Les élèves français seraient des « champions de la laïcité » !
C’est l’avis de la sociologue Nathalie Mons, suite à la sortie de l’étude du Centre national d’études des systèmes scolaires (Cnesco) intitulée « laïcité et religion au sein de l’école et dans la société » le 29 janvier 2020.
La chercheuse, interrogée par Le Monde, donne ce point de vue après avoir comparé les résultats de l’enquête avec d’autres études similaires étrangères.
L’enquête a été menée auprès de 16 000 collégiens et lycéens, de 3e et de terminale.
La laïcité, une valeur très importante pour les élèves français
Environ 90% des collégiens et lycéens interrogés considèrent qu’il est important, voire très important, qu’ils soient tolérants entre eux même s’ils n’ont pas les mêmes croyances.
Les trois quarts pensent qu’il est important de pouvoir exprimer leurs croyances (ou non croyance) en classe tant qu’ils respectent l’opinion des autres.
Sur un plan plus large que l’école, les quatre cinquièmes des élèves considèrent que la neutralité et l’indépendance de l’Etat vis-à-vis des religions favorisent la démocratie.
La majorité des élèves sont attachés au fait que la religion ne soit pas visible dans l’espace scolaire, conformément à la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école publique.
Cette dernière stipule que le port de signes ou tenues par lequel les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.
Un ou une élève peut donc porter une croix chrétienne, un croissant musulman ou une étoile juive, mais pas une grande croix portée sur les vêtements, une kippa ou un voile.
La laïcité, c’est quoi ?
Selon le site du gouvernement
, la laïcité peut se définir ainsi :
« La laïcité garantit la liberté de conscience.
De celle-ci découle la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l’ordre public.
La laïcité implique la neutralité de l’Etat et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction. »
Il s’agit donc d’une garantie de pouvoir assurer ses convictions, que l’on soit croyant ou non croyant, tout en respectant l’ordre public.
Cependant, de nombreux débats existent sur ce qu’est la laïcité. Plusieurs visions cohabitent.
Par exemple, une vision de la laïcité « fermée » qui s’attache à la stricte neutralité religieuse dans l’espace public face à une vision « ouverte » de la laïcité qui souhaite permettre l’expression de tous les signes d’appartenance religieuse dans l’espace public.
Tu peux en savoir plus en lisant cet article très complet du Monde.
Une étude qui intervient dans un contexte de débats sur la laïcité
L’étude du Cnesco est publiée dans un contexte où des inquiétudes et des débats sur la laïcité agitent le monde enseignant et politique.
En effet, un débat sur le voile a eu lieu en octobre 2019 à cause d’une affiche de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves) représentant une femme voilée. L’affiche indiquait :
« Oui, je vais en sortie scolaire, et alors ?
La laïcité, c’est accueillir à l’école tous les parents sans exception. »
Le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, avait alors considéré que cette affiche était une « erreur » et le débat était allé jusqu’à l’Assemblée Nationale :
Selon un article du Monde, certains enseignants disent faire face à des « atteintes à le laïcité » à la cantine, à la piscine ou lors de sorties scolaires.
Certains trimestres, des chiffres de l’éducation nationale font état de milliers d’« atteintes à la laïcité » en milieu scolaire.
Une étude qui rassure quant à la laïcité des élèves français
Cette étude montre que malgré les inquiétudes de l’éducation nationale et les débats sensibles sur la laïcité, les élèves continuent de croire en cette valeur.
Dans ce contexte, la sociologue Nathalie Mons considère que l’étude du Cnesco est rassurante et vient tempérer ces inquiétudes :
« Au regard des études internationales dont nous disposons, les jeunes Français nous apparaissent comme plus attachés à la neutralité religieuse de l’Etat que les jeunes Anglais, ou que leurs camarades suédois ou néerlandais. »
Selon elle, les chiffres de l’éducation nationale sur les atteintes à la laïcité sont réels mais ne concernent que 200 ou 300 établissements de l’enseignement professionnel ou de l’éducation prioritaire.
Le Cnesco, quant à lui, avance que seuls 2 % des principaux de collège et 1 % des proviseurs de lycée déclarent avoir rencontré des problèmes importants pour des motifs religieux.
Cette enquête est une bonne nouvelle pour la laïcité qui est si souvent débattue, et parfois considérée comme « menacée » par certains politiques.
Les jeunes Français tiennent en tout cas à cette valeur et sont en faveur d’une école où les croyances ou non croyances de chacun et chacune sont respectées.
À lire aussi : La religion, l’adolescence, et moi
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Pour la question sécurité/liberté de culte, en fait c'est pas une question où le ressenti perso doit prévaloir, justement, dans le sens où la liberté de religion ça fait partie des droits de l'homme .
Donc c'est pas un truc que tout le monde peut évaluer en fonction de son ressenti ou de son vécu.
C'est socialement considéré comme essentiel, et ça au niveau mondial.