Le verdict est tombé cette après-midi : la journaliste Sandra Muller, qui a initié le mouvement Balance ton porc en dénonçant les agissements du patron de la chaîne Equidia en 2017, vient d’être relaxée par la cour d’appel.
« Tu as de gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit. Éric Brion, ex-patron de Équidia. #balancetonporc ». C’est à ce tweet de Sandra Muller que l’on doit le fameux hashtag #BalanceTonPorc, devenu dès l’automne 2017 le symbole de la dénonciation des violences sexistes et sexuelles en France. En incitant les femmes à prendre la parole sur les agressions qu’elles subissent, elle a engendré une prise de parole sans précédent :
« Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails d’un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends. »
Condamnée en première instance pour diffamation
En septembre 2019,
la journaliste a été condamnée pour diffamation et a du verser 15.000 euros de dommages et intérêts à l’homme qu’elle accuse de harcèlement sexuel. La justice a en effet estimé que le harcèlement n’était pas caractérisé, puisqu’il n’y a pas eu répétitions des propos tenus par Éric Brion.
La justice a aussi décrété que la journaliste « a manqué de prudence dans son tweet, notamment en employant des termes virulents tels que “porc” pour qualifier le demandeur, l’assimilant dans ce contexte à Harvey Weinstein, et “balance”, indiquant qu’il doit être dénoncé et en le nommant, précisant même ses anciennes fonctions, l’exposant ainsi à la réprobation sociale. » Sandra Muller a par la suite fait appel de cette décision de justice.
Une victoire pour les victimes
La journaliste Sandra Muller a fait part de son soulagement à l’annonce du verdict, qui est non seulement une victoire pour elle, mais aussi une victoire symbolique pour toutes les victimes :
Comment dénoncer les agissements des agresseurs, comment porter plainte, si l’on craint en tant que victime d’être poursuivie pour diffamation ? Cette relaxe de Sandra Muller est décisive dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle vient contrer l’idée que les victimes deviennent à leur tour des bourreaux dès qu’elles prononcent publiquement le nom de leurs agresseurs, qu’elles brisent des vies et des carrières dès lors qu’elles parlent de ce qu’elles ont subi.
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Les Commentaires
La condamner à la base parce qu'elle a employé le mot "harcèlement"...
Il aurait fallu faire un procès aux féministes parlant de "harcèlement de rue" et autres dans ce cas...
Quoi qu'en pensent les juges, le mot harcèlement a pris un sens plus large que la stricte définition légale, c'est un fait. Et rien dans ses tweets ne sous-entendait qu'elle accusait Brion d'attaques répétées contrairement à ce qu'il prétendait pour se poser en victime...
D'un point de vue purement légal, on pourrait maintenant qualifier les paroles de Brion "d'outrage sexiste", j'imagine ? Sauf que cette notion n'existait même pas quand elle a posté ses tweets, ce qui rend cette reproche de ne pas avoir pris en compte les définitions légales encore plus absurde... Et même encore actuellement, le mot "harcèlement" (de rue par exemple) est encore utilisé dans cette acception là. Et ça, aucun tribunal n'y peut rien en fait...