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Cinéma

L’actrice Thandiwe Newton reprend son vrai prénom, faisant un pied de nez à des années de racisme

Pendant des années, Thandiwe Newton était créditée en tant que Thandie dans les films dans lesquels elle jouait. Aujourd’hui, elle compte bien faire entendre le « w » originel de son prénom, et ainsi se réapproprier son histoire.

À 48 ans, cette actrice britannique a au compteur plusieurs dizaines de films, mais c’est sans doute avec son rôle dans Westworld que beaucoup l’ont réellement découverte — une série au générique de laquelle on a pu la retrouver pendant des années sous le nom de Thandie Newton.

Seulement voilà, le vrai prénom de l’artiste n’est pas Thandie : c’est Thandiwe. Une seule lettre de différence. Mais une lettre qui compte, car sa suppression est largement symptomatique du racisme que l’actrice a dû affronter.

L’actrice Thandiwe Newton reprend son vrai prénom, après avoir été appelée Thandie pendant des années

C’est au Vogue britannique que Thandiwe Newton s’est livrée sur son parcours filmique et militant, dans un long et beau portrait brossé par l’autrice et journaliste Diana Evans.

Elle y évoque son cheminement scolaire, notamment au sein d’une école catholique conservatrice régie par des bonnes sœurs. Elle précise que c’est là que le « w » de son prénom a commencé à être avalé, volontairement invisibilisé pour que Thandiwe devienne Thandie, et perde de sa consonance originelle.

En effet, Thandiwe signifie « bien aimée » en shona, langue d’Afrique australe principalement parlée au Zimbabwe. Un prénom attribué à l’actrice par ses parents — un technicien de laboratoire britannique et une princesse zimbabwéenne — et qui évoque immédiatement les origines de sa mère. Invisibiliser le « w » revenait donc à invisibiliser ses origines.

Bien après qu’elle a fait ses classes sur les bancs de cette école catholique, Thandiwe est devenue actrice : c’est à 16 ans qu’elle a décroché son premier rôle au cinéma dans le film Flirting sorti en 1991. Déjà, dans les crédits du long-métrage, on pouvait constater la suppression du « w ». Thandiwe avait été changé en Thandie…

Difficile de ne pas penser à l’actrice Uzoamaka « Uzo » Aduba, star d’Orange Is The New Black (où elle jouait Suzanne Warren), qui en 2014 expliquait dans la presse qu’elle avait demandé à sa mère, lorsqu’elle était petite, s’il était possible qu’elle modifie son prénom car personne ne parvenait à le prononcer correctement dans sa classe.

Sa mère avait répondu :

« S’ils arrivent à prononcer Tchaïkovski, Michelangelo et Dostoïevski, ils peuvent réussirent à prononcer Uzoamaka. »

Aujourd’hui, l’actrice compte bien réimposer son vrai prénom, et le faire écrire correctement aux génériques des films dans lesquels elle apparaîtra ! Elle explique à Vogue :

« C’est mon nom. Ça l’a toujours été. Je reprends ce qui est à moi. »

Thandiwe Newton, figure du féminisme et de l’anti-racisme

Thandiwe est une femme métisse avec un prénom zimbabwéen. Malheureusement, son parcours au cinéma a été marqué par la violence du racisme… Elle raconte par exemple que le réalisateur John Duigan avait exigé qu’elle modifie la teinte de sa peau pour son rôle dans Flirting, lui demandant :

« Peux-tu être plus foncée d’ici à lundi ? »

Le même réalisateur aurait sexuellement abusé d’elle alors qu’elle avait 16, et lui 39.

Elle précise au magazine :

« J’ai un sixième sens pour les abus et ceux qui abusent. C’est, je crois, la raison pour laquelle j’ai beaucoup été rejetée à Hollywood. »

En effet, Thandiwe Newton a été une figure de lutte contre le harcèlement et les agressions sexuelles bien avant la libération de la parole des victimes permise par #MeToo.

On peut lire chez Vogue cette puissante phrase : « Le silence n’a jamais été une option. » Ainsi, Thandiwe a toujours pris la parole et essayé de rompre le silence qui entourait les agressions sexuelles à Hollywood, notamment en racontant sa propre histoire, sa propre relation abusive avec John Duigan, qui a duré cinq ans.

Visage du féminisme et de l’anti-racisme, il convient de rendre à Thandiwe ce qui lui appartient et de ne plus, désormais, l’appeler Thandie.

À lire aussi : « Zola », ou comment un thread Twitter est devenu un film qui cartonne à Sundance


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Les Commentaires

4
Avatar de Nie-Nie
6 avril 2021 à 14h04
Nie-Nie
Article que j'ai lu avec un intérêt très, très personnel.
Je ne porte pas un prénom étranger mais mon vécu rejoint celui de Thandiwe Newton.
En fait, je porte le diminutif d'un prénom masculin, qui a été féminisé pour que cela passe à l'état civil. Donc mon prénom au lieu de finir par Y (comme la version longue et courte masculine), il a été féminisé avec la terminaison IE.
Mon prénom était porté par une grande réalisatrice, actrice française, elle-même fille d'une grande actrice.
Mais moi je ne viens pas de ce milieu. Je suis aussi loin du milieu de Thandiwe Newton et de son éducation stricte et bourgeoise (mais apparemment c'est de là que vient la stigmatisation de son prénom). Je ne vivais pas à Paris ou dans un quartier chic d'une ville de province ou dans une banlieue chic. Non...en très grande périphérie de la banlieue parisienne. Ces coins perdus au-delà de la zone 5. J'allais en collège et lycée perdus dans la pampa avec ramassage scolaire. Fille d'un couple de divorcés dont la mère bossait et bosse toujours beaucoup pour assurer dans son foyer, dans sa vie sur un plan socio-économique. Mais pas dans un emploi CSP +.

Or, j'ai vécu un évènement particulier et mon prénom est devenu très discriminant et très stigmatisant. Déjà avant cet évènement cela faisait tiquer on me demandait mon prénom complet. Bah non c'est bien.... J'avais un prénom de cas social donc mon comportement, ma famille etc...correspondaient à ce prénom de cas social. Et inversement. Je peux vous dire que c'est dur à supporter car mon prénom est certes original pour une Fille mais il est tellement moderne justement pour une Fille...enfin c'est ce qu'on pense dans ma famille mais pas chez les Autres, du moins chez certain.es. Qui elles/eux ont forcément les bons codes. Moi déjà avec un prénom de cas social ou considéré comme tel forcément j'étais mal barrée.

Aujourd'hui je suis plus grande, plus vieille, plus Femme que Fille est mon prénom est toujours vu de façon ambivalente. Pour les un.es il est à l'image d'où je viens et de mon niveau et milieu sociaux, pour les autres au contraire il est un atout, une sensation (dixit une collègue bon...un peu dans un autre monde mais sincère et vraie gentille).
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