Je vous le disais il y a quelques temps dans cet article, personnellement, Noël, ça ne me parle pas.
Je n’y vois pas de sens, je me sens obligée, et en tant qu’athée (c’est-à-dire personne qui ne croit pas en l’existence d’un Dieu), je ne me sens pas touchée ni concernée par cette fête, quand bien même elle est devenue culturelle.
Ne pas fêter Noël
Étant moi-même en pleine réflexion sur le fait de fêter Noël ou non depuis presque 2 ans, j’ai trouvé intéressant de vous questionner, vous qui ne fêtez pas Noël.
Pour moi ça a été enrichissant de vous lire, alors je me dis que ça peut l’être pour vous tous et toutes !
Voici donc quelques-uns des témoignages que j’ai reçus, merci beaucoup encore à toutes celles qui m’ont écrit.
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Ne pas fêter Noël à cause de soucis familiaux
Quasiment tous les témoignages que vous avez envoyés traitaient, de près ou de loin, de conflits familiaux
.
Voici le témoignage de Marion, 25 ans, qui au fil des ans n’a plus voulu subir les tensions familiales :
« Depuis trois ans environ, je ne passe plus les fêtes de fin d’année dans ma famille.
Je pense que cette décision est apparue quand que j’ai compris les différends, les secrets, et les dysfonctionnements qui entourent les membres de ma famille, et surtout que j’ai réfléchi sur le fait de suspendre les hostilités pour les fêtes.
Quelle hypocrisie, quand on y pense…
Alors non, je n’avais plus envie de les entendre demander à ma belle-sœur « Alors, c’est pour quand le bébé ? », ni de voir les femmes s’affairer en cuisine pendant que les hommes se tapent sur l’épaule à table.
Je ne voulais plus qu’on se moque de mon éthique alimentaire. Je n’avais plus le courage de faire face au foie gras, aux escargots et à tous ces animaux démembrés sur la table entourés par de jolis confettis festifs.
Je ne voulais plus de ces regards gênés ou faussement courtois.
Je ne regrette pas les Noël de mon enfance, mais je réalise maintenant à quel point ils étaient ensevelis sous des couches de paillettes pour sauver les apparences et nous offrir de joyeuses fêtes à nous, les enfants.
Ces dernières années, nous avons passé Noël avec mon cher et tendre dans la famille de nos meilleurs amis au Mexique (quand tu ne comprends pas les conversations, il y a toute suite beaucoup moins de drama).
Ou encore tous les deux dans les Alpes, comme cette année.
Nous partirons ensemble, nous avons loué un appartement dans une station de ski. On ira sûrement boire un verre avant de rentrer nous mettre au chaud.
Maintenant je veux juste choisir avec qui passer ces moments et manger simplement. Pourquoi ingurgiter tant de nourriture en si peu de temps, qu’essayons-nous de prouver ?
Je dois avouer que je suis une dépressive des fêtes. Je me sens souvent comme une tombe au milieu des festivités. Les moments où je suis censée me sentir joyeuse me font me sentir anormale.
Je n’arrive pas à me réjouir pour une date.
Parallèlement, j’adore l’ambiance de Noël ! Les longues marches dans le froid entourée par des guirlandes lumineuses et des odeurs de cannelle et d’orange.
Encore une fois, je ne regrette pas les grandes tablées des fêtes de fin d’années de mon enfance. Regretter dans tous les sens du terme.
C’est à dire qu’elles ne me manquent pas mais que je ne changerais le passé pour rien au monde : c’était parfait le temps que ça a duré.
Et pourtant, une année, ma tante a essayé de frapper ma mère au visage entre la dinde et les marrons…
C’est fou à quel point le cerveau modifie nos souvenirs pour nous rendre nostalgiques de ce qui nous semblait insurmontable à l’époque.
Je n’ai pas besoin d’être la femme la plus heureuse du monde à une date précise, je m’efforce déjà de ressentir le bonheur dans ma vie quotidienne.
Ça me suffit amplement. »
Ne pas fêter Noël à cause de la distance et du travail
Eh oui, beaucoup de personnes travaillent pendant les fêtes, la Terre ne s’arrête pas totalement de tourner.
D’autres comme moi vivent à des milliers de kilomètres de leur famille.
Et certains, comme Emilie, 24 ans, cumulent les deux :
« Cette année, je ne fête pas Noël parce que je suis à 10 000km de ma famille qui vit à la Réunion.
La seule famille qui me restait, à part ma mère qui le fête entre amis, c’était un cousin et ma marraine, et ils sont partis, soit retrouver notre île, soit vers d’autres horizons.
J’ai déménagé dans un village un peu paumé de la Drôme où les gens sont bien sympas.
Assez sympas pour m’inviter à Noël parce qu’ils savent qu’en travaillant la veille et le lendemain, et sans famille à proximité, je n’aurai pas grand-chose pour fêter.
Pourtant, malgré toutes leurs bonnes intentions, je sais que le cœur n’y sera pas et qu’il vaut encore mieux que je reste chez moi.
Je serai seule aussi parce que, cette année, je me suis séparée de mon compagnon avec qui j’ai été pendant 3 ans. Avec qui je fêtais chaque Noël en famille (la sienne).
Et accessoirement, je ne fêterai pas mon anniversaire — qui est la même semaine — parce que je travaille. En tant que projectionniste, mon métier me prend pas mal de soirées.
Parfois je me lamente, parce que j’aurais préféré être sur mon île, entourée des miens, de la chaleur tropicale et des flamboyants en fleurs, mais cette année, j’ai 25 ans.
Et ces fêtes en solitaire, loin de mes proches, je les vois comme un passage initiatique.
Ne pas fêter Noël est pour moi synonyme de passage à l’âge adulte car je l’ai toujours vu comme une fête pour les enfants, pour la famille. Sans famille, je n’en vois pas l’intérêt.
Je suis soulagée, je dois avouer, de ne pas avoir à faire de cadeaux.
Parce que j’ai des convictions écologistes, anti-conso et minimalistes, d’abord. Mais aussi parce que c’est toujours un casse-tête dont je me passe bien volontiers.
Quelque part, cette fin d’année seule, je la vois en soi comme un cadeau. Celui de pouvoir prendre du temps pour moi, pour dessiner mes projets pour l’année à venir, pour me reposer de cette année intense.
Ce calme, cette solitude plus ou moins choisie, c’est le cadeau que je me fais à Noël, finalement. Et je crois qu’après les péripéties de 2019, je l’ai bien méritée, cette paix.
Merci Père Noël ! »
Ne pas fêter Noël par conviction
J’ai trouvé très intéressant le témoignage d’Agnès, 21 ans, qui a décidé pendant deux ans de ne pas fêter Noël, par conviction.
Elle raconte sa place d’athée dans des fêtes de fin d’année religieuses :
« Ma famille a toujours fêté Noël même si nous sommes athées. Pour nous c’est une célébration religieuse qui est aussi devenue une fête culturelle.
Enfants, nos parents nous ont expliqué que Noël célébrait la naissance de Jésus mais que cette fête était surtout pour nous l’occasion de décorer le sapin, de se réunir en famille, de passer une soirée magique, d’être émerveillés en découvrant les cadeaux.
C’est une fête que nous adorions.
Mais pendant deux ans, ma famille et moi n’avons pas fêté Noël.
À ce moment-là j’étais en première puis en terminale et la France avait subi plusieurs attentats perpétrés au nom d’un Islam radicalisé et extrémiste.
Ces événements ont instauré un climat de peur mais aussi de solidarité.
Partout j’entendais que les différentes religions devaient s’entraider car elles partageaient les mêmes valeurs d’amour, de partage et de tolérance.
J’entendais partout que Chrétiens, Musulmans et Juifs étaient tous frères.
Même si c’est un message plein de bonne intentions, je me suis sentie rejetée car jamais ces discours n’incluaient les athées.
J’ai très mal vécu cette sensation de rejet et cela m’a beaucoup fait réfléchir à mon athéisme. Je me suis demandé : pourquoi je fêterais une fête chrétienne alors que les Chrétiens m’excluent de leur discours de solidarité ?
Mon sentiment d’exclusion était aussi partagé par mes frères et sœurs. Nous avons donc pris la décision de ne plus fêter Noël.
Pour être en accord avec notre athéisme, mais aussi car notre famille se disloquait.
Mes oncles et mes tantes ne voulaient plus faire de grands rassemblements de famille et mes parents vivaient très douloureusement leur séparation.
Si nous fêtions Noël, nous aurions été 4 mes frères et sœurs, notre mère et moi. Autant dire que ce serait un soir normal, mais avec un peu plus de nourriture…
Cela a rajouté à notre motivation.
Cette décision n’a pas été très bien vue par nos proches et a été très critiquée, ce que j’ai assez mal vécu. Au lycée aucun de mes amis ne comprenait.
Quand je leur expliquais que c’était important pour moi de ne pas le fêter en tant qu’athée, ils me répondaient que eux aussi étaient athées et que pourtant ils célébraient.
Leur argument était que c’est aussi une fête culturelle, donc j’avais le droit (et même l’obligation !) de célébrer aussi. Ils étaient vraiment très insistants et condescendants.
Ils ne tenaient pas le même discours aux personnes de notre groupe d’amis qui étaient musulmanes. Pourtant, en tant que Françaises, elles aussi auraient dû fêter Noël, selon cet argument !
Je ne comprenais pas pourquoi il était acceptable socialement qu’une Musulmane ne fête pas Noël, mais pas une athée.
À cette période je faisais aussi partie d’une association à but solidaire. Il a été proposé d’organiser une soirée de Noël.
J’ai donc suggéré qu’on appelle plutôt ça une soirée de fête de fin d’année afin que les personnes de toute les confessions ou absence de confession se sentent à l’aise de venir.
Mais cette proposition n’a pas été acceptée.
Quand j’ai fait part du fait que je ne viendrai pas car je ne fêtais pas Noël, un grand nombre des gens de l’association se sont permis de me dire que j’étais ridicule.
Que mes choix ne soient pas respectés a renforcé mes convictions. Plus on voulait que je fête Noël, moins j’en avais envie.
Cependant, ce choix a provoqué une sensation de vide que mes frères et sœurs ont aussi ressentie. Certes, c’est une fête religieuse, culturelle et familiale, mais cette fête a aussi le sens que nous lui avons donné…
Depuis, je fête à nouveau Noël, et rien n’a vraiment changé, sauf que nous le fêtons à 4, une fois chez ma mère, une fois chez mon père.
Mais nous nous sommes rendu compte à quel point cette fête était importante pour nous et à quel point nous aimons les rituels qui l’entoure.
Maintenant nous fêtons Noël pour nous, et pas pour l’image sociale que cela renvoie. »
Ne pas fêter Noël, mais plutôt une autre fête
Puisqu’il y a moult religions et moult croyances, voici pour finir le témoignage d’une madmoiZelle qui ne fête pas Noël, mais Yule, « une fête du solstice d’hiver occidentale pré-chrétienne, que certaines personnes attribueraient à une sorte de proto-noël chez certains peuples germanique » (Wikipédia).
« Je déteste Noël pour tout ce que cela représente, notamment au niveau des cadeaux.
J’offre des cadeaux, mais je ne dépense pas (ou presque) d’argent.
Je vais offrir une bouture de ma plante préférée, un bouquin de ma bibliothèque que j’ai adoré, organiser une journée aux petits soins, faire une sortie chouette, préparer un bon repas pour mes amis et amies, etc.
Je ne fête pas Noël, cependant, le 21 décembre je fête Yule.
Yule est la fête du solstice d’hiver, il s’agit d’un des quatre Sabbats mineurs de l’année. On le fête le 21 décembre, le dernier jour sombre de l’année, car à partir de cette date les jours se rallongent à nouveau.
C’est une fête de renaissance, de retour de la vie et de la lumière. Il est donc de coutume d’allumer des feux et des bougies pour encourager le retour du soleil et chasser l’obscurité.
On prend conscience que la nature encore ensommeillée reprend doucement ses forces sous la neige. On l’appelle également le Nouvel an Solaire puisqu’à cette date le Soleil entre en Capricorne.
Cette célébration marque aussi la naissance de Dionysos et de beaucoup d’autres divinités. Le Solstice est une charnière dans la roue de l’année, le soleil y meurt et renaît symboliquement du ventre de la Déesse.
Durant la période de Yule, la tradition veut que l’on décore des conifères (symbole de renaissance chez les scandinaves) avec des offrandes aux divinités et des représentations de la lune, du soleil et des étoiles accrochées à leurs branches.
Cette tradition date de l’époque matriarcale durant laquelle on décorait les pins dans les sanctuaires.
Je ne saurai que trop vous conseiller d’opter pour un sapin en pot pour perpétrer cette tradition, ainsi après les fêtes vous pourrez replanter votre arbre.
Pour le décorer vous pouvez également suspendre à ses branches des peaux d’agrumes, des bâtons de cannelle et des cristaux de quartz.
Le houx et le lierre sont à l’honneur car ils représentent la fertilité et la vie, n’hésitez pas à les utiliser pour décorer votre maison ou votre arbre de Yule.
On avait également pour coutume de brûler une bûche de chêne durant douze heures et de la garder toute l’année dans la maison, pour nous porter chance, avant de brûler ses restes l’année suivante.
La plupart des maisons n’ayant plus de quoi préparer des feux, la tradition s’est adaptée et on retrouve désormais des gâteaux roulés nommés « bûches » sur notre table.
La boisson mise à l’honneur durant cette fête s’appelle le Waissail. En préparer et en boire assurerait une bonne récolte de pommes durant l’année à venir.
Il s’agit d’une boisson à base de cidre, de brandy et de bière, épicée à la cannelle, au gingembre, à la muscade et aux pommes percées de clous de girofle.
On chantait en apportant ce breuvage de voisins en voisins pour le partager. Autrefois, on pratiquait également des rites de fertilité sous le gui et on pratiquait la divination avec des épis de blé.
Dans la mythologie nordique, c’est la nuit de Yule que Heimdall (dieu gardien du Bifrost et détenteur du Gjallarhorn) accompagné par les Ases (divinités d’Asgard) choisit pour rendre visite à ses enfants.
Il laisse des présents dans la chaussette de celles et ceux qui ont bien agi et de la cendre dans celles de ceux et celles qui ont mal agi durant l’année.
On peut également noter des similitudes entre le mythe du père Noël d’aujourd’hui et celui qui appartient à la mythologie scandinave, le mythe de Jölnir (un des nombreux noms du dieu Odin).
Tout dans l’apparence d’Odin fait penser au père Noël que nous connaissons, et il dispose d’une monture à 8 pattes, qui peut rappeler les 8 rennes du père Noël.
On dit qu’Odin traverse le ciel du monde pour observer les familles. Celles et ceux qui ont faim, il les nourrit d’une partie de son souffle.
Les enfants préparaient son arrivée en laissant de l’herbe ou du sucre dans leurs chaussures afin de nourrir le cheval.
Pour remercier les enfants de ce geste, Odin leur offrait des cadeaux qu’il laissait dans leurs chaussures à la place de la nourriture… »
Et toi, est-ce que tu fêtes Noël ? Est-ce que tu as déjà questionné ce rituel de fin d’année ?
À lire aussi : Noël quand tu es végétarienne : le guide de survie
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Les Commentaires
D'autant que l'origine de la fête célébrée aux alentours du 25 décembre remonte à bien avant l'ère chrétienne et représentait pour la plupart des cultes païens de l'hémisphère Nord, une renaissance, parce que les journées commencent à se rallonger après le solstice d'hiver. Bon, à l'époque, cela revêtait encore une apparence mystique, mais même si, aujourd'hui, tout le monde connait le cycle des saisons engendré par la révolution de la terre autour du soleil (oui, enfin, sauf pour les platistes - autre débat si ça mérite d'en être un :stare, et malgré les transformations qu'on a apporté à la célébration, cela en fait réellement ce qu'elle est : une fête culturelle, voire traditionnelle, pas au sens chrétien, mais bien parce qu'elle est célébrée depuis bien longtemps et dans plein de cultures sous différents noms et traditions... Je pense qu'il est assez simple d'exclure toute dimension religieuse à Noël si on le souhaite, pour ne conserver que la dimension de rassemblement, de famille ou simplement de pause (quand on peut) pour penser à soi ou aux autres. Selon la fin de son témoignage, je pense que c'est ce que cette madz a fini par faire, mais c'était quand même intéressant de lire son cheminement concernant Noël en tant qu'athée.