Qui n’a jamais stressé à l’approche de Noël ? Si les raisons peuvent être diverses, comme la peur d’être confronté à sa famille avec qui on ne partage pas les mêmes idées sur tout, la crainte de retomber dans une dynamique parent-enfant invivable ou encore celle de devoir mimer la joie en déballant une année de plus le sweat immettable offert par tante Linda comme tous les autres Noël, la to-do list qui ne désemplit jamais en cette période reste bel et bien pour bon nombre de femmes l’une des sources de stress les plus importantes.
Selon une étude IPSOS pour Qare parue en novembre dernier, 40% des femmes déclarent être carrément angoissées à l’approche des fêtes de fin d’année. 53% d’entre elles sont des mères de famille de 35 à 54 ans. Sans surprise, Noël ne fait donc qu’amplifier la charge mentale que les femmes subissent déjà quotidiennement le reste de l’année. Les hommes, eux, ne se sentiraient globalement pas concernés par le sujet, à 62%.
Les fêtes de fin d’année, l’apogée de la charge mentale
Margot est étudiante en cinéma. Mais si elle est actuellement en train de vivre une grande période de stress, ce n’est pas à cause de ses examens à venir. En réalité, c’est la période de Noël qui approche à grands pas qui la rend anxieuse :
« Je n’ai pas à me préparer à recevoir ma famille ou à préparer le repas, mais Noël reste tout de même une grande période de stress. Je dois penser aux cadeaux des uns et des autres, aider mes amis garçons qui n’ont jamais d’idées, les accompagner faire leurs propres courses, car ils disent ne pas savoir faire, les conseiller… Et je n’ai jamais le coeur à leur dire non, malheureusement. Quand je pense au jour-j, je vais aussi avoir la boule au ventre : je vais devoir aider à préparer, servir le repas, débarrasser la table… Car c’est ce que les filles polies doivent faire dans ma famille »
Un témoignage qui n’étonne pas Aurélia Schneider, psychiatre et autrice du livre La charge mentale des femmes… et celle des hommes. Elle nous rappelle que, bien que les deux genres soient exposés à une charge mentale, la répartition de celle-ci reste encore aujourd’hui très genrée. Ce qui expliquerait également que 62% des hommes interrogés lors de l’étude IPSOS citée plus haut ne se sentent pas concernée par la question de la charge mentale à Noël :
« Pour reprendre les bases, la charge mentale, c’est le fait de devoir penser à plusieurs choses en même temps. Par exemple, quand on est au travail, de devoir penser à plusieurs tâches en même temps, ou de devoir penser à la fois à son travail et aux courses à faire pour les enfants. Les hommes sont exposés à cette charge mentale, mais elle se cantonne généralement au travail, tandis qu’en ce qui concerne le foyer, la tâche incombe aux femmes. »
Accepter de déléguer afin de pouvoir souffler
Rien de nouveau sous le soleil, donc, ce qui ne veut pas dire pour autant que la situation est complètement figée. Véronique*, mariée et mère de famille, a décidé depuis 2 ans de ne plus organiser de grands festins pour Noël. Ce déclic, elle l’a eu au moment du Covid, où, par précaution, elle avait décidé de ne fêter Noël qu’avec son mari et sa fille :
« Ça a été une véritable révolution pour moi de voir qu’il était possible de passer un bon Noël en famille sans forcément mettre les petits plats dans les grands. Le repas était simple, la soirée aussi, mais tout le monde était content. Moi la première, qui n’ai pas eu à courir partout pour aller faire les courses de Noël, préparer le repas, faire le ménage… Depuis, nous ne fêtons Noël qu’à trois, et c’est bien mieux ainsi. »
Un témoignage inspirant donc, qui invite à questionner ses priorités sans pour autant sacrifier ces fêtes de fin d’année en famille.
Autre solution proposée par la psychiatre Aurélia Schneider, se faire violence et apprendre à déléguer pour pouvoir enfin souffler :
« L’astuce, c’est vraiment de s’attribuer une tâche à chacun, et se mettre en tête que la tâche doit être effectuée de A à Z par la personne qui en est en charge, sans avoir à penser aux autres tâches qu’on a déléguées. Ça peut paraître simple dit comme ça, mais je sais que de nombreuses femmes ont du mal à le faire. Pour ma part, j’ai appris à vraiment délégué en essayant de ne pas penser aux tâches qui ne me concernaient plus. Quand la personne avec qui je partage ma vie doit s’occuper de la vaisselle, ça passe par le remplissage jusqu’au rangement dans les placards, et je n’interviens à aucune étape du processus. Je laisse faire, même si j’ai peur que cela soit mal fait. »
Trouver des stratégies pour déculpabiliser
Problème avec cette astuce, c’est qu’on a vite fait de culpabiliser que les choses ne soient pas parfaites. Un problème de taille, surtout lorsqu’on a tendance à se comparer, mais qui peut très vite être éliminé, poursuit la psychiatre :
« À l’ère des réseaux sociaux, il est difficile de ne pas courir après la perfection : la meilleure soirée de Noël, la meilleure déco, le meilleur repas, la meilleure tenue… Même si on sait que ce que l’on voit sur les réseaux sociaux n’est pas la réalité, on a tendance à l’identifier comme tel. Je conseille donc de parler à des amies, celles qui sont de confiance et dont on ne craint pas le jugement, et de voir comment chacune s’organise. Ainsi, on réalise rapidement que chacun fait comme il peut : une telle fera l’impasse sur la déco et le ménage, tandis que l’autre se contentera d’amuse-bouche surgelés pour le réveillon. Remettre les choses en perspective aide à relâcher la pression, et partager ce genre d’informations avec des proches est la meilleure technique pour se soulager »
Des conseils qui peuvent être utiles, bien qu’une fois de plus, se décharger de ce poids est une tâche qui incombe bien trop souvent exclusivement aux femmes.
S’il est répandu, donc, d’éprouver beaucoup de stress à cette période, ressentir une forte charge mentale à l’approche de Noël n’est pas une fatalité en soi : avec beaucoup de progrès sur la charge mentale et un peu d’aménagement stratégique, on peut réussir à s’alléger d’un poids, aussi petit soit-il.
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*Le prénom a été changé
Crédit de l’image à la Une : Unsplash
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Les Commentaires
Eh bien terminé. La dernière fois, j'ai fini les vacances de Noël sur les rotules. Je n'ai pas du tout profité des fêtes, j'étais complètement épuisée.
Avec ma mère, on a fini par se dire "mais pourquoi on s'inflige ça?" et quand on s'est rendu compte que la réponse était "pour rien" ça été stop.