Article publié le 28 mars 2018
C’est quasiment devenu LE symbole de l’influence de la porn culture sur nos mœurs légères…
Les vulves intégralement épilées se sont imposées comme une forme de norme, avec laquelle il appartient à chacune de composer.
L’épilation intégrale du maillot, une injonction moderne
Car vous le savez, pour être une personne épanouie (attention, ironie), il faudrait : maîtriser l’ensemble du Kamasutra, jouir à tous les coups, faire des gorges profondes sans les mains et enfin, être rasée de près.
Du pubis à la raie des fesses, en passant par l’entrejambe : tout doit disparaitre !
D’après une étude de 2017, une femme hétéro sur deux est influencée par son compagnon pour le style d’épilation choisie et une sur deux déclare avoir déjà refusé un rapport car elle n’était pas épilée.
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Les sondées ont été 78,5% à se dire contre « le retour de la mode du all natural », et entre 18 et 25 ans, la majorité des femmes optent pour le maillot intégral, la toison s’étendant par la suite avec l’âge.
Bref, le poil se porte mal… Le standard est au sexe lisse. Et hop, une injonction supplémentaire à faire peser sur le mont de Vénus !
Pour certaines ayant cédé à l’appel d’une vulve lisse comme un mochi fraise, l’expérience n’a pas toujours été concluante. Voilà un petit florilège de témoignages, garantis sans poils, autour de l’épilation intégrale.
Pourquoi s’épiler intégralement ?
La première fois que je me suis épilée, la question ne s’est même pas posée : c’était l’intégrale ou rien.
Encore aujourd’hui, j’ai du mal à cerner les raisons de ce (non) choix. Toi-même tu sais qu’il est courant de se mettre la pression pour être parfaite au lit et il est bien possible que mon premier maillot intégral visait cet objectif.
Pour la plupart des femmes que j’ai interrogées, l’épilation intégrale s’est aussi imposée comme une évidence. Morgane* raconte :
« Je ne sais même pas pourquoi, vers l’âge de 16 ans, je me suis dit que c’était l’épilation intégrale ou rien.
À tel point que lorsque je me suis retrouvée avec ce garçon qui me plaisait trop, prêt à mettre sa main dans ma culotte, je n’ai pas voulu.
Et je lui ai d’ailleurs dit que c’était à cause de ça. Sa réaction était pour le moins inattendue : il n’en avait rien à secouer et ne comprenait même pas ma gêne.
Mais voilà, dans ma tête c’était juste impensable, je me sentais sale. »
Pour Justine*, se raser intégralement le pubis, c’était comme un rite de passage :
« Quand j’étais jeune et que je devais aller à la piscine, j’achetais une crème dépilatoire et j’étais contente : j’avais l’impression de devenir une femme. »
Alors que pour Anna, pas fan du concept à la base, l’épilation intégrale a commencé sur un faux mouvement !
« Dans ma génération, quand j’étais ado / jeune adulte, ça faisait « salope », « actrice porno ».
On attendait des filles qu’il y ait un peu de rasage sur l’aine et des poils pas trop longs, mais pas l’intégrale, le ticket de métro ou autre épilation hyper millimétrée.
Sauf qu’un jour, j’ai raté en tentant d’élaguer et je me suis retrouvée avec une bande de pubis nue (je le faisais au rasoir et j’avais trop appuyé). J’ai préféré faire la totale plutôt que d’avoir une chatte Double-Face de Batman.
Plus tard, je l’ai refait quelques fois, jamais juste pour moi, toujours pour surprendre mon partenaire ou lui faire plaisir. »
Certaines ont été dégoûtée en une fois, comme Lise* :
« J’avais environ 17 ans et je voulais voir ce que ça faisait. Je pense que j’avais dû en entendre parler dans des magazines féminins ou par des amies.
Le résultat ? OMG c’était l’horreur, j’avais l’impression d’avoir perdu 10 ans et d’être redevenue une enfant. J’étais vraiment pas bien.
Je pense qu’au fond j’avais l’impression d’avoir perdu ma puberté en même temps que mes poils. Je n’ai donc jamais retenté l’expérience car c’était un souvenir très désagréable… »
L’épilation intégrale, seule ou en institut ?
S’épiler seule intégralement peut se révéler acrobatique, quand se mettre littéralement à nu devant une inconnue est également susceptible de donner lieu à des situations cocasses.
DIY ou institut, Morgane a testé les deux !
« Au début, je le faisais au rasoir. C’est faisable si on a la place et la souplesse de se contorsionner, et la patience plus la précision de ne pas se louper !
Mais c’est long, j’avais mal à la nuque à force d’être pliée en deux et je pense que ce n’était jamais parfait.
Une seule fois, je l’ai fait chez l’esthéticienne. Je n’avais pas le budget mais mon copain (plus friqué) avait proposé de me le payer avant un week-end à deux. J’étais curieuse et flemmarde de le faire donc j’ai dit ok.
C’était franchement sympa. La jeune femme avait fait la même fac que moi avant de se réorienter et on a bien papoté — je ne suis pas vraiment pudique.
Certaines zones comme le mont de Vénus étaient salement douloureuses mais pour le reste, ça allait, c’était désagréable mais rien d’insurmontable.
Mon moment préféré c’était le SIF, le sillon inter-fessier. C’était tellement saugrenu d’être sur le ventre à me tirer une fesse d’une main pour laisser l’esthéticienne me poser les bandes tranquillement. Ça m’a beaucoup fait rire ! »
L’épilation intégrale, est-ce que ça fait mal ?
Dans la plupart des témoignages que j’ai recoltés, c’est la douleur qui laisse un souvenir piquant de cette expérience :
« Je m’épilais à la cire, toute seule, voire à l’épilateur. Maintenant, rien que d’y penser, ça me fait tressaillir.
Je me dis que j’étais une warrior de supporter autant de douleur, juste dans l’idée de plaire. »
Pour Axelle, l’épilation solo à la cire chaude a carrément viré à l’angoisse :
« On était en vacances. Ma mère avait acheté de la cire chaude et des bandes pour les aisselles et les jambes. Donc je réchauffe le pot, prépare les bandes et je m’installe dans la salle de bains.
Dès la première bande de cire chaude posée sur dans l’entre-cuisse, je me rends compte que ce n’est pas une bonne idée.
Évidemment, je fais tout d’un coup et je me retrouve avec des bandes collées sur la chatte, qui attendent d’être retirées.
La douleur a été horrible. Certaines bandes ne se décollaient pas bien. J’ai dû appeler ma mère pour qu’elle retire celles qui restaient. Ça été si violent que je me suis retrouvé avec des bleus sur la teuch pendant un mois. »
L’épilation intégrale et la repousse
La douleur ne finit pas quand s’arrête l’épilation, non non, car vient ensuite le temps de la repousse et de ses joies…
« C’est la suite de l’horreur. En effet, lorsque tu fais ça comme une idiote à base de rasoir jetable cela donne plein de poils incarnés.
Je me souviens d’avoir eu très mal à la repousse, et bordel qu’est-ce-que ça gratte ! Une raison de plus qui ne m’a pas fait renouveler l’expérience. »
Le rasoir n’est pas le seul en cause…
« On m’avait promis que la cire me garantirait au moins une semaine tranquille, mais à la fin du week-end post-esthéticienne, j’avais déjà des poils piquants qui repoussaient et plein de boutons rouges.
On va pas se mentir, ça gratte horriblement, surtout en été, et à en mi-repousse mon pubis avait une gueule de gazon mal famé, c’était pas beau à voir. »
L’astuce de Justine pour éviter ces désagréments, c’est l’épilation au sucre :
« Avec la cire classique, les poils repoussent plus vite et tu as davantage de poils incarnés.
Avec une cire au sucre, ça fait vraiment plus mal sur le coup parce que c’est plus lent. Mais après, t’es tranquille pendant un bout de temps et plus de poil incarné !
Il faut gommer doucement et hydrater la zone régulièrement. »
Pourquoi s’épiler intégralement ?
Morgane n’a pas été convaincue sur le long terme et a remis très progressivement en question ce qu’elle pensait être tout naturel :
« Au fur et à mesure des années, j’ai eu de moins en moins la foi de me faire du mal en fait. Et je me suis posé la question : mais pourquoi et pour qui je fais ça, en fait ? Breaking news, c’était clairement pas pour moi. Parce qu’en fait, quand j’étais seule, j’en avais rien à secouer de mes poils.
À partir du moment où je m’en suis rendue compte, j’ai pris une grande décision, celle de laisser mes oilps faire leur vie ! De temps en temps, m’épiler sur les bords mais c’est tout.
J’ai eu beaucoup moins de mycoses et de démangeaisons en général. »
Mais certaines, comme Justine, y trouvent parfaitement leur compte :
« Je ne peux plus m’en passer, j’y vais tous les deux mois environ. Avec la cire au sucre, ça repousse lentement et sans gratter, donc c’est cool.
C’est tout doux, on dirait une escalope de poulet. Mon partenaire s’en fout royalement que je sois épilée ou non, mais il est content quand même quand j’y vais. Même célibataire, j’y allais. Je le fais pour moi. »
Bien qu’elle ait laissé tomber le maillot intégral, Morgane avait un certain succès avec sa vulve imberbe :
« Mes partenaires ont toujours eu des réactions positives, allant de « oh c’est cool » à « WOW J’ADORE ».
Ceux qui adoraient étaient aussi ceux qui regardaient le plus de porno. Je pense que ça leur plaisait d’avoir accès à un sexe qui ressemblait à ceux des films sur lesquels ils prenaient du plaisir.
Un de mes partenaires m’avait dit que ça ne le tentait pas du tout, qu’il n’arrivait pas à se détacher de l’aspect « prépubère » de la chose et que ça le bloquait pas mal au niveau du porno justement.
Donc avec lui, je ne l’ai jamais fait. Ça ne m’a pas manqué ! »
Certains mecs s’en foutent donc, d’autres kiffent et d’autres enfin pensent qu’il est judicieux de donner son avis sans qu’il soit demandé :
« J’ai eu des remarques maladroites par des mecs.
Pour moi, ils s’attaquaient à ma féminité, à mon identité en tant que femme et soit je m’énervais, soit je leurs faisais comprendre qu’ils n’avaient pas leur mot à dire sur ce que je fais de mon corps.
L’épilation intégrale pour moi, c’était certainement un moyen de me rassurer et de me sentir désirable alors que ça ne me ressemblait pas.
Je me sens beaucoup plus forte et féminine maintenant que j’ai fait ce choix, pour moi seule. »
Et vous, vous aimez votre vulve velue, archi-chauve ou bien dégagée sur les côtés ?
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Je n'ai jamais jamais jaaaamais songé une seconde que ma vulve sans poils ressemblait à une vulve d'enfant, ça me surprend toujours beaucoup que les femmes (et quelques hommes) pensent direct à ça et je n'ai jamais été non plus influencée par le porno, c'est juste un goût personnel, je n'aime pas avoir de poils sur moi, je n'aime pas le toucher du poil sur moi, donc pubis, aisselles ou moustache, pour moi c'est pareil, c'est sans poils, et sans aucune connotation 8)