On a beau être au XXIème siècle, l’homosexualité continue plus que jamais de faire débat dans la société. Stéréotypes banalisés, écarts de salaire entre homosexuels et hétérosexuels… Un refus de trancher la question du mariage entre personnes du même sexe par le Conseil Constitutionnel, des politiques craintifs qui n’osent pas se mouiller (faudrait pas perdre de l’électorat)… Mais je ne suis pas là pour parler du mariage, non, je veux parler d’un truc pire qui ferait transpirer le Pape : l’homoparentalité.
A ce stade, on peut identifier plusieurs configurations familiales (A. Ducousso-Lacaze, R. Scelles, 2006) :
- une recomposition familiale avec une personne du même sexe après une union hétérosexuelle
- une adoption par un parent homosexuel (seul ou en couple)
- un couple de même sexe ayant eu recours à l’insémination artificielle ou à une mère porteuse
- une co-parentalité (deux individus homosexuels de sexe différent, seuls ou en couples, ont un enfant dont la garde est partagée entre les deux foyers).
Étude sur les relations parents-enfants lors d’une recomposition familiale
Penchons-nous donc sur un travail à propos de la première option. Une étude exploratoire française datant de 2005 (O. Vecho, B. Schneider et C. Zaouche-Gaudron) s’est intéressée au développement d’enfants placés dans un contexte familial marqué par des représentations sociales peu favorables (disons-le clairement : négatives).
Les chercheurs ont interrogé 20 enfants de 6 à 16 ans nés d’une union hétérosexuelle et dont l’un des parents biologiques vit aujourd’hui en couple homosexuel. Les enfants vivent au sein de cette recomposition familiale, que ce soit à temps partiel ou complet.Le recueil des données se fait par passation de sombres échelles et questionnaires concoctés par les psychologues ainsi que des entretiens semi-directifs, tout cela ayant pour but d’interroger la relation parent-enfant et la qualité de l’environnement social. Du fait du nombre limité des personnes rencontrées, les résultats de l’étude ne pourront pas être généralisés, mais donnent une première ébauche, des premiers constats. Par ailleurs, il est nécessaire de noter que la récence de la séparation des parents biologiques a une influence certaine sur les réponses de chacun des membres de la famille.
Ce que les résultats de l’étude nous montrent
D’une part,
la qualité des relations entre les couples homoparentaux et les enfants est tout à fait satisfaisante. La relation entre parent biologique et enfant est évaluée plus positivement que la relation parent non biologique – enfant (c’est-à-dire : la relation entre l’enfant et son parent est jugée plus positive que la relation entre l’enfant et le nouveau conjoint de son parent), mais n’est-ce pas le cas dans toute recomposition familiale ?
Lors d’une recomposition familiale hétérosexuelle, les enfants perçoivent le parent non biologique comme une menace qui viendrait tenter de se substituer au parent biologique (c’est-à-dire : le nouveau conjoint serait perçu comme un substitut de leur parent), et la relation entre parent non biologique et enfant paraît ainsi plus problématique.
A l’inverse, pour une recomposition familiale homosexuelle, le nouveau conjoint n’est pas le rival du parent biologique et peut en ce sens faire sa place plus sereinement auprès de l’enfant.
D’autre part, l’environnement a une importance non négligeable dans la relation enfant-parent : par exemple, le lien entre l’enfant et le parent non biologique sera meilleur si ce dernier a des contacts fréquents avec des proches de l’enfant, ce qui signifierait a priori que la situation est acceptée par l’entourage de l’enfant… Une acceptation qui facilite par ailleurs la construction de la nouvelle identité familiale.
Finalement, l’environnement social, l’entourage proche et moins proche, par ses réactions, jugements, marquages, ne pourrait-il pas avoir une plus grande influence sur l’enfant que le simple fait de vivre aux côtés d’un couple homosexuel ? Pourquoi l’idée de l’homoparentalité effraie tant certains d’entre nous ? Qu’y a-t-il de si insupportable ?
Voilà, pour paraphraser le film, The kids are alright et je me demande s’il ne serait pas temps que l’on se pose la question : et si la sexualité n’était qu’un continuum sur lequel nous déplacerions le curseur selon nos périodes de vie ?
Pour aller plus loin
- Une revue « Dialogue » (2006) consacré au sujet
- L’article retraçant les travaux de Vecho, Schneider et Zaouche-Gaudron
- La thèse de François Courtray « Normes sociales, droit et homosexualité
- Et pour répondre à la question initialement posée, voici de possibles éléments de réponse dans une tribune sur LeMonde.fr de Xavier Lacroix, théologien, intitulée « Homoparentalité : les statistiques ne disent pas tout »et la réponse qui lui est adressée par Olivier Morin et Olivier Mascaro, respectivement philosophe et psychologue.
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Les Commentaires
Personnellement, je ne suis ni pour ni contre l'homoparentalité. Je ne suis pas sûre que ce soit très mauvais pour l'enfant d'avoir deux parents du même sexe, enfin dans l'idée, je vois pas trop où est le problème bien que ce ne doit pas être facile d'expliquer à un enfant pourquoi il a deux parents du même sexe et non pas une mère et un père comme tous ses amis. Par contre au niveau du regard des autres, c'est plus difficile. Je parle en connaissance de cause. Mon père est décédé 13 jours avant mes 7 ans, autrement dit pile quand je passais en CP. Et à partir du moment où les gens on appris que mon père été décédé, tout à changer. Peu importe qui je pouvais être, du moment que je n'étais pas comme les autres, que je n'avais pas deux parents, j'étais qu'une merde. Tout le monde me rejetait et ça a été comme ça jusqu'à ce que j'arrive en 4 ème (et là encore on se foutait de ma gueule). Alors je pense que deux parents du même sexe, ce doit être très difficile à vivre aussi. Mais ça, personne n'est forcé de le savoir.
Par contre y'a juste un truc que je trouve assez bisard. Une amie lesbienne, a demandé au frère de sa copine de faire l'amour avec elle afin que l'enfant soit également de la même famille que sa copine et que l'enfant ressemble donc aux deux parentés. J'ai trouvé ça assez... Glauque.