Cette semaine la météo estivale fait son grand retour ! L’opportunité idéale pour certaines d’entre nous de profiter de nos pauses déj’ ou encore d’un verre en terrasse pour lézarder au soleil… Attention, si ce dernier fait du bien à notre morale, il fait surtout courir des risques à notre peau !
C’est la raison pour laquelle le Syndicat National des Dermatologue-Vénéréologues (SNDV), a décidé d’envahir les réseaux sociaux avec la campagne #Sauversapeau du 12 au 17 juin 2022. Autour de lives aux thématiques diverses, des professionnels de la santé sensibilisent au dépistage ciblé des cancers de la peau.
L’occasion pour Madmoizelle de revenir sur les idées reçues que l’on entretient sur notre peau et le soleil, et de les démolir enfin, avec l’aide de Delphine Kerob, dermatologue-vénéréologue clinicienne, directrice scientifique des laboratoires La Roche-Posay.
Plus d’un Français sur deux ne met pas de crème solaire avant de s’exposer au soleil…
Le nombre de cancers cutanés a triplé en 40 ans, d’après l’Institut Nationale du Cancer, et 80 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France. Pourtant, détectés et dépistés à temps, les cancers de la peau sont guérissables.
Mais bien qu’informés, les Français peinent à mettre en pratique les bons réflexes pour protéger leur peau lors d’une exposition solaire, comme le révèle un sondage IPSOS mené l’année dernière par le SNDV : à peine plus d’un Français sur 2 met souvent de la crème solaire lorsqu’il va lézarder au soleil et plus de 4 français sur 5 continuent de bronzer entre 12h et 16h, créneau horaire où les rayons UV sont les plus forts.
Pour la doctoresse Delphine Kerob, un effet de mode serait la cause de tous ces comportements dangereux :
« L’augmentation du nombre de cancers de la peau est liée au phénomène de mode : le bronzage reste dans notre société un signe de beauté. Alors les gens essaient de bronzer à tout prix. Et malheureusement, en passant souvent par des coups de soleil pour les phototypes les plus clairs, ce qui met un risque maximum d’avoir des problèmes de peau plus tard. Il y aussi les cabines de bronzage qui ont augmenté le nombre de cas de mélanomes. »
Les cabines d’UV sont à bannir définitivement !
La pratique du bronzage en cabine à UV serait très néfaste pour notre capital solaire (soit la quantité de rayons du soleil qui peut être reçue par un individu durant sa vie entière ). Pourtant, toujours selon le sondage IPSOS, 31% des 18-24 ans ont recours aux séances d’UV avant une exposition au soleil. Une grave erreur, comme l’explique la dermatologue :
« Les UV créent des cassures, des dommages dans l’ADN. On a des systèmes de réparation de l’ADN qui sont censées réparer ces cassures chaque fois. Mais de temps en temps, ces systèmes deviennent déficients. Plus il y a de cassures, plus il y a de risques que le système soit déficient à un moment et c’est ce qui va entraîner des mutations. Et du coup, l’apparition de cellules anormales, cancérigènes, qui se multiplient de plus en plus et créent un cancer de la peau et en particulier un mélanome. »
Les séances d’UV en cabine sont définitivement à bannir de nos habitudes. Aujourd’hui, comme le précise Delphine Kerob, les dermatologues peuvent utiliser les UV mais avec des longueurs d’onde assez précises et des doses qui sont vraiment contrôlées pour les pathologies inflammatoires de la peau. Ces soins dermatologiques sont réalisés uniquement sur des patients qui ne sont pas à risque de développer des cancers de la peau.
Les différents types de cancers de la peau et les zones où ils peuvent se développer
On l’ignore souvent mais il existe plusieurs types de cancers cutanés. Les carcinomes sont les moins graves et représentent 90% des cancers de la peau, selon le SNDV. Pour les patients développant ce genre de pathologie, dans 70% des cas, il s’agit de carcinomes basocellulaires, les moins néfastes pour la santé. L’autre sorte de carcinomes, les épidermoïdes, sont plus rares mais plus agressifs.
Nous sommes tous susceptibles d’en développer, comme l’assure la doctoresse Kerob :
« Les carcinomes de la peau sont liés aux expositions chroniques au soleil. Et donc, ils vont plus arriver sur le dos des mains, des avant-bras, le visage, et le scalp des gens qui sont chauves. Ce sont des zones qui prennent les rayons du soleil du 1er janvier au 31 décembre, de 8 heures du matin à 8 heures du soir, de la naissance jusqu’à la mort. On s’en rend très bien compte lorsqu’on a une quarantaine d’années et qu’on met sa main à côté du haut de sa hanche. On verra que les taches sur le haut de la main n’existent pas sur une zone protégée du soleil comme la hanche. »
Puis, il y a les cancers cutanés plus graves que l’on nomme les mélanomes. Ils représentent 10% des cancers de la peau et leur incidence a significativement augmenté depuis 40 ans. D’après le SDNV, 15 500 nouveaux cas ont été recensés en France métropolitaine en 2018, ainsi que 1 980 décès dus à cette pathologie.
« Le mélanome est un type de cancer plus lié aux coups de soleil. Il peut apparaître partout sur le corps, que ce soit les jambes, les bras, le tronc… Il y a plusieurs formes de mélanomes. Le plus fréquent, c’est celui qu’on appelle à extension superficielle. Et il y a le mélanome nodulaire qui se présente sous la forme d’une petite lésion en relief, qui va évoluer, qui peut être de couleur chair ou pigmentée. C’est le mélanome le plus dangereux car il va avoir une dimension verticale d’emblée. Et le pronostique du mélanome est lié à son épaisseur. »
Et ce ne sont pas les seuls types de mélanomes… Il y a encore celui de Dubreuilh qui survient principalement chez les personnes âgées. C’est une tâche qui s’étend progressivement sur plusieurs années, le plus souvent sur le visage, les joues, les tempes ou le front. La dermatologue ajoute : « Il est dû à une exposition chronique du visage au soleil. »
Enfin, il y a le mélanome acrolentigineux, qui apparait sur les paumes de main, les plantes de pieds au niveau des ongles et parfois sur les muqueuses. Et ce serait le plus fréquent chez les gens qui ont une pigmentation sombre de la peau.
Les phototypes sombres développent des cancers de la peau plus rares
Première idée reçue : les peaux foncées ne peuvent pas avoir de cancer de la peau. Faux ! Il existe des phototypes (catégorisation technique des types de peau se basant sur la carnation de la peau, la couleur des yeux et des cheveux, tout en prenant en compte la réaction de la peau vis-à-vis de sa sensibilité au rayonnement ultra-violet) s’échelonnant de 1 à 6 (1 étant le plus clair, et 6 le plus sombre). Certes, les mélanones sont plus rares chez les gens qui ont la peau noire, car leur mélanine est beaucoup plus opaque, mais ils développent d’autres types de cancers de la peau, notamment le mélanome acrolentigineux, comme l’explique la dermatologue :
« On peut voir des mélanomes chez des peaux de phototype 4, même si elles bronzent facilement. Pour les peaux noires, phototype 5 et 6, ce n’est pas les mêmes cancers que chez les gens qui ont la peau très claire. C’est très rare qu’ils aient des carcinomes épidermiques, sauf chez les populations albinos, qui ont une peau noire mais pas de gène fabriquant la mélanine.
Les gens qui ont la peau noire peuvent développer des mélanomes, comme on disait auparavant, sur les ongles, les plantes de pieds et les muqueuses. Ce sont des zones qui ne sont pas exposées au soleil et on ne connait pas encore bien les raisons pour lesquelles ils développent ce genre de mélanome. »
Même en mettant de la crème solaire toutes les deux heures, on ne serait pas totalement protégée des UV
Toujours est-il que les recommandations des professionnels de santé pour éviter les cancers de la peau ne changent pas quelque soit son phototype. Éviter le soleil entre 12h et 16h, se protéger en portant t-shirt, lunettes de soleil, chapeau et… Appliquer régulièrement de la crème solaire. Attention, souvent on pense être protégée lorsqu’on s’applique consciencieusement de l’écran solaire haute protection toutes les deux heures mais cela ne serait pas le cas, tel que le précise l’experte :
« Un écran solaire quelque soit son indice n’est pas un écran total. Il va empêcher la pénétration de 97% des UV mais pas de 100%. Aussi, les crèmes solaires sont testées avec une application en couche épaisse, à 2 mg par cm2. Mais dans les faits, les gens en appliquent réellement moins, entre 0,5 et 1 mg par cm2. Donc évidemment, l’indice qu’on va voir sur le tube de la crème solaire ne correspond pas à la réalité de ce qu’on aura appliqué sur notre peau et ça peut avoir un effet pervers parce qu’on se sent protégé mais qu’on ne l’est pas. »
La meilleure solution : l’auto-examen !
Et si on a des doutes sur un grain de beauté, une rougeur, une marque sur notre corps, doit-on consulter au plus vite un dermatologue ? Si l’inquiétude persiste, c’est toujours mieux, ne serait-ce que pour se rassurer.
En revanche, inutile de filer aux Urgences si vous égratignez un grain de beauté : traumatiser un naevus n’entraine pas forcément sa mutation en mélanome. Avec le rasage, ou encore sur les zones de friction, il est facile d’en blesser un, mais généralement cela reste un bobo comme un autre.
Pour faciliter le dépistage précoce des cancers de la peau, les professionnels de santé encouragent l’auto-examen. Késako ? Comment doit-il s’effectuer ? La doctoresse nous donne quelques conseils pour le réaliser avec efficacité :
« Ce que je préconise, c’est de savoir se regarder quand on sort de la douche, une fois de temps en temps. Mettez-vous face à une grande glace, et observez-vous devant, derrière, sous les bras… Bien sûr, il y a des zones qu’on ne peut pas regarder facilement seule, alors il faut demander de l’aide à un proche. Il faut savoir que normalement nos grains de beauté ne doivent plus bouger, évoluer, se transformer à partir de 40 ans. »
À lire aussi : Protection solaire : il est temps de trouver celle qui convient à votre type de peau
Image en Une : © Netfalls
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Les Commentaires
Tu l'as testée ?
Est-ce que le PDD (protection anti-UVA) est mentionné sur l'emballage ? Parce que sur internet, pas moyen de le trouver et je souhaite une crème qui protège des UVA + que la limite légale.