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L’actrice Sarah Grappin accuse le cinéaste Alain Corneau d’agression sexuelle et de viols alors qu'elle avait 16 ans // Source : Capture d'écran YouTube
Culture

L’actrice Sarah Grappin accuse le cinéaste Alain Corneau d’agression sexuelle et de viols alors qu’elle avait 16 ans

Sarah Grappin a décidé de prendre la parole dans « L’Obs » après les témoignages de Judith Godrèche et Vanessa Springora. Elle relate une relation « d’emprise » avec le réalisateur décédé en 2010.

« J’avais 16 ans et lui 52 ». L’actrice Sarah Grappin a dévoilé ce mardi 13 février dans L’Obs sa relation sous emprise avec le réalisateur Alain Corneau, qu’elle accuse de viols et agression sexuelle.

C’est en voyant les différentes prises de parole de Judith Godrèche que Sarah Grappin a elle aussi trouvé le courage de relater la relation d’emprise qui la liait à Alain Corneau, rencontré en 1994, qui est décédé en 2010.

« Tu n’es pas la seule à vivre ça, c’est arrivé à Judith Godrèche »

Leur relation débute en 1994, sur le tournage du film Le Nouveau Monde. Sarah Grappin avait 15 ans, tandis que Alain Corneau, lui, 52. À la fin du tournage, le réalisateur lui aurait pris la main, l’aurait attirée dans un coin et lui aurait demandé : « Est-ce que tu veux m’embrasser ? ».

C’est là qu’aurait débuté cette relation sous emprise. Si la jeune adolescente est émerveillée par la perspective d’intéresser un homme plus âgé, elle ne souhaite pas avoir de relations physiques avec lui. Ce à quoi Alain Corneau lui aurait rétorqué « Tu n’es pas la seule à vivre ça, c’est arrivé à Judith Godrèche ».

« Moi, je veux juste son regard sur moi », raconte-t-elle à L’Obs. Mais lui la traite comme sa petite-amie, l’embrasse dans la rue, l’emmène au restaurant.« J’avais l’impression d’être une adulte », explique-t-elle.

Plusieurs agressions sexuelles

Dans L’Obs, Sarah Grappin décrit également plusieurs agressions sexuelles, notamment pénétrations digitales non consenties, lorsque le réalisateur lui donnait rendez-vous chez lui ou en voiture, quand sa compagne de l’époque, Nadine Trintignant est absente.

« Très longtemps, j’ai été au-delà d’enjoliver, je me suis raconté une grande histoire d’amour pour survivre. Le travail des dernières années a été de sortir du déni », affirme-t-elle. Un déni dont elle est sortie en plusieurs étapes. D’abord, en 2003, après la mort de Marie Trintignant, belle-fille d’Alain Corneau : « Je visionne une interview d’Alain qui parle d’elle, de son rôle dans ‘Série noire’ [NDLR, qui est réalisé par Alain Corneau]et… J’ai une révélation. Son regard et le champ lexical qu’il utilise sont identiques à ceux de nos tête-à-tête au Wepler », affirme-t-elle.

Car dans ce film, Marie Trintignant joue le rôle d’une prostituée de 16 ans, qui entretient une relation avec Patrick Dewaere, lui aussi plus âgé : « Je comprends que la jeune actrice à la merci d’un homme plus vieux est sa ritournelle, ce qu’il veut filmer », poursuit Sarah Grappin.

Sarah Grappin a décidé de témoigner après la prise de parole de Judith Godrèche

Mais elle continue de se taire jusqu’à l’affaire Weinstein, en 2018, où elle décide de témoigner anonymement, de peur du backlash. Car à l’époque, dans le cinéma français, les victimes qui osent témoigner subissent une certaine violence.

Mais deux ans plus tard, en 2021, elle lit Le Consentement de Vanessa Springora sur sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff. Une nouvelle prise de conscience, puisqu’elle comprend que les mécanismes de la relation d’emprises entre Springora et Matzneff sont les mêmes qu’entre elle et Alain Corneau. Puis il y a quelques semaines, les différents témoignages de Judith Godrèche la poussent finalement à elle aussi parler.

Contactée par L’Obs, Nadine Trintignant balaye toutes les accusations : « Ces bêtises-là, j’en entends de tous les côtés, pas du tout sur Alain, mais sur plein de gens et je ne veux pas participer à tout ça. Tout ça est ridicule. Ce n’est pas contre vous, mais c’est contre la façon que les gens ont de dire n’importe quoi. Je n’ai pas envie qu’on dise n’importe quoi, surtout sur mon mari, qui est mort et ne peut plus se défendre. »


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