L’annonce avait été faite en début d’année 2022 : selon un arrêté publié le 11 janvier, les conditions pour donner son sang allaient désormais être les mêmes pour tous les donneurs et donneuses. Cela signifiait la fin des conditions spécifiques pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
Désormais, lors de l’entretien préalable au don, il n’y aura plus de questions portant sur les pratiques sexuelles, elles s’en tiendront entre autres au nombre de partenaires au cours des quatre derniers mois.
Une interdiction levée petit-à-petit
Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avaient été exclus du don du sang en 1983, en raison du taux de prévalence du VIH au sein de la communauté gay.
Néanmoins, cette mesure stigmatisante est contestée depuis de nombreuses années et avait été remise en question.
L’exclusion avait été levée et remplacée par de nouvelles conditions en 2016 : les aspirants donneurs devaient n’avoir eu aucune relation sexuelle avec un autre homme pendant douze mois pour pouvoir donner leur sang, une condition ramenée à quatre mois en 2020.
Une mesure discriminante ?
L’association de lutte contre le VIH Aides émet néanmoins des réserves sur la levée de l’interdiction, comme l’explique le responsable associatif Jérémy Léonard à France 3 Bourgogne :
« Jusqu’à maintenant, les études montrent qu’un homosexuel avec plusieurs partenaires a 200 fois plus de risques d’être contaminé par le VIH. Pour l’Établissement Français du Sang, la sécurité transfusionnelle prime. Et c’est normal. »
Même s’il salue cette évolution, il ajoute aussi qu’il s’agissait d’« un refus de prendre le sang de personnes ayant un comportement sexuel à risques, mais pas un refus par rapport à leur orientation sexuelle ».
Mais d’autres soulignent néanmoins le caractère illogique voire absurde qu’avait l’interdiction puis la condition d’abstinence, comme le raconte à Libération Thomas, 28 ans, qui a longtemps donné son sang en cachant son orientation sexuelle : «Je suis en couple avec le même homme depuis dix ans. De tous mes amis, c’est moi qui ai couché avec le moins de monde. Et je devrais être le seul à ne pas pouvoir donner mon sang ? ».
Reste qu’à compter d’aujourd’hui, ceux qui souhaitent donner et qui ne tombent pas sous le coup d’autres restrictions en raison d’un voyage à l’étranger ou d’un tatouage récent (sur le site de l’EFS, vous pouvez savoir rapidement si vous êtes éligible), pourront le faire.
Petit rappel cependant que les personnes qui prennent la PrEP, ce traitement accessible aux personnes séronégatives qui n’utilisent pas le préservatif de façon systématique et qui permet de ne pas être contaminé par le VIH, ne pourront pas donner leur sang.
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Crédit photo : NIAID via Flickr
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