Nicolas Hulot a rejoint le gouvernement composé par Emmanuel Macron au lendemain de son élection. Il a été nommé ministre de la Transition écologique et solidaire.
Son engagement pour l’environnement ne fait aucun doute : en 2015, en amont de la COP21, il avait, avec sa Fondation, lancé une pétition pour mettre une pression populaire à nos dirigeant•es. Il y a urgence à agir, voilà le message à faire passer.
Nous avions d’ailleurs participé à cette mobilisation, par la campagne « Break the Internet ».
Nicolas Hulot, ministre : entre ambitions et compromis
Mercredi 2 août, Nicolas Hulot était l’invité de Pierre Weill, sur France Inter. Le 2 août, c’était la Journée du dépassement : le jour où nous avons consommé toutes les ressources que la planète peut produire en un an. Ce qui veut dire qu’à compter de cette date, et jusqu’au 31 décembre, nous empruntons les ressources de demain…
C’était donc l’occasion pour le ministre de revenir sur le sujet des énergies et de la consommation en général. Il a été également interrogé sur certaines de ses décisions, qui semblent aller à l’encontre des convictions qu’il a pourtant revendiquées publiquement.
Il a, par exemple, co-signé avec le ministre de l’agriculture un arrêté autorisant « le prélèvement de 40 loups » (c’est-à-dire que les éleveurs sont autorisés à en tuer jusqu’à 40, pour préserver leurs troupeaux).
Une position opposée au discours de protection des espèces naturelles que Nicolas Hulot a toujours défendu. Il s’explique sur ce compromis, sans nier qu’il n’en est pas satisfait.
Mais c’est surtout la fin de cet entretien qui a retenu mon attention.
L’interview de Nicolas Hulot par Pierre Weill. La question du bien-être animal est abordée à 12 minutes 28.
Nicolas Hulot veut qu’on parle de bien-être animal
À la question « faut-il interdire les spectacles d’animaux en captivité, comme les delphinariums, à l’image de 12 pays européens [qui les ont déjà interdits] », Nicolas Hulot répond plus largement. Oui, il est opposé à l’utilisation des animaux pour le divertissement. Mais surtout, le ministre annonce :
« Je vais créer un groupe de réflexion sur le bien-être animal. C’est un sujet de société. Il ne faut pas avoir peur de l’aborder. […]
C’est un indice de civilisation, d’être capable de se poser des questions essentielles sur le bien-être animal. […]
J’ai l’intention de confier à un philosophe et à un parlementaire, un groupe de réflexion sur ce sujet. »
Nicolas Hulot souligne bien qu’il ne s’agit pas d’opposer les éleveurs aux défenseurs des droits des animaux : ce n’est pas un procès qu’il veut lancer, c’est un groupe de réflexion sur la question du bien-être animal.
C’est-à-dire qu’au lieu de traiter les éleveurs de meurtriers-barbares d’un côté, et les véganes de fous furieux extrémistes carencés (surtout en B12) de l’autre, on va peut-être avoir droit à un débat de société serein, guidé par la réflexion philosophique ?
Je suis peut-être ultra optimiste sur les conditions de dialogue dans la société française autour d’un sujet qui touche(ra) son patrimoine gastronomique et certaines « spécificités culturelles » ahem la corrida ! AHEM.
Peut-être qu’un mouvement « La Barbaque pour Tous » viendra parasiter les réflexions et caricaturer les idées avancées de toutes parts ? J’espère que non.
Dans tous les cas, je suis on ne peut plus enthousiaste à l’idée qu’on puisse avoir un débat de société autour du bien-être animal, surtout en l’amenant avec cet argument, auquel je souscris à 100% : « c’est un indice de civilisation, d’être capable de se poser des questions essentielles sur le bien-être animal ».
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