Live now
Live now
Masquer
tetons-apparents-harcelement
Féminisme

Mes tétons ne sont pas (et ne seront jamais) une raison de me harceler

Un beau matin, Margaux a choisi de ne pas porter de soutien-gorge… et ses tétons « apparents » ont suffi pour qu’un harceleur la suive jusqu’à la sortie du métro.

Le 24 juin 2016

Hier matin, en me préparant à aller au boulot, j’ai pensé ergonomie : j’avais clairement la flemme de suer toute la journée alors j’ai mis une combishort dos nu, le genre qui fait pas mettre de soutif. Le kif.

Ne pas porter de soutien-gorge, quel bonheur

C’est pas évident pour tout le monde de virer le soutif, pour certaines c’est vraiment une question de confort et de morphologie.  Moi les soutien-gorges ça me gonfle, l’été c’est mon enfer et je suis bien contente de ne pas en porter parfois.

Donc ce matin-là, je suis partie sapée comme jamais, prête à affronter la chaude journée et la sueur dans ma combi en coton parfaite.

Sauf que sans porte-loches, on voit un peu la forme des tétons sous le tissu, pas de bol. Pour moi c’est juste mes seins, pas trop de surprise, ils ont toujours été là donc c’est des bons potes maintenant.

À lire aussi : J’ai de gros seins, et ça m’attire TELLEMENT de remarques

Ce harceleur qui a fait une fixette sur mes tétons

Mais pour ce mec dans le métro, c’était pas mes tétons, c’était une super invitation en lettres d’or qui disait :

invit seins

Du coup, il s’est pas gêné et s’est dit qu’il allait me suivre : comme ça, p’tet que j’allais être hyper touchée et séduite, peut-être même me mettre carrément à poil dans la rue pour qu’il puisse vraiment se servir tranquille, histoire d’aller jusqu’au bout.

Bien sûr, j’ai pas fait ça, moi j’allais juste au boulot. Il m’a attendue à la sortie du métro, suivi aussi, ricané quand je lui ai demandé s’il avait un problème et évidemment, du début à la fin : regardé mes seins et insisté pour me montrer que c’était l’objet de son intérêt !

Eh ouais, pas de soutif, une combi pas hyper épaisse et un p’tit vent frais dans le métro forcément, ça souligne un peu les tétons.

Et en fait c’est chiant : si j’ai pas envie de porter de soutien-boobs parce que ça m’étouffe et que j’aime me libérer le téton, je fais bien comme je veux. Tout le truc en fait, c’est le choix.

Faire le choix d’en porter ou pas devrait seulement reposer sur notre seuil de confort, pas sur les éventuelles réactions extérieures.

Pourquoi je porte moins souvent des soutien-gorges

Avant j’étais hyper mal à l’aise de sortir dans soutien-gorge, notamment parce que j’avais pas du tout envie de me prendre des vieilles remarques et parce que sans en porter, je me sentais complètement nue. Forcément, quand t’en as depuis tes 12 ans, c’est chaud de perdre l’habitude.

Et puis plus j’y pensais, plus je me disais que ça me dérangeait pas d’avoir les tchoutches qui dansent la lambada sous mon t-shirt. Du coup, ma seule raison de mettre un soutif chaque jour, c’était d’éviter les regards vers les signes de eins’ sous le tissu, une raison plutôt pourrie pour moi.

Donc récemment, j’ai libéré mes loches et décidé de m’en foutre à la place des autres. Soit je gardais mon soutien-gorge et ça me faisait chier, ce qui ne m’empêchait pas de me faire emmerder dans la rue.

Bah oui, rappelons que la seule raison pour qu’on me fasse chier, c’est que je suis une meuf. Avec ou sans soutif, les relous sont en forme, c’est juste leur excuse pour être con qui change quand je mets une poche à loches ou pas.

À lire aussi : #FreeTheNipple : le fondateur d’Instagram s’explique sur les seins des femmes censurés

Et si on foutait la paix aux tétons des femmes ?

Et si, au delà de l’aspect physique et de soutien, le seul truc qui nous empêchait de faire tomber le souti-soutif, c’était ce genre de regard de merde ? Pourquoi je devrais crever de chaud, adapter ma garde robe et mettre deux fois plus de temps à choisir mes fringues en fonction des réflexions qu’on me fera ?

Laissez mes tétons tranquilles putain, remettez-vous, ouvrez un livre d’anatomie ou soulevez juste votre t-shirt, vous avez probablement les mêmes en dessous : c’est ce que j’ai envie de dire et d’écrire en lettres blingee sur le front des mecs qui suivent dans la rue ou de ceux qui me disent « t’as pas peur qu’on voie tes seins ? ».

Parce que oui, ça commence par là, par ce genre de réflexion qui crédibilise les relous, qui transforment un fait anodin en raison « valable » pour être emmerdée.

À lire aussi : Pourquoi c’est la faute de la victime, ou notre manie de croire en un monde juste

Alors que spoiler alerte : c’est pas une raison valable.

Non j’ai pas peur qu’on voie mes boobs, j’ai peur que des mecs me fassent chier, me suivent jusqu’à mon boulot et puissent potentiellement en vouloir à mon intégrité physique juste parce qu’on a décidé pour moi que mes boobs allaient être sexualisés et que quoi que je fasse, les montrer allait revenir à crier sur tous les toits :

REGARDEZ J’AI DES SEINS, COMME PAS MAL DE GENS SUR TERRE C’EST OUF HEIN !!! SI VOUS Y CROYEZ PAS, VENEZ TOUCHER !

Pourquoi personne ne voit rien quand on se fait harceler alors qu’un petit bout de téton visible seulement si on s’approche un peu, ça devient aussi voyant qu’Afida Turner dans une boutique Comptoir des Cotonniers ?

À lire aussi : J’ai testé pour vous… avoir une petite poitrine

Et si on me dit :

« Fais ta vie on s’en fout de ce que les autres pensent ! Fuck les rageux, clique sur la p’tite croix en haut à droite, les jaloux jalouseront !! »

Ben je réponds : « ouais grave de ouf je le fais déjà, mais petite révélation : en fait j’aimerais bien pouvoir m’en foutre, qu’il n’y ait QUE le regard des gens qui me fasse un peu chier. »

C’est l’effet papillon : un matin tu te dis « j’ai chaud » et une heure pile poil après, t’es en train de semer un inconnu qui te suit jusqu’au boulot, juste parce qu’il a aperçu de loin une petite boule sous ton t-shirt.

Donc mon soutif, que je le mette ou pas c’est moi qui choiz’, ma tenue d’été aussi et les boloss feraient bien de se mettre à jour parce qu’avec le temps qu’il fait dehors, on va pas s’enrouler dans une couette juste pour rester tranquilles.

En fait, la norme, on la choisit pour nous-mêmes. Plus on s’en fout, plus ça devient normal ! Allez, joignez ma team et venez à moi la team qui libère le téton on fera des high fives avec nos seins et ce sera cool !


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

108
Avatar de Carabosse8
30 juillet 2020 à 14h07
Carabosse8
Au passage, on peut porter un soutien-gorge et avoir les tétons qui pointent (mon cas). Le problème des regards lubriques restent malheureusement le même.
Depuis quelques temps, j'ai investi dans des caches-tetons en silicone que je mets sous mon soutien-gorge (j'ai une très très forte poitrine, me passer de soutif est quasi impossible pour moi) et ça me gonfle à vrai dire ! (Sans mauvais jeu de mots ). Je n'aime pas ses patches collés sur ma poitrine. Je déteste le fait d'être obligée de vérifier, toute la journée, qu'ils sont bien restés en place.
Si ma poitrine a toujours fait l'objet de remarques déplacées de la part d'inconnus, mes tétons eux, c'est un cran au-dessus, à savoir des allusions sexuelles dégueulasses.
3
Voir les 108 commentaires

Plus de contenus Féminisme

Source : Canva
Féminisme

Comment l’autodéfense féministe a changé ma vie

1
Mode

Quelle est la meilleure culotte menstruelle ? Notre guide pour bien choisir

Humanoid Native
Source : Midjourney
Déclic

Célia, 24 ans : « J’ai compris l’importance du féminisme en jouant au Trivial Pursuit »

9782290397336_UnJourDeNuitTombeeT1_Couv_BD (1)
Livres

Trois bonnes raisons de découvrir la fantasy grâce à l’œuvre de Samantha Shannon

Source : Canva
Déclic

Sandrine, 48 ans : « J’en demandais plus à mes filles qu’à mon fils pour les tâches ménagères »

gloria-steinem-feminist-litterature-
Livres

Gloria Steinem, féministe incontournable, fête ses 90 ans

1
Source : Midjourney
Déclic

Suzy, 27 ans : « Aujourd’hui, j’ai peur d’avoir des relations sexuelles avec les hommes »

1
Source : Cerise Sudry-Le Dû / Damien Platt de Getty Images
Féminisme

« Le viol est une bombe à fragmentation particulièrement cruelle » : Laurène Daycard, lettre d’Ukraine

tribune_une_v
Tribune

Aujourd’hui, je suis au tribunal parce que je suis féministe, on ne me réduira jamais au silence

2
Source : Canva
Déclic

Joséphine, 22 ans : « Concernant mon féminisme, je me demande souvent si je suis dans l’excès »

1
Source : Madmoizelle
Féminisme

Annie Chemla : « Avorter des femmes clandestinement m’a apporté un sentiment intense de puissance »

1

La société s'écrit au féminin