Comment expliquer aux enfants à quoi ressemblent leurs parties génitales ?

Depuis mardi 28 mars, une polémique enfle sur la toile et les réseaux sociaux, ayant pour sujet un livre pour enfants écrit par Michel Cymes — animateur du Magazine de la santé et médecin — et publié aux Éditions Clochette.

Intitulé Quand ça va, quand ça va pas, l’ouvrage se veut éducatif et s’adresse aux enfants en bas âge pour expliquer comment leur corps fonctionne.

Seulement, il y a un hic et pas des moindres : au moment de parler des organes sexuels, la différence de traitement entre « le zizi » et « la zézette » a de quoi surprendre, comme l’exprime la page Facebook The Nasty Uterus.

Une discrimination genrée dans un livre pour enfants ?

Non seulement une plus grande attention est portée au pénis (le texte est plus long et plus complet) mais il est aussi reproché à l’auteur d’entretenir le flou sur la vulve et le vagin, dont le traitement est très incomplet.

Illustrations issues du post Facebook de The Nasty Uterus

Michel Cymes et son éditrice ont déjà réagi à la polémique, comme le résume Buzzfeed, et ceux-ci ne voient pas le problème. Voici la réponse que Maureen Dor, éditrice à la tête des Éditions Clochette, a formulé :

« Je trouve ça complètement stupide, parce que je suis tellement féministe, je n’aurais pas laissé passer quelque chose de sexiste. Je trouve ça complètement déplacé qu’on parle du clitoris à une enfant de 5 ans.

C’est un livre qui répond aux soucis des enfants. Or une petite fille n’a pas de souci d’ovaires ou vis-à-vis de son utérus. Maintenant, on parle plus de l’organe du petit garçon, c’est parce qu’il est extérieur. »

Sans remettre en question les bonnes intentions de Maureen Dor et de Michel Cymes, on peut comprendre que représenter l’appareil génital féminin comme un goulet pour le pipi, c’est assez réducteur.

D’autant que les enfants pourraient ensuite penser que le pipi s’écoule par le vagin, puisqu’après tout, le « trou » le plus évident se situe à cet endroit !

Comment (mieux) parler d’anatomie aux enfants ?

À la rédac, on a imaginé à quoi aurait pu ressembler cette description, si elle avait été plus complète.

Sous le dessin, vous trouverez un texte inspiré de celui qu’on trouve dans l’ouvrage de Michel Cymes, qui décrit notamment des petits problèmes courants pouvant survenir au niveau des parties génitales.

Et voici ce que ça donne (avec une illustration de la mirifique Léa Castor, graphiste chez madmoiZelle) !

« La zézette est aussi appelée vulve par les adultes. Au niveau de la vulve, il y a deux grandes lèvres, un peu comme au niveau de la bouche.

Cachée derrière les lèvres, il y a une petite boule qui dépasse en haut, et deux trous, un petit et un grand.

La petite boule s’appelle un clitoris, elle est sensible au toucher et parfois elle peut grossir un peu. C’est normal, cela prouve qu’on est en bonne santé.

Le petit trou est relié à la vessie, qui est la poche contenant le pipi. Le pipi passe dans un tuyau (l’urètre) et sort par le petit trou.

Au fond du grand trou, on trouve l’appareil reproducteur : c’est lui qui sert à faire des bébés. C’est aussi par là que sortent les règles, quand on grandit. Les règles, c’est un peu de sang qui coule chaque mois, pendant quelques jours. Ce n’est pas grave, et c’est normal.

Chez certains animaux, la hyène par exemple, le clitoris est très long, et ressemble à un pénis.

Ça me brûle quand je fais pipi : tu as peut-être une infection urinaire appelée cystite. Ça arrive plus souvent qu’on ne le pense (1 fille sur 2 en a au moins une fois dans sa vie).

Ma zézette est rouge et elle me fait mal : peut-être que tu ne t’essuies pas bien après avoir fait pipi, ou que tu te laves avec un savon irritant. Quand tu fais pipi ou caca, il faut d’abord bien essuyer la zézette puis les fesses. Si tu le fais dans l’autre sens, ta zézette peut te gratter ou te faire mal après un moment.

Que fait le docteur : en cas d’irritation, le docteur va donner une pommade apaisante. En cas d’infection urinaire, le docteur va faire des analyses et donner un médicament. »

Parler simplement d’anatomie aux enfants, c’est aussi leur permettre un rapport plus sain à leur corps en grandissant. On s’y met ?

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