Le documentaire de Jade s’intitule Doux ennemis.
Sous forme audio, il dure 20 minutes. Vingt minutes pendant lesquelles trois femmes témoignent sur leurs poils et la façon dont ils impactent leur féminité et leur quotidien.
Jade, étudiante en école de cinéma en Belgique, a réalisé ce documentaire audio très intéressant dans le cadre d’un de ses cours.
En plus d’aborder un sujet tabou qu’il est toujours bon de remettre en avant, son travail est un plaisir à écouter.
Je t’invite à le découvrir juste en cliquant ci-dessous :
Doux ennemis à écouter sur Soundcloud
J’ai posé quelques questions à Jade, qui te présente son projet dans le reste de cet article !
Pourquoi faire un documentaire sur les poils et les femmes ?
Le thème des poils et de la féminité me travaille depuis longtemps mais je ne m’étais encore jamais sentie de l’intégrer à un de mes travaux.
Je n’avais jamais réalisé quoique ce soit en format audio mais étrangement cette nouveauté m’a libérée de tout un tas de pressions que je peux me mettre concernant la réalisation de courts-métrages.
Par exemple, je me suis autorisée à être très instinctive et à ne pas avoir peur des imperfections, du regard des autres.
Pour un thème aussi intime que celui-là, le format audio avait aussi l’avantage d’être moins intimidant pour les personnes interrogées.
Pendant l’enregistrement, j’ai pu avoir une réelle discussion à deux, de pouvoir se regarder et se parler sans l’interface de la caméra.
Parler des poils des femmes
Je trouve qu’il s’agit d’un sujet très révélateur concernant les injonctions qui sont faites aux nanas et qui ont un impact sur leur vie tout en étant quasi-invisible.
Les poils, c’est intime, c’est personnel, tout le monde est d’accord pour le dire… et pourtant dans les faits, on a pas vraiment l’occasion de se forger un rapport personnel à sa pilosité quand on est une fille.
Tout nous fait comprendre que pour être jolie et acceptée, il faut avoir les jambes lisses, les aisselles immaculées et rien qui dépasse de la culotte.
Cette image de la femme glabre est tellement banalisée et généralisée qu’elle en vient juste à dire que les poils féminins, ça n’existe pas.
Si vous avez le malheur d’en avoir, vous devrez faire votre possible pour que le monde autour continue à croire que vous n’en avez pas.
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« Le rapport qu’on a avec ses poils n’est pas anodin »
Dans mon docu, j’avais envie de montrer que quelque soit le rapport qu’on a avec ses poils, il ne peut pas être anodin.
Si on choisit de s’épiler, on y investit du temps et de l’argent, voire du stress et de l’angoisse si on est pas épilée « correctement ».
Si on choisit de ne pas s’épiler, ça implique une démarche, c’est une entreprise qui nécessite un effort.
Est-ce que les poils des mecs leur demandent tant d’énergie ? Bien sûr que non.
Les poils et la condescendance
En plus de ça, le sujet de la pilosité féminine est parfois considéré avec une certaine condescendance :
« Pourquoi vous vous prenez la tête juste sur des poils, c’est un truc personnel pas la peine d’en faire des caisses… »
Ben moi, je considère qu’on a hélas pas le loisir d’en faire un sujet uniquement personnel.
À partir du moment où les normes sociétales influent sur notre intimité jusque dans nos slips, alors il ne s’agit plus seulement d’un sujet intime, ça devient un sujet politique.
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Le fait d’être touchée directement par le sujet, tout simplement parce que je suis une femme et que toutes ces prises de têtes « juste pour des poils », je les vis aussi.
Ça m’a donnée l’envie et la matière pour travailler sur le sujet.
Mes amies, les meilleures intervenantes
Je me suis tournée d’emblée vers trois amies proches.
Les copines, c’est souvent avec elles que l’on partage le plus sur ce genre de sujets quand ils entrent dans nos vies.
On se rend compte qu’on est pas seules à galérer, à s’angoisser pour ce genre de trucs.
J’avais envie de retrouver ce côté copines, confidences qui rassurent quand on se sent pareille, tout en éveillant l’intérêt des personnes pas concernées par ce genre de problématiques.
Je savais aussi qu’elles auraient toutes les trois des choses différentes à raconter sur le sujet.
Le corps des femmes, toujours un tabou
Parce que selon moi, il est important de savoir remettre en question certains principes actés, intégrés dans nos vies.
Quand on prend la peine de remettre ces choses en question, quelque soit le choix que l’on fera par la suite, il sera fait en connaissance de cause, selon notre propre volonté et pas juste « parce que c’est comme ça ».
C’est la base du libre-arbitre.
En ce qui concerne les femmes et leurs corps, beaucoup d’injonctions sont intégrées sans questionnement par notre société et, de fait, invisibilisées.
Il me semble important de mettre ces choses-là en lumière afin qu’on arrête de les considérer comme des détails sans importance, mais bien comme des éléments qui ont leur place dans la construction de notre libre-arbitre.
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J’ai resserré des liens avec mes amies
Ce travail ne m’a pas appris des choses d’ordre factuel mais par contre, il m’a permis de discuter plus en profondeur du sujet avec mes amies : j’en ai appris plus sur elles.
Il me semble important, quand on parle d’un sujet, de ne pas se limiter à de la théorie mais de se souvenir que ce sujet concerne des individus. Cela peut avoir un impact dans la vie de toutes et tous, et il faut prêter attention à ce que ces gens ont à en dire.
Concernant les poils, c’est nécessaire de ne pas déshumaniser ce sujet.
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