j’ai essayé de leur expliquer avec pédagogie mes principes féministes.
J’ai voulu leur apprendre que je ne m’arrache pas les poils pour plaire aux hommes, que je fais les choses pour moi et personne d’autre, que si je ne porte plus de soutien-gorge depuis mes 15 ans, c’est mon choix et celui de personne d’autre.
Je leur ai expliqué pourquoi je dénonce les devoirs esthétiques qu’ont les femmes, liés à leur image.
Une femme n’a pas à être définie uniquement par son apparence physique, elle ne doit pas forcément être douce, être épilée et la société n’a pas à lui imposer une façon de se comporter bien particulière.
Pourtant, rien n’y fait.
Ma mère veut que j’aille voir un psychologue et pense que je fais partie d’une secte. Selon elle, si je ne fais pas comme tout le monde c’est parce que je ne suis pas normale et qu’il faut que je sois suivie.
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Laisser tomber le débat mais pas le combat
Je suis au bout du rouleau.
Je me bats pour être à l’aise dans mon corps et voilà que mes propres parents m’insultent pour mes poils sur les jambes.
J’aimerais leur dire que le féminisme n’est pas un mal, que je n’ai pas été influencée. Je voudrais leur dire que j’aimerais simplement qu’ils comprennent et qu’ils me laissent vivre ma vie.
Je ne pense pas que mes parents comprendront un jour : ils sont ancrés dans leur vision du monde.
Je laisse donc tomber toute discussion, parce que selon eux, je suis en tort.
Ils ont même réussi à me faire douter de mes choix : j’ai regardé les tarifs d’épilation définitive dans ma ville et après cet altercation, je me suis rasée tous les poils du corps.
Je sais que je ne suis pas seule dans cette situation alors je garde la tête haute et confiance en moi malgré tout.
Et j’espère aider d’autres personnes qui sont dans le même cas que moi.
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