Depuis le jeudi 13 avril, le conseil départemental de Mayotte, île française de l’océan Indien, a décidé de ne plus accueillir les migrants sans-papiers dans ses centres de protection maternelle et infantile (PMI), comme le rapporte Libération.
Ainsi, dès juillet prochain, les individus sans papiers ni assurance ne pourront plus bénéficier des services de santé prodigués par les centres du département. Pourtant, de nombreux étrangers se tournaient vers les PMI pour se soigner, l’Aide médicale d’État (AME), destinée aux étrangers en situation irrégulière, n’étant pas disponible à Mayotte. Ce sont alors 85 % des sans-papiers des PMI mahoraises qui ne pourront plus se soigner.
Une vaste opération anti-migrants
Cette décision intervient dans un contexte où l’opération Wuambushu s’apprête à débuter, même s’il est pour l’instant impossible de trouver un lien de corrélation entre les deux. Le but de Wuambushu ? Démolir les bidonvilles et expulser au maximum les immigrés provenus des Comores, île voisine de Mayotte. Pour l’occasion, déjà près de 150 gendarmes mobiles sont arrivés ce samedi 15 avril dans le petit département de l’océan Indien, rapporte Le Parisien, et un demi-millier, au total, y sont attendus.
À ce jour, ni le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ni Emmanuel Macron n’ont confirmé officiellement la tenue de cette opération d’expulsions, d’arrestations, et de destruction de logements illégaux.
Ces derniers seront détruits dans huit communes, qui ont donné leur accord. On en compterait plus de 1 000, ce qui concernerait entre 4 000 à 5 000 personnes qui seront prises en charge selon leur situation administrative. Si certaines d’entre elles seront provisoirement relogées, d’autres, seront expulsées.
L’inquiétudes des organisations humanitaires
Avant même l’officialisation de l’opération, le gouvernement comorien a annoncé son opposition, et a demandé au gouvernement français « d’y renoncer », a rapporté franceinfo.
De leur côté, les associations humanitaires ont fait part de leur inquiétude quant au respect des droits des enfants étrangers dans le cadre de cette opération, comme l’a déclaré l’Unicef dans un communiqué publié dans La 1ère. L’agence onusienne redoute que l’augmentation du nombre d’interpellations lors de l’opération « implique mécaniquement une augmentation du taux d’erreurs dans la procédure d’éloignement », ce qui pourrait entraîner un nombre plus important d’enfants isolés à Mayotte.
Un autre communiqué, signé notamment par la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’association pour le droit des étrangers (ADDE), des associations dénoncent « une inquiétante opération militaro-policière en train de se mettre en place à Mayotte ».
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Les Commentaires
Si l’Etat n’était pas aussi obsédé par « combattre l’immigration illégale », il pourrait réfléchir à des solutions pour accomoder une territoire fragmenté par des frontières coloniales que ne comprennent pas les peuples de la région et contribuer à aider à réduire la pauvreté dans les îles. Mayotte est le département le plus pauvre de France et c’est aussi parce que l’Etat le voit avant tout comme un risque migratoire plutôt que sous le prisme des difficultés sociales (mais évidemment on tient à cette île qui donne un avantage stratégique et économique dans l’Ocean indien - bien sûr que les Mahorais ont voté pour rester français : les Comores sont pauvres et pas vraiment démocratiques, qui voudrait volontairement dégrader sa situation économique et sociale sans garantie de plus de libertés? mais ça ne veut pas dire qu’ils ne sentent pas connectés et qu’on doit donc faire comme si c’était une île française à protéger de l’extérieur).