François Descraques est réalisateur, scénariste et comédien, et son nom est plus particulièrement associé aux web-séries Le Visiteur du Futur et Dead Landes.
Il y a fort à parier que son nom soit désormais rattaché à 3ème droite, un compte Twitter de sa création et d’un genre particulier.
3ème droite, le feuilleton romanesque sur Twitter
Le roman-feuilleton est apparu dans les journaux du 19ème siècle et a permis à des auteurs illustres comme Balzac ou Dumas de constituer leur fidèle lectorat, d’œuvrer pour acquérir leurs lettres de noblesse, et surtout de vivre de leur plume.
Avec 3ème droite, nous voilà confronté•es à un genre novateur : le roman-tweets. Et si Twitter était la nouvelle interface pour réinventer la fiction ?
Si certains comptes Twitter sèment le doute sur la véracité des propos développés en threads (comme cette histoire d’appartement hanté par un enfant fantôme), rares sont ceux qui affirment dès le départ qu’il s’agit de pure fiction.
François Descraques se pose donc comme l’un des premiers à annoncer un projet romanesque sur Twitter.
Comme il l’explique sur le blog French Nerd, ses chapitres vont prendre la forme de threads. Dans un style enlevé, oral, qui laisse planer le doute pour le badaud sur le fait que cela soit vrai ou non, François Descraques distille son intrigue, petit à petit, tweet par tweet.
Pourquoi Twitter pose de nouvelles questions sur l’écriture ?
Les médias, les réseaux sociaux, notre consommation d’information et de culture, sont des thématiques que l’on retrouve au cœur de la littérature aujourd’hui.
Les romans intègrent ces marques du quotidien : les personnages contemporains à notre époque évoquent leur statut Facebook, leurs tweets, leur visionnage (ou création
) de chaîne YouTube.
Et si tout cela n’était dès lors plus des mentions, mais des intermédiaires, des supports ? Les réseaux sociaux ne sont-ils pas de nouveaux moyens de trouver des lecteurs ?
En reprenant le modèle finalement très traditionnel du feuilleton, François Descraques pose de nouvelles questions sur l’écriture de la fiction, et notre propre consommation littéraire. Et son initiative devient d’autant plus passionnante !
L’écriture romanesque à repenser
Avec sa démarche, François Descraques interroge l’écriture, sa forme, sa réception.
Dans un premier temps se pose la question de la concision, qui est une esthétique qui demande beaucoup d’habileté aux romanciers (il est très dur de dire beaucoup avec peu de mots, essayez, vous verrez), et qui se voit ici imposée par l’interface aux caractères limités qu’est Twitter.
Écrire une fiction à travers des tweets peut paraître simple (voire futile), et pourtant, la limitation des caractères impose un style percutant, vif, direct. Il nécessite de trouver le bon mot, avec la contrainte supplémentaire qu’il doit pouvoir rentrer dans le message !
D’où ce style très oral, auquel on adhère ou non, mais qui participe à l’illusion romanesque — à l’impression que tout est vrai.
Puis, en lien avec la concision, il y a aussi le travail du rythme à prendre en compte. Chaque tweet est une entité à part entière dans 3ème droite, un peu comme dans une bande dessinée où il faut prendre en compte dans sa narration le passage d’une case à l’autre.
Dans ce cas précis, les tweets sont tout autant de petites saynètes, fugaces, qui construisent un univers et une intrigue. Et c’est d’ailleurs d’autant plus intéressant que Twitter est une interface avec laquelle on peut interagir !
Quel auteur peut se targuer d’avoir un retour immédiat sur ses écrits, sur la réussite de sa phrase, de son rebondissement ?
Il y a d’un côté celles et ceux qui foncent droit dans le mur du premier degré — et quelle joie ce doit être de constater que sa fiction est crédible ! C’est un retour plus compliqué à avoir sur les forums de jeunes auteurs ou auprès des éditeurs…
https://twitter.com/CheshireChild_/status/905078827612766208
De l’autre côté, il y a ces tweets, qui fonctionnent un peu mieux que les autres en termes de likes.
Twitter apparaît comme un outil précieux pour jouer entre le réel et la fiction, et même pour interroger la place que le réel prend dans la fiction — pour que l’on y croit, pour que l’on adhère au récit, pour qu’on attende la suite avec plus ou moins d’impatience.
C’est aussi le moyen de connaître ce qu’aiment les gens, ce à quoi ils sont sensibles, réceptifs, et quelles sont leurs interprétations, leurs attentes.
Cela permet tout autant de progresser en tant qu’auteur, de rendre son récit plus efficace pour son lectorat enclin à la critique… tout comme cela peut participer à déjouer les attentes dont il aura fait la mention dans ses réponses !
Et toi, que penses-tu des publications de fiction sur les réseaux sociaux ?
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