Article mis à jour, publié initialement le 23 avril 2022
Si Netflix n’est pas avare en productions horrifiques et autres thrillers des familles un peu bourrins, elle n’oublie pas non plus de faire la part belle au progressisme à travers des fictions mettant en avant des femmes.
Voilà notre sélection de films aussi divers et variés que féministes.
Moxie, de Amy Poehler, à voir sur Netflix
Moxie lève un poing timide, mais un poing tout de même.
Dans cette fiction inspirée par le roman éponyme de Jennifer Mathieu paru en 2015, Hadley Robinson est Vivian Carter, une lycéenne connue pour ne pas faire de vagues. Vivian est bonne élève, pas très fêtarde, et dédie le plus clair de son temps à refaire le monde avec sa meilleure amie Claudia sur les bancs de son lycée en mangeant des sandwichs triangle.
Vivian rêve d’amours transpirantes avec Seth Acosta, qui a pris sept centimètres pendant les vacances d’été, passant de « crevette » à love-interest principal. Mais pas seulement.
Vivian se cherche, veut repousser les contours des cases qui la définissent depuis toujours, désire avoir des opinions moins étriquées.
La faute sans doute à Lucy, la nouvelle élève, bien décidée à ne pas se laisser faire par les garçons du lycée. Parce qu’il faut dire qu’ils ont une attitude plus que répréhensible, ces mecs à l’égo surdimensionné.
Ils harcèlent les nouvelles, mettent en ligne des « awards » de la fille qui a le meilleur cul, celle qui est la plus « baisable », celle qui est la plus fayote ; ils se permettent des gestes déplacés, des propos lourds de sens, lourds tout court. Pour ne pas dire franchement graves.
Bref, ils règnent en maîtres incontestés sur un institut qui ne les punit jamais. Pire encore, ces bourreaux imberbes sont glorifiés, car capitaines de l’équipe de foot, athlètes, ou simplement détenteurs de pénis !
Ces injustices, ce sexisme primaire, Vivian, encouragée par les révoltes de Lucy et par l’engagement passé de sa mère, a décidé de ne plus leur laisser de place.
Pour ce faire, elle publie une revue anonyme dénonçant le sexisme dans son établissement scolaire et en dispose des dizaines d’exemplaires dans les toilettes des filles. Dedans, elle incite les meufs à se dessiner des étoiles et des cœurs sur les mains, en signe de coalition.
Exit le patriarcat, bonjour l’égalité et la considération. En tout cas, la lutte pour elles.
Celle-ci sera douce d’abord, plus sévère ensuite, elle sera portée par des héroïnes aux profils très divers, et aussi par Seth, un allié à la cause féministe.
The Lost Daughter, de Maggie Gyllenhaal, à voir sur Netflix
On change totalement de registre avec ce beau drame multi-nommé aux Oscars, qui évolue dans un décor de carte postale. Une île grecque, sur laquelle on se projette aisément, munie d’un grand chapeau, de lunettes de soleil, d’un bouquin sous le bras. Voilà les vacances qu’une professeure de littérature comparée, Leda (interprétée par la fantastique Olivia Coleman), a décidé de passer.
Seule, elle est bien décidée à se faire plaisir, à lire sur la plage, manger au restaurant ou sur sa terrasse de bons plats grecs. Mais c’était sans compter sur une famille américaine dont les rassemblements perturbent le calme apparent de la plage, et dont certains membres n’ont pas envie de s’encombrer de la présence de cette touriste mystérieuse.
Leda commence à développer une légère obsession pour une jeune mère de cette tribu bruyante, Nina (Dakota Johnson), en laquelle elle se reconnaît. Cette dernière n’est que peu libre de ses mouvements, sa fille étant sans cesse pendue à son cou.
Quand la petite perd sa poupée, sorte de doudou duquel elle ne peut se passer, les choses commencent à se gâter pour tout le monde…
Les mères disséquées par The Lost Daughter sont tout en nuances et révèlent la complexité et l’ambivalence de la maternité. Ce film nous indique que même les femmes avec des enfants peuvent être autre chose que des mères : des intellectuelles, des amoureuses, des personnes qui veulent profiter de ce qu’offre la vie…
Voir The Lost Daughter sur Netflix
Elisa y Marcela, d’Isabel Coixet, sur Netflix
Il est rare que l’on parle des romances ibériques, et pourtant les Espagnols ne sont pas les derniers quand il s’agit de faire appel aux grands sentiments.
La preuve avec le tout délicat Elisa y Marcela de la réalisatrice Isabel Coixet, qui s’inspire d’une histoire vraie.
Celle d’une Galicienne prénommée Elisa Sanchez Loriga qui se fait passer pour un homme afin d’épouser celle qu’elle aime à la folie, Marcela Gracia Ibeas.
Un film trop méconnu et qui mériterait pourtant toute l’attention du public.
Au même titre qu’il s’est attiré les faveurs de plusieurs grands festivals, parmi lesquels la Berlinale où il a été nommé pour l’Ours d’or (s’il vous plaît), le Grand prix du jury, et l’Ours d’argent du meilleur réalisateur.
Une romance lesbienne, qui dresse le portrait intime de femmes nuancées, complexes et passionnantes.
Regarder Elisa y Marcela sur Netflix
L’échange, de Clint Eastwood, à voir sur Netflix
Los Angeles, 1928. Un matin, Christine dit au revoir à son fils Walter et part au travail. Quand elle rentre à la maison, celui-ci a disparu. Une recherche effrénée s’ensuit.
Quelques mois plus tard, un garçon de neuf ans affirmant être Walter lui est restitué. Christine le ramène chez elle. Mais au fond d’elle, elle sait qu’il n’est pas son fils.
Film d’époque aux costumes et aux décors grandioses, thriller glaçant aux mille rebondissements, pamphlet contre la maltraitance infantile et contre le sexisme… L’échange est probablement l’un des meilleurs films disponibles sur Netflix, toutes catégories confondues.
S’il a gagné sa place dans cette sélection de films féministes, c’est avant tout pour la prestation d’Angelina Jolie, absolument fascinante dans ce rôle de mère aussi déterminée que résiliente. Plongée dans les mondes profondément sexistes de la police, de la justice et de la médecine, Christine devra faire face à nombre de mensonges, de magouilles et d’obstacles la séparant de son fils. L’échange montre notamment comment la « folie » est utilisée comme arme disqualifiant la parole et les actes des femmes.
On préfère ne pas trop vous en dire, pour ne rien gâcher de ce film bouleversant et passionnant. Émotions, colère et pleurs garantis.
Regarder L’échange sur Netflix
Les féministes, à quoi pensaient-elles ? de Johanna Demetrakas, à voir sur Netflix
Pour savoir où l’on va, il vaut mieux savoir d’où l’on vient.
Voilà l’une des raisons pour lesquelles les archives féministes sont précieuses. Justement, ce documentaire dispo sur Netflix leur fait la part belle. La réalisatrice Johanna Demetrakas propose une immersion dans le mouvement féministe des années 1970 aux Etats-Unis.
Le gros plus du film, c’est qu’il est en partie illustré par les photographies de Cynthia MacAdams. Connue pour ses clichés en noir et blanc, cette photographe américaine a capturé le portrait de nombreuses féministes en étant particulièrement attentive à leur regard. « Je cherchais des femmes qui avaient de la force et de la douceur dans les yeux », écrit-elle dans l’un de ses livres
Au programme du docu : des archives montrant par exemple des cours d’« économie domestique », où on apprend à cuisiner et s’occuper d’un bébé, de nombreux témoignages évoquant notamment les femmes dans l’industrie du cinéma ou encore l’afroféminisme.
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Crédit de l’image à la Une : © Netflix
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